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La paupérisation croissante et ses conséquences sur le report des soins de santé

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 111 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 16/01/2019
    • de KAPOMPOLE Joëlle
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative
    Plusieurs études récentes démontrent que la paupérisation de la population conduit certains citoyens à des comportements d’automédication et à un report de plus en plus fréquent de leurs soins de santé lié à leur impossibilité d’en assumer le coût.

    Face à ces constats alarmants, Madame la Ministre pourrait-elle préciser les projets mis en œuvre par le Gouvernement afin de lutter contre ce phénomène du report des soins, par exemple, dans le cadre du Plan de lutte contre la pauvreté ?

    Sachant par ailleurs que le public plus précarisé est difficilement atteint par les campagnes de promotion de la santé, quelles actions concrètes sont prises afin de toucher cette frange de la population ?

    Des mesures en vue de réduire les comportements d’automédication néfastes à la santé sont-elles menées ?

    Enfin, dans le cadre de l'accès à la première ligne de soins, comment peut-elle assurer un accès au plus grand nombre et spécifiquement au public en précarité ?

    Des concertations avec le niveau fédéral sont-elles menées en la matière ?
  • Réponse du 07/02/2019
    • de GREOLI Alda
    Malheureusement, la thématique des inégalités de santé n’est pas neuve. Les études récentes que l’honorable membre mentionne ne font que rappeler que le niveau socio-économique est un déterminant majeur de la santé dans toutes ces composantes.

    La garantie de l’accessibilité des publics précaires aux dispositifs de médecine préventive est particulièrement importante. Le Plan wallon de promotion et prévention de la santé a été adopté par le Gouvernement fin de l’année dernière. Il mentionne clairement l’importance de tenir compte des inégalités dans toutes les actions de prévention et de promotion de la santé. L’AViQ par exemple travaille actuellement avec le centre de dépistage du cancer pour favoriser la participation des publics les plus vulnérables au dépistage organisé, gratuit, des cancers du sein et du colon. Une campagne audiovisuelle est aussi en préparation sur le sujet. Elle sera conçue de façon à avoir un impact sur l’ensemble de la population.

    On peut aussi mettre en évidence les mesures du Plan de lutte contre la pauvreté qui agissent concrètement sur l’accessibilité financière aux soins de santé.

    Une de celles-ci vise à favoriser la transparence et le contrôle des tarifs dans les structures de soins, d’accueil et d’hébergement. La réglementation fédérale relative au contrôle des prix a été transférée à l’AViQ, en particulier dans le secteur des maisons de repos. Les dispositions du Code wallon de l’action sociale et de la santé relatives à l’aide aux aînés ont été adaptées. Le projet de décret portant modification du Livre V relatif à l’aide aux aînés du Code wallon de l’action sociale et de la santé est actuellement en cours de discussion au Parlement.

    Une autre mesure consiste à soutenir l’installation de médecins généralistes dans les zones en pénurie. Le traitement des dossiers Impulseo suit son cours, depuis l’adoption, le 20 juillet 2017, de l’arrêté du Gouvernement wallon modifiant l’arrêté royal du 23 mars 2012. Le fait de recevoir un soutien de ce type incite davantage le médecin généraliste à s’installer en zone en pénurie.

    Le soutien et le développement des maisons médicales, associations de santé intégrées ou ASI, participent de la même dynamique d’augmentation de l’accès à la première ligne de soins. Fin 2018, 78 ASI étaient agréées en Wallonie et quatre se sont déjà ajoutées en 2019.
    La liste des nouvelles maisons médicales créées sera mise en ligne sur luttepauvrete.wallonie.be, avec une distinction des ASI au forfait ou non.

    Concernant l’automédication, le découpage institutionnel est à souligner. En effet, la prévention des usages néfastes de médicament est une compétence exclusive du fédéral. Au niveau des compétences régionales, je soutiens en Wallonie une série de projets qui visent à promouvoir la littératie en santé, c’est-à-dire « la capacité des individus à repérer, comprendre, évaluer et utiliser des informations utiles pour pouvoir fonctionner dans le domaine de la santé et agir en faveur de leur santé ». Cela passe par la diffusion d’une information objective et adaptée aux différents publics, y compris les professionnels. Il s’agit selon la thématique des sites d’informations de la SSMG, de Question santé ou encore celui de la fédération de planning. Je soutiens aussi des ASBL qui travaillent à l’insertion sociosanitaire de publics défavorisés, comme les relais santé pour les publics désaffiliés ou comme Modus vivendi pour les publics souffrant d’assuétudes.

    Il me reste à préciser que des concertations avec le Fédéral ont été nombreuses en matière de prévention. Le point sera fait sur cette collaboration lors de la prochaine et dernière conférence de santé interministérielle.