/

L'exploitation énergétique du grisou

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 112 (2018-2019) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 16/01/2019
    • de WAHL Jean-Paul
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget, des Finances, de l'Energie, du Climat et des Aéroports
    Nous avons récemment pu redécouvrir dans la presse que nos anciens charbonnages regorgeaient de grisou, également appelé gaz de mine, et qu’il était possible de l’exploiter à des fins énergétiques.

    Dans le nord de la France, depuis la fin des années 90, une société a rouvert un puits de mine et exploite, non pas son charbon, mais son grisou. Ce gaz est directement injecté dans les conduites de gaz de ville ou transformé en électricité.

    L’enjeu est donc de transformer une énergie négative en énergie positive.

    La centrale de la commune d'Avion, près de Lens en France, approvisionne l'équivalent de 20 000 foyers en gaz domestique et produit l’équivalent de trois éoliennes en électricité.

    L’exploitation du grisou serait une aubaine pour notre sécurité d’approvisionnement, car nous pourrions compter sur une ressource domestique. L’exploitation serait également positive en vue de la transition énergétique.

    D’après le directeur de la société, exploiter ce grisou est une bonne chose pour l’environnement puisqu’il est chargé en méthane, lui, 20 fois plus polluant que le dioxyde de carbone (CO2). Le brûler réduit donc de 20 fois sa nuisance environnementale.

    D’après l’article, deux centrales identiques devraient ouvrir prochainement à Anderlues. Des chercheurs de l’UMons estiment que le potentiel du sous-sol wallon est énorme et pourrait alimenter 400 000 foyers wallons.

    Monsieur le Ministre considère-t-il l’exploitation du grisou comme positive pour la transition énergétique ? A-t-il la volonté d’encourager l’exploitation de cette ressource ?

    Y a-t-il d’autres projets prévus à l’avenir ?
  • Réponse du 01/02/2019
    • de CRUCKE Jean-Luc
    L’honorable membre voudra bien trouver, ci-dessous, certaines informations susceptibles de préciser la situation.

    L’exploitation prévue par le permis octroyé à Anderlues récemment consiste à capter le grisou qui se libère naturellement dans les vides miniers au moyen d’un puits aménagé pour l’occasion lorsque ces vides servaient de réservoir de stockage de gaz naturel.

    L’étanchéité du réservoir avait été assurée en vue du stockage et est contrôlée régulièrement depuis l’arrêt des activités de stockage par l’Institut scientifique de service public. L’unité de production électrique devant valoriser le gaz de mine devrait avoir une puissance de 3 MW au niveau de deux sites et est prévue pour fonctionner en continu.

    Il est à noter que la production de cette électricité n’est pas considérée comme renouvelable le gaz de mine reste une énergie fossile. Par contre, si ce gaz est valorisé dans des unités de cogénération de qualité (c’est-à-dire à haute performance), nous pourrons alors le qualifier d’énergie verte au sens de la législation wallonne, et plus spécifiquement du mécanisme de certificats verts. Le bilan environnemental est par conséquent potentiellement intéressant. Par ailleurs, comme il le mentionne, le gaz se libère naturellement dans l’atmosphère sous forme de méthane. Or, le méthane est un puissant gaz à effet de serre. Le capter pour le valoriser en combustion a donc beaucoup de sens. Il y a donc un double bénéfice.

    Nous avons eu des contacts avec le porteur de projet et je devrais en principe moi-même être présent à l’inauguration officielle du site d’Anderlues en avril. Je crois en effet que l’exploitation de ce gaz a beaucoup de sens, en matière de décarbonation, mais également d’indépendance énergétique.

    Quant à savoir si un soutien est nécessaire, la question est évidemment complexe. À ce jour, il existe uniquement le mécanisme de CV. Un accès à des CV n’aurait de sens que si la performance de l’unité de cogénération est élevée. Dans la négative, il serait probablement préférable d’envisager d’évaluer l’exploitation du gaz directement, mais il reste d’importantes inconnues quant au coût effectif d’extraction. Nous restons à ce titre ouverts à la discussion avec le porteur de projet.

    Sachant que la société qui a reçu récemment le permis d’exploitation à Anderlues n’a pas encore commencé l’exploitation, il est évidemment prématuré de dire que l’exploitation du grisou est effectivement pertinente pour transition énergétique. Nous devrons donc mettre en place des procédures de suivi afin de valider les retombées et bénéfices attendus.

    À ce stade, la DGO3 nous informe qu’il n’y a aucune demande autre que celle d’Anderlues.