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Les accords avec le Mercosur

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 98 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 17/01/2019
    • de STOFFELS Edmund
    • à JEHOLET Pierre-Yves, Ministre de l'Economie, de l’Industrie, de la Recherche, de l’Innovation, du Numérique, de l’Emploi et de la Formation
    Selon les propos de Monsieur le Ministre repris dans le Soir du 3 décembre 2018, « La Wallonie redoute les effets de l’accord commercial en négociation entre l'Union européenne et les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) sur son industrie bovine, un secteur où ces pays sont particulièrement agressifs.
    On a toujours dit qu’il fallait un accord équilibré et tant qu’il ne sera pas jugé comme tel, on le bloquera. C’est complètement différent de l’épisode du CETA, ici cela aura des conséquences très importantes pour notre économie. »

    On ne l'a pas toujours entendu plaider pour un accord équilibré. /En quoi les relations économiques avec le Mercosur différencient-elles des relations couvertes par le CETA ?

    Notons qu’il s’agit d’une « fake news » de prétendre que la coalition PS-cdH ne voulait pas d’un CETA. Elle voulait un CETA équilibré, comme Monsieur le Ministre veut un accord commercial équilibré par rapport à l’industrie bovine, secteur particulièrement agressif du Mercosur.

    Quelles sont les démarches entreprises par la Région wallonne qui permettront, après un rééquilibrage des rapports commerciaux, de débloquer l’accord avec le Mercosur ?
  • Réponse du 08/02/2019
    • de JEHOLET Pierre-Yves
    La comparaison avec le CETA n’a pas lieu d’être : le Brésil et l’Argentine, deux puissances agroalimentaires de premier plan et les deux piliers du MERCOSUR, sont des géants à côté du Canada en ce qui concerne la production et les exportations agroalimentaires. Ces quelques statistiques suffiront à éclairer mon propos :
    * le Brésil est le 2e producteur mondial de viande bovine (derrière les États-Unis), avec près de 9 millions de tonnes en 2017. Il est aussi le 2e exportateur mondial en volume, avec 1,68 million de tonnes, juste derrière l’Inde ;
    * le MERCOSUR dans son ensemble exporte d’ores et déjà environ 185 000 tonnes de bœuf vers l’Europe (mais avec droits de douane) ;
    * une libéralisation de l’exportation du bœuf MERCOSUR vers l’Europe, compte tenu du potentiel exportateur des géants sud-américains et d’un coût de production de 30 % inférieur à celui constaté en Europe, serait très dommageable pour la production bovine européenne dans tous les États membres ;
    * le Canada exporte 380 000 tonnes de bœuf dont les trois quarts sont absorbés par les États-Unis ;

    De plus, le faible niveau de traçabilité et de fiabilité sanitaire observé en Argentine et plus encore au Brésil dans les secteurs de l’élevage, font courir, de l’avis majoritaire au sein des services de la Commission européenne, un risque sanitaire non négligeable. La Commission européenne a d’ailleurs fermement alerté le Brésil sur cette problématique en janvier 2018, au point de suspendre temporairement ses importations, à la suite d’une vague de scandales dans la filière bovine. Là aussi la comparaison avec le Canada dont les normes sanitaires et les systèmes de traçabilité dans les filières agroalimentaires sont du niveau européen, n’a guère lieu d’être.

    Je ne m’étendrai pas sur le commentaire politique de l'honorable membre concernant le CETA et les obstacles posés par l’exécutif régional précédent à la veille de sa signature. L’évolution récente de notre commerce extérieur et des investissements bilatéraux avec le Canada démontre que nous avions raison. En effet, depuis la signature du CETA, nos exportations ont été multipliées par 3 à destination du Canada, selon les dernières statistiques disponibles.

    De plus, notre plus important investisseur canadien, le Groupe McCain leader mondial des produits surgelés à base de pomme de terre, a confirmé le programme d’extension de son investissement dans sa filiale de production, la société Lutosa à Leuze-en-Hainaut, qui porte sur plus de 175 millions EUR avec à la clé la création d’une centaine d’emplois.

    Enfin, pour répondre à la dernière interrogation, nous ne sommes pas fermés à l’idée d’un accord UE-MERCOSUR qui avantagerait notre industrie manufacturière, notamment l’industrie pharmaceutique, à condition que notre secteur agricole ne soit pas considéré comme étant une variable d’ajustement.

    C’est pourquoi le Ministre-Président de la Région wallonne Willy Borsus a mis sur pied une task force consacrée au monitoring des accords commerciaux, dont le MERCOSUR, dont la mission est de suivre l’évolution de leur impact sur notre économie en collaboration avec la Délégation Wallonie-Bruxelles auprès de l’Union européenne et l’AWEx.