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La disparition des hérissons

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2018
  • N° : 132 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 20/12/2018
    • de KILIC Serdar
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    Charmant petit rongeur, le hérisson fait partie intégrante de nos jardins et forêts, mais hélas, le nombre de spécimens diminue d’année en année. Le constat est alarmant : près de 70 % de la population a disparu en 20 ans.

    Certains prédisent l’extinction de l’espèce d’ici 30 ans ! Si l'on n’y prête pas garde rapidement, cet animal ne deviendra plus qu’un souvenir.

    Or, derrière son aspect sympathique, c’est un redoutable chasseur de limaces, chenilles, coléoptères et d’autres encore. Il est donc un excellent régulateur de la biodiversité et de son équilibre.

    Si la première cause de mortalité reste la traversée des routes - il se déplace la nuit et donc est peu ou pas visible pour les automobilistes -, les pesticides en sont la deuxième. Non seulement ceux utilisés pour l’agriculture, mais également ceux que l’on retrouve dans nos jardins et potagers pour chasser limaces et escargots.

    Face à ce constat inquiétant, quelles conclusions en tire Monsieur le Ministre ?

    Quelles solutions ou pistes envisage-t-il pour éviter que disparaissent purement et simplement ces bien utiles mammifères insectivores ?
  • Réponse du 15/01/2019
    • de COLLIN René
    Le hérisson est effectivement un insectivore très efficace de nos campagnes, souvent considéré à ce titre comme le précieux auxiliaire du jardinier. Cependant, rien ne nous permet d’affirmer que l’espèce va disparaître à court terme en Wallonie. En revanche, ce que l’on peut dire, c’est qu’une érosion de la biodiversité est en cours, et que des espèces ordinaires, comme le hérisson, sont concernées.

    D’un point de vue légal, le hérisson est repris à l'annexe 3 de la Convention de Berne qui garantit le maintien de l'existence de ces populations hors de danger. Cette espèce est également mentionnée dans l’annexe 3 du décret du 6 décembre 2001 modifiant la Loi du 12 juillet 1973 de la Conservation de la Nature qui indique que cette espèce est partiellement protégée.

    Dans un rapport datant de 2016, l'Union internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN), attribue au hérisson un statut de « préoccupation mineure » au sein de la liste rouge des espèces menacées de disparition. Cela signifie qu’à l’échelle de son aire de répartition, l’espèce est encore commune et répandue et qu’elle ne présente pas un déclin marqué, en tout cas au cours des dernières années.

    À l’échelle wallonne, le hérisson reste une espèce abondante dans la région limoneuse notamment. Sa population est naturellement moins dense dans les habitats forestiers du sud de la Région, mais les spécialistes constatent néanmoins une nouvelle progression de l’espèce en Ardenne après un déclin marqué depuis le début des années 2000.

    L’habitat privilégié du hérisson consiste en milieux ouverts avec un maillage écologique élevé composé de végétation arbustive basse, telle que les lisières des bois, les haies ou les prairies buissonneuses.

    La modification de nos paysages a réduit le nombre de zones refuges pour le hérisson. Il est clair que l’amélioration du statut du hérisson passe par une restauration générale du potentiel d’accueil de la vie sauvage sur l’ensemble du territoire et en particulier dans les milieux ouverts.

    La restauration du maillage écologique à l’échelle régionale est au centre de mes préoccupations, raison pour laquelle j’ai récemment initié la mise en place d’Ateliers de la Biodiversité dont l’objectif est d’aboutir à une meilleure définition des enjeux à relever en faveur de la nature et de sa protection à long terme. Toutes les mesures prises dans ce sens (subventions à la plantation de haies et d’arbres, mesures agri-environnementales, gestion différenciée des espaces verts, cimetières et jardins, limitation de l’usage des herbicides et pesticides…) ne peuvent qu’être favorables au hérisson.

    Pour conclure, la plus belle initiative supportée par la Wallonie en faveur de cette espèce est sans conteste le financement d’un réseau de CREAVES (Centre de Revalidation des Espèces Animales Vivant à l’État Sauvage). À titre d’exemple, entre 2015 et 2017, ce sont non moins de 970 hérissons juvéniles et adultes qui ont été recueillis et soignés par ces CREAVES.