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La géothermie

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 99 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 09/01/2019
    • de STOFFELS Edmund
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget, des Finances, de l'Energie, du Climat et des Aéroports
    Depuis une trentaine d’années, une centrale géothermique est en exploitation à Saint-Ghislain dans le Hainaut, où plusieurs puits de 1 500 à 2 500 m de profondeur ont été forés. Elle utilise l’eau souterraine (à 73 °C) pour chauffer plusieurs bâtiments publics. Récemment une deuxième centrale de ce type a été inaugurée à Ghlin. Ce projet de l’Idea permettra d’alimenter en chauffage les entreprises implantées dans le zoning « Géothermia » situé en bordure du centre-ville de Mons.

    Il y a six ans, une campagne d’investigation géophysique a également été réalisée dans le Hainaut afin de confirmer le potentiel d’une couche de roches calcaires abritant un aquifère avec une eau pouvant atteindre une température de 120 °C à 150 °C aux alentours de 5 000 m de profondeur. L’idée était d’exploiter ce potentiel pour produire de l’électricité, mais le projet n’a pas abouti. 

    La géothermie aurait les capacités de provoquer une petite révolution dans les habitudes de consommation énergétique des ménages. L’objectif est de la rendre accessible au plus grand nombre.

    Quelles sont donc les stratégies du Gouvernement wallon en matière de géothermie ?

    Est-ce une filière qui doit être mieux explorée que jusqu’à présent ?

    Présente sous nos pieds, cette source d’énergie locale est inépuisable, constamment disponible et à température constante. Elle est renouvelable et propre. L’investissement initial pour un système géothermique est certes supérieur aux systèmes de chauffage et de refroidissement classiques, mais il est compensé par des coûts d’exploitation réduits et une durée de vie d’environ 50 ans.

    On a beaucoup parlé de la géothermie dans le cadre des pompes à chaleurs d’un certain type. Monsieur le Ministre pourrait-il demander une expertise aux universités wallonnes sur la question ? Quel serait le potentiel géothermique notamment pour des installations collectives de plus grande capacité ?

    En fournissant un apport énergétique de base, la géothermie peut-elle devenir un réel composant du mix énergétique ?
  • Réponse du 01/02/2019
    • de CRUCKE Jean-Luc
    Concernant le cadre légal, le 6 décembre dernier, le Gouvernement wallon a adopté le Code du sous-sol en première lecture et le jeudi 17 janvier 2019, il a adopté en première lecture un projet de décret instaurant un régime de garantie géothermique régionale.

    Dans le cadre du Fonds européen de développement régional 2014-2020, deux projets de recherche ont été accordés à l’Intercommunale IDEA sur le développement de la géothermie profonde :
    - Geotherwall Doublet 1 : Le projet consiste en la mise en œuvre d'un réseau de chaleur alimenté au départ d'un doublet géothermique. La puissance minimale de la centrale géothermique est de 7 MW et la quantité de chaleur distribuée annuellement via les conduites calorifugées pourrait atteindre 10,5 à 14 GWh : budget alloué de 14 343 954 euros ;
    - Projet MORE-GEO : Modèle de gestion de la ressource géothermique à l’échelle du réservoir géothermique des calcaires carbonifères sur le territoire du Cœur du Hainaut : budget alloué de 1 734 736,10 euros.

    Une étude relative à la détermination du potentiel géothermique des anciennes mines désaffectées en Wallonie a été également lancée. L’objectif visé par cette étude est de montrer que les mines désaffectées disposent d’un potentiel géothermique suffisant pour être exploitées. Techniquement, l’eau de nos anciennes mines pourrait être utilisée pour répondre à nos besoins énergétiques futurs, non seulement pour chauffer des bâtiments (en utilisant les eaux souterraines profondes), mais aussi pour le refroidissement lorsque cela s’avère nécessaire. De même, cette initiative mettra en exergue les avantages d’une telle approche sur le plan de l’environnement et de l’emploi (exemple le projet Heerlen au Pays Bas-2005).

    À ce jour, il n’existe pas une énergie alternative qui conviendrait pour tous les besoins, mais plutôt un portefeuille d’énergies renouvelables. En Wallonie, les secteurs de la biomasse, du solaire et de l’éolien représentent la majorité des énergies renouvelables utilisées. La géothermie et en particulier la géothermie profonde ne représentent qu’une très faible partie de la production renouvelable. Or, la ressource existe et est idéalement située (axe Mons-Charleroi-Namur-Liège). Cependant, elle représente encore un surcoût nécessitant un soutien pour la rendre compétitive, en complément au dispositif de garantie visé par le décret précité. La géothermie profonde fait clairement partie des sources inscrites dans la feuille de route à l’horizon 2030 pour la production de chaleur, même si sa contribution restera encore faible aux côtés des autres sources renouvelables. La ressource existe, l’espoir est placé sur une baisse progressive des coûts de production, afin qu’elle puisse augmenter en puissance ultérieurement. Pour atteindre ses objectifs énergétiques à moyen et long terme, la Wallonie devra avoir recours à la géothermie profonde, pour la production de chaleur dans un premier temps. Nous avons également inscrit la concrétisation de deux projets pilotes de production d’électricité à l’horizon 2030. L’écart de coût de production par rapport aux autres technologies renouvelables reste plus significatif pour la production d’électricité.

    Il est à noter que par rapport à d’autres sources d’énergie, la géothermie profonde présente un grand nombre d’avantages :
    - énergie respectueuse de l’environnement ;
    - disponible jour et nuit ;
    - produit de la chaleur toute l’année ;
    - indépendante des conditions climatiques ;
    - provoque très peu de nuisances visuelles ou sonores ;
    - offre une grande quantité de chaleur qui permet des applications dans de nombreux domaines.

    Concernant les pompes à chaleur, nous devrons analyser avec l’administration l’opportunité de réaliser une étude quant à leur potentiel. Dans les objectifs 2030 en chaleur renouvelable, les pompes à chaleur (tous types confondus) doivent apporter une contribution significative. Parmi les différents types de pompes à chaleur, l’intérêt économique de chacun dépend de plusieurs paramètres dont notamment les caractéristiques du sol qui influent sur la capacité géothermique. Lorsque le surcoût de la technologie est compensé par une meilleure performance du système, la pompe à chaleur géothermique s’avérera plus pertinente, mais cela ne se vérifiera qu’au moyen d’une analyse du terrain.