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Les émissions d'ammoniac

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2018
  • N° : 346 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 31/12/2018
    • de STOFFELS Edmund
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings
    Des chercheurs de l’ULB ont identifié plus de 200 sources importantes d’ammoniac à travers le monde. Parmi ces 200 sources, deux tiers n’avaient jamais été répertoriés avant.

    Le NH3 est un composé chimique émis par les déjections des animaux et les engrais azotés utilisés pour la fertilisation des cultures. Son dépôt excessif en milieu naturel peut conduire à l’acidification et à l’eutrophisation des milieux. Il peut également se recombiner dans l’atmosphère avec des oxydes d’azote et de soufre et ainsi former des particules fines (PM 2,5).

    C’est ainsi que l’on peut constater au début du printemps, lors des périodes d’épandage de fertilisants et d’effluents d’élevage, des pics de particules fines dues à la présence importante d’ammoniac.

    Les chercheurs du service de chimie quantique et photophysique de l’ULB ont dressé une cartographie à très haute résolution de l’ammoniac atmosphérique. Toutes sont liées à des activités industrielles, principalement de production de fertilisants synthétiques et à l’agriculture intensive.

    Si une telle cartographie existe à très haute résolution, je suppose qu’il est possible de nous dresser l’image des émissions pour la Région wallonne ?

    Monsieur le Ministre peut-il donc nous indiquer quelles sont les principales sources et les principales zones d’émission d’ammoniac ?

    Puis-je lui demander aussi de nous quantifier les volumes d’ammoniac émis dans l’atmosphère ?

    Est-il également possible de faire un lien du genre santé-environnement entre les émissions mesurées et les pathologies observées ?
  • Réponse du 21/01/2019
    • de DI ANTONIO Carlo
    La carte satellite fournie par cette étude de l’ULB montre que les émissions en Wallonie sont nettement moins importantes que celles de la Flandre ou des Pays-Bas, constat qui est cohérent avec celui des inventaires d’émission. Il faut rappeler que cette étude a été effectuée au niveau mondial et pointe en particulier de nouvelles sources identifiées en divers endroits de la planète.

    Ceci étant, les émissions d’ammoniac en Belgique sont soumises à des objectifs de réduction dans le cadre de la nouvelle directive NEC : -13 % en 2030 par rapport à 2005. Des réflexions sont menées, en concertation avec des experts du secteur pour mettre en place des mesures efficaces en agriculture.

    Un des premiers résultats de ces réflexions est la mise à jour de la méthodologie de calculs des émissions d’ammoniac. En effet, grâce à l’apport des experts wallons, mais aussi, en collaboration avec des homologues français, la précision des inventaires a été améliorée. De nouvelles données ont pu être intégrées dans les calculs pour prendre en compte les efforts réalisés par les agriculteurs, à savoir, l’obligation d’enfouir le fumier dans les 24h, le recours à du matériel d'épandage de lisier plus précis et l’équipement de certains bâtiments avec des systèmes d’abattement des émissions chez les élevages intensifs de porcins. Ces mesures n’avaient pas été prises en compte l’année passée dans le registre européen E-PRTR, amenant à la conclusion erronée que les élevages wallons étaient les plus polluants de Belgique. Un complément d’information avait bien été demandé auprès des collègues flamands pour vérifier également ces chiffres. Des différences de méthodologie de comptabilisation des émissions expliquaient une part de ces écarts.

    Il faut rappeler que le cheptel porcin wallon représente de l’ordre de 6 % du cheptel national et 15 % pour l’aviculture. Les exploitations wallonnes sont en outre bien plus liées au sol avec un modèle d’agriculture bien différent que celui de nos voisins du nord du pays. Notre région est plus axée sur l’élevage bovin qui n’est pas repris dans le registre européen E-PRTR, car ce dernier ne concerne que les porcins et volailles.

    Concernant les mesures envisagées, elles sont en cours de discussion et portent sur l’ensemble des postes émetteurs d’ammoniac : bâtiments, gestion et épandage des effluents, fertilisation minérale, avec naturellement une attention particulière sur les élevages industriels.

    Dans le cadre des permis, les émissions d’ammoniac, mais aussi les nuisances olfactives auprès des riverains sont prises en compte pour préparer les conditions particulières. La révision des permis des grandes exploitations a débuté, dans le cadre de la Directive IED relative aux émissions industrielles, qui impose la mise en œuvre des Meilleures Techniques Disponibles (MTD) pour prévenir ou limiter les nuisances environnementales potentiellement générées par l’élevage intensif de volailles ou de porcs.

    Au niveau des mesures de l’ammoniac dans l’air ambiant, les concentrations de dix ions, dont le nitrate et l’ammonium, sont mesurées dans les précipitations au niveau des 9 stations du réseau Pluies Acides. Ces données sont disponibles sur le site www.airquality.issep.be. En outre, une campagne de mesures du NH3 a été réalisée par l’ISSEP entre juin 2016 et juillet 2017 et couvrait 25 points de mesures répartis en Wallonie.

    D’autre part, un projet d’étude est en cours de discussion pour améliorer l’estimation des émissions d’ammoniac en lien avec les activités agricoles. Les résultats de cette campagne de mesures devraient nous donner une meilleure appréciation des quantités d’ammoniac émises, à quelle distance et à quel moment. Ce projet est envisagé pour une durée de 3 ans.

    Au niveau de ses effets sanitaires, l’ammoniac est un gaz irritant pouvant être incriminé dans l’apparition de certaines maladies telles que l’asthme, les bronchites chroniques, la fibrose pulmonaire, les affections des voies aériennes supérieures, etc.