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Le coût environnemental des livraisons à domicile

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 352 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 07/01/2019
    • de STOFFELS Edmund
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings
    Lorsqu’il s’agit de faire appel à l’e-commerce, le consommateur apprécie son confort. Selon une enquête de la fédération du commerce et de la grande distribution, les trois raisons majeures pour lesquelles on achète sur Internet, c’est le gain de temps, la livraison à domicile et les prix moins chers.

    Cela pose toutefois des questions en matière de mobilité respectueuse de l’environnement, que ce soit sur le plan des émissions CO² (nuisible au climat) ou sur le plan de la qualité de l’air (émissions de particules fines, des NOx ou des O³. En effet, si la livraison ne peut avoir lieu au vu de l’absence du client lorsque le livreur se présente, un colis peut nécessiter plusieurs déplacements avant d’arriver au client. Ou avec quel véhicule est-ce que la livraison sera faite : véhicule essence ou diesel, norme Euro IV,V ou VI ?
    La gratuité du renvoi encourage en plus ce comportement - de quoi doubler l’empreinte carbone d’un colis. Ce sera davantage le cas si le client habite en zone rurale (trajets plus longs) en cas de livraison manquée.

    Une fois adopté le projet de décret relatif à la lutte contre la pollution atmosphérique liée à la circulation des véhicules, est-ce qu’il permettra à Monsieur le Ministre d’adopter, à travers l'arrêté du Gouvernement wallon de mise en œuvre dudit décret, des mesures efficaces pour répondre aux défis esquissés ?
  • Réponse du 24/01/2019
    • de DI ANTONIO Carlo
    L’e-commerce connaît une extension importante dans le monde et en Belgique. Selon le baromètre de l’e-commerce, les Belges ont effectué pour 5,8 milliards d’euros d’achats en ligne en 2017 soit une hausse de près de 17 % par rapport à 2016. En Wallonie, 54 % des citoyens effectuent des achats en ligne.

    Différentes études comparatives portant sur les effets environnementaux de l’e-commerce versus commerce traditionnel (en boutique) ont été publiées. Ainsi, une étude néerlandaise, réalisée en 2017, a comparé la consommation d’énergie de l’e-commerce par rapport aux canaux commerciaux conventionnels et une de ses conclusions est que la consommation totale d’énergie du transport est plus élevée dans les chaînes d’approvisionnement classiques, car l’énergie supplémentaire dans le transport de passagers l’emporte généralement sur l’énergie accrue dans le transport de marchandises dans l’e-commerce. Une étude ADEME réalisée en 2016 analyse les résultats de différentes études portant sur les impacts environnementaux de l’e-commerce versus commerce traditionnel. Il en ressort que :
    - l’e-commerce permet une réduction des impacts environnementaux sur une majorité d’indicateurs ;
    - le mode d’acheminement final du bien peut quasiment faire varier du simple au double le bilan environnemental du e-commerce.

    L’ADEME souligne des limites des différentes études analysées, dont notamment le manque de robustesse méthodologique, le fait que les effets rebonds liés à l’e-commerce, notamment les achats supplémentaires qu’il induit ne soient pas considérés, ou encore la difficulté d’allouer les impacts de la livraison entre différents colis.

    Cependant, même si ces études tendent à relativiser l’impact du transport dans le modèle de l’e-commerce, on ne peut ignorer le coût environnemental du dernier kilomètre de livraison, surtout dans les villes, qui tend à alourdir le bilan carbone, mais aussi contribue à la congestion et à la dégradation de la qualité de l’air. Pour limiter cet impact, les sociétés de logistique proposent de plus en plus un réseau étendu de points relais et consignes Pickup ou utilisent en zone urbaine des moyens de transport alternatifs comme des triporteurs électriques.

    Les commandes en ligne avec retours gratuits tendent aussi à alourdir le bilan carbone du transport dans le modèle e-commerce, surtout en cas d’usage abusif de cette option. Il est donc important de sensibiliser les Wallons à cet égard, et de la sorte, influencer la façon dont ils ont recours à ce mode d’achat.

    Concernant le décret relatif à la lutte contre la pollution atmosphérique liée à la circulation des véhicules, il va imposer aux sociétés de livraison d’utiliser, dans les zones de basses émissions qui vont progressivement voir le jour, des véhicules correspondant à des normes d’émission de plus en plus strictes. Les véhicules de livraison les plus polluants vont donc y être progressivement interdits. C’est particulièrement important au regard de la problématique des émissions liées aux derniers kilomètres parcourus par ces marchandises.