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La surpopulation de sangliers

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 157 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 16/01/2019
    • de STOFFELS Edmund
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    Suivant le Professeur Dr Josef Reichholf de l’Université de Munich, la chasse du sanglier a pour premier effet que les animaux survivants disposent de ressources plus abondantes pour se nourrir. Et les animaux qui survivent se reproduiront davantage au printemps suivant. Ces propos sont confirmés par une étude française (menée dans le Département Haute-Marne) parue au « journal of animal ecology (2009) » : la chasse a pour effet que le taux de reproduction est d’autant plus important, les femelles du troupeau devenant fertiles plus tôt et la structure sociale du troupeau étant souvent dérangée, voire même détruite. Il faut savoir que c’est la femelle la plus âgée qui mène le troupeau et qui, par synchronisation, «indique» à quel moment la fertilité des femelles aura lieu.
    Ces propos sont également confirmés par M. Kinzelbach, zoologue à Rostock, qui va jusqu’à dire que la question de la surpopulation de sangliers se règle mieux sans chasse.

    Vu que trois scientifiques s’expriment de la même façon, il me semble que la question mérite au moins d’être creusée.

    Est-ce que les équipes de Monsieur le Ministre sont au courant de ces études ?
    Dans l’affirmative, quels sont les enseignements que l’on doit en tirer pour réduire progressivement le nombre de sangliers ?

    Quelles sont les alternatives par rapport à la chasse ?
  • Réponse du 31/01/2019
    • de COLLIN René
    Il n’y a, à notre connaissance, aucune étude scientifique sérieuse qui met en évidence qu’une population de sangliers est soumise au phénomène de densité-dépendance, soit qu’elle souffre de sa propre densité de population. Si c’était le cas, il y aurait une forme d’autorégulation du nombre d’individus au sein d’une population, ce qui n’est pas observé.

    Par contre, une forte pression de chasse peut engendrer une participation plus précoce des jeunes femelles à la reproduction, avec une augmentation du taux d’accroissement de la population, en réponse à l’augmentation de la pression de chasse.

    Dans le contexte wallon et en l’absence de conditions hivernales rigoureuses, la chasse reste la principale cause de mortalité chez le sanglier. Même en présence de loups, la prédation exercée par la chasse est généralement supérieure.

    La dernière diminution de population en Wallonie remonte à l’hiver 2013, correspondant à une année aux conditions météo défavorables et à l’absence de fructifications. Ces conditions extrêmes, responsables d’un taux de mortalité élevé chez les jeunes sangliers, sont rencontrées de moins en moins souvent en Wallonie.

    La chasse récréative, telle que pratiquée depuis que le sanglier est considéré comme gibier, n’est en fait pas capable de contrôler à elle seule l’augmentation de la densité de sangliers, simplement parce que ce type de chasse est conservatoire. Une chasse qui aurait comme réel enjeu la diminution de la densité serait exercée de manière plus intensive, avec un effort de chasse supérieur et en ciblant indépendamment toutes les classes d’âge et de sexe.

    L’alternative à la chasse est… la chasse pratiquée différemment, sur une plus longue période et sans restriction en fonction de l’âge et du sexe. Il s’agit d’un changement d’attitude qui doit progressivement percoler au sein du monde de la chasse.

    Il n’est en effet pas possible d’agir significativement sur les ressources alimentaires, que l’on soit en forêt ou en zone agricole.