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Déclin du monde agricole wallon - Constat.

  • Session : 2005-2006
  • Année : 2005
  • N° : 65 (2005-2006) 1

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  • Question écrite du 27/12/2005
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme


    L'Observatoire du CREPA à Ath a remis, au mois d'octobre 2005, un rapport concernant la situation de l'agriculture en Hainaut. Ainsi, en dix ans, près de la moitié des agriculteurs auraient disparu et les prévisions pour les dix années à venir sont très pessimistes. On pourrait ainsi passer de près de 9.000 agriculteurs recensés au début des années 1990 à moins de 1.500 en 2015 pour la province de Hainaut.

    La taille des exploitations serait actuellement de 61,96 hectares.

    Monsieur le Ministre estime-t-il que cette taille est suffisante pour assurer la viabilité d'une exploitation agricole aujourd'hui en Région wallonne ?

    Les exploitations du Hainaut seraient essentiellement orientées vers le lait et le sucre.

    Pour l'ensemble de la Région wallonne, Monsieur le Ministre dresse-t-il le même constat fait par le CREPA d'Ath concernant la situation de l'agriculture ? Quelles sont les mesures que Monsieur le Ministre entend adopter dans les prochains mois en vue d'enrayer le lent déclin de l'agriculture et des exploitations agricoles ?

  • Réponse du 20/01/2006
    • de LUTGEN Benoît

    On constate, en effet, qu'au cours du temps, le nombre des exploitations agricoles diminue. Ce processus est observé depuis des décennies et dans toute l'Union européenne.

    Des exploitations disparaissent du fait de leur marginalisation. Puisque la marge par unité de production diminue en termes réels, la viabilité d'une exploitation passe par l'accroissement de sa production. Si elle n'y parvient pas, elle se marginalise et l'exploitant ne trouve pas de successeur.

    Le taux annuel de variation (T.A.V.) du nombre d'exploitations en Région wallonne est de -3,5 % l'an sur la période allant de 1990 à 2004. A ce rythme, le nombre des exploitations agricoles diminuerait de moitié tous les 20 ans.

    Pour la province de Hainaut, où le nombre des exploitations passe de 8.521 en 1990 à 5.354 en 2004 (dont 1.400 à temps partiel), le taux annuel de variation calculé s'élève à -3,26 %, soit légèrement inférieur à celui de la Région wallonne. Si ce taux devait se maintenir à cette valeur, il resterait en 2015 environ 3.700 exploitations hennuyères. Leur taille moyenne serait alors de 60 hectares.

    La diminution du nombre d'exploitations agricoles a en effet pour conséquence (et pour cause) un agrandissement de la taille moyenne des exploitations qui restent en activité.

    C'est ainsi que la taille moyenne des exploitations hennuyères passe de 26 hectares en 1990 à près de 41 hectares en 2004 (et non 61,96 hectares comme l'honorable Membre le rapporte - ce chiffre est sans doute celui de la superficie moyenne des exploitations qui font appel à la comptabilité du CREPA).

    Cette dernière superficie est-elle suffisante pour assurer la viabilité de l'exploitation ?

    Ce n'est qu'une moyenne qui cache la réalité. La moitié des exploitations de la province du Hainaut ont une superficie agricole utilisée inférieure à 32,20 hectares et 25 % ont une taille inférieure à 10,64 hectares. Enfin, 25 % des exploitations ont une superficie supérieure à 59 hectares.

    Une étude du Centre d'économie agricole (CEA), effectuée en 2002 dans le cadre de la loi sur le bail à ferme, estimait la superficie minimale (celle qui assure le revenu comparable à 1,5 unité de travail) de l'exploitation hennuyère moyenne de la région limoneuse à 48 hectares sur la base des exercices comptables 1998-2000.

    Sur cette base, et en arrondissant cette superficie « minimale » à 50 hectares, 32 % des exploitations dégagent un revenu supérieur ou égal au revenu comparable. Mais est-ce un gage pour la viabilité de l'exploitation ?

    Ce type d'exploitation sera probablement susceptible d'être repris par un successeur, s'il existe. En Hainaut, seulement 22 % des exploitants âgés de plus de 50 ans ont un successeur déclaré, 41 % n'ont pas de successeur et 37 % ne savent pas.

    Bien entendu, la diminution du nombre des exploitations agricoles n'est pas nécessairement un indicateur du déclin de l'agriculture, dès lors qu'elle fournit toujours autant, sinon plus qu'avant, des produits en quantité et d'excellente qualité.

    Enrayer le déclin du nombre des exploitations est une tâche difficile et de longue haleine. En priorité, il faut réduire le taux annuel de disparition des exploitations.

    Pour ce faire, il faut revaloriser le métier auprès des jeunes susceptibles de prendre la succession de leurs parents en favorisant, en tout premier lieu, la formation professionnelle.

    Les aides à l'installation accordées par la Région wallonne sont soumises à un minimum de formation.

    Je veux aussi avec l'administration mettre en place, dans les sept bureaux de proximité, un service d'encadrement qui aidera le jeune à construire son projet, à évaluer avec plus de précisions l'exploitation qu'il compte reprendre et son potentiel économique.

    Il faut maintenir en activité les petites structures via le développement des productions locales (du terroir) qui accroissent la valeur ajoutée de la matière première. Pour ce faire, dans le cadre du FIDER en zone franche rurale, une aide sera accordée pour la création d'ateliers partagés répondant aux normes sanitaires.

    A travers un soutien à la recherche agronomique et au développement, je veux encourager l'innovation et le développement des nouvelles technologies. Des cultures oubliées peuvent être revalorisées car elles répondent à des besoins nouveaux en matériaux biodégradables ou recyclables.

    Ces actions sont à mener tant au niveau européen qu'au niveau des Régions. La bonne application du plan de développement rural et l'utilisation judicieuse des moyens dégagés par le Plan Marshall sont des atouts que le Gouvernement wallon ne manquera pas d'utiliser.