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Le modèle "Tubbe" de gestion des maisons de repos

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 118 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 17/01/2019
    • de DURENNE Véronique
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative
    Repas, activités, budget… Certaines maisons de repos proposent à leurs résidents d’être acteurs de leur séjour et de prendre des décisions afin de s’y sentir mieux. Cette manière de fonctionner puise son inspiration dans des maisons de repos et de soins (MRS) d’une commune rurale de l’ouest de la Suède, dans la région de Göteborg. Ce modèle organisationnel en quelque sorte renversé s’appelle le modèle « Tubbe ».

    Il est mis en œuvre à titre de projet pilote dans six MRS belges avec le soutien de la Fondation Roi Baudouin : trois en Wallonie et trois en Flandre.

    Afin d’évaluer l’impact de la mise en place du projet « Tubbe » sur les résidents et sur l’ensemble du personnel, des étudiants de la Haute École Robert Schuman ont rencontré les différents acteurs d’une de ces MRS. Dans le chef des résidents, par exemple, 60 % se disent complètement satisfaits. Alors que dans les rangs du personnel, un travailleur sur deux (50,7 %) estime que la qualité de son travail s’est améliorée. 4,2 % du personnel considère que sa situation s’est aggravée. Le taux d’absentéisme est passé de 4,11 % à 2,31 %.

    Un premier bilan devait être dressé pour la fin de l’année 2018.

    Madame la Ministre est-elle au courant du contenu de ce dernier ? Qu’en ressort-il ?

    Est-elle favorable à ce modèle de gestion ?

    Quels sont, selon elle, les limites, les avantages et les inconvénients de ce modèle ?
  • Réponse du 08/02/2019
    • de GREOLI Alda
    En 2017, sous l’impulsion de la Fondation Roi Baudouin, trois établissements d’accueil et d’hébergement pour aînés se sont portés volontaires en Wallonie pour mettre en place un nouveau modèle organisationnel inspiré d’une expérience suédoise : le « Tubbemodellen ». Ce modèle vise à repositionner le résident comme acteur principal de la maison de repos. Pour y parvenir, il est essentiel que le résident, quel que soit son état de santé, réalise des actions significatives ou porteuses de sens pour lui. Développer le sentiment d’utilité de chaque résident, ne pas agir ou décider à sa place, renforcer son appartenance à la communauté sont les principes fondamentaux de ce modèle.

    Un an et demi après sa mise en place - au Centre Sainte-Barbe à Andenne (secteur associatif), à la Résidence Régina à Moresnet (secteur public) et à la Reine des Près à Marche-en-Famenne (secteur privé) - une première évaluation a été rendue publique, le 21 novembre 2018, à l’occasion du colloque « le modèle Tubbe » organisé par l’AViQ. Objectif : présenter les résultats au regard des réalités belges et des contraintes propres au secteur.

    Comme l’a souligné l’honorable membre dans sa question, les premiers résultats démontrent que parmi les membres du personnel « 50,7 % estiment que la qualité de son travail s’est améliorée alors que seuls 4,2 % du personnel considère que sa situation s’est aggravée ». Comment expliquer ce résultat ? L’idée maîtresse de ce modèle est de mettre en valeur et de responsabiliser les professionnels de terrain. Chaque corps de métier a pu exprimer ses besoins et ses désirs de changement. Si chaque professionnel détient un savoir-faire particulier et doit le garder, il est aussi nécessaire de permettre aux membres du personnel de participer activement à la vie sociale de la maison de repos. « Agir au lieu de subir ! » Concrètement, les trois directions ont développé un modèle de gestion participative. Plusieurs comités, composés de résidents et de professionnels (tous les corps de métier sont représentés) ont ainsi vu le jour dans chaque MRS pilote : un comité de loisirs, un comité de soins, un comité RH, et cetera. Les directions ont aussi insisté sur l’importance d’accorder un budget de fonctionnement (ce budget n’est pas un coût supplémentaire, il s’agit d’une allocation au budget de fonctionnement annuel de la MRS). Ainsi, dans un établissement, un « comité aménagement de l’espace », composé de professionnels et de résidents, a décidé du réaménagement de l’espace de vie. Dans une autre MRS, le « comité de soins » a permis d’améliorer les pratiques au niveau des toilettes. Un « comité activités » s’attache, quant à lui, à proposer des animations mensuelles qui présentent un intérêt pour les résidents. Autre constat, ce modèle de responsabilisation des professionnels a permis aux directions d’alléger leur temps de travail jusqu’à 30 %. Les directions soulignent aussi une baisse significative des congés maladie, ce qui démontre une amélioration de la qualité de vie des professionnels. Les normes en termes d’encadrement du personnel sont quant à elles restées les mêmes. Ce modèle organisationnel ne nécessite donc pas plus de personnel.

    Enfin le « Tubbemodellen » s’adapte tout à fait à son milieu. Deux MRS qui accueillent uniquement des personnes qui présentent des troubles cognitifs majeurs développent sans le savoir ce modèle participatif. Par exemple, lors du recrutement d’un nouveau membre du personnel, un résident est toujours présent et prépare sa/ses questions avec ou sans l’aide d’un membre du personnel.

    En conclusion, ce modèle nécessite que l’histoire de vie du résident soit connue et partagée par les membres du personnel et que les besoins des résidents soient questionnés tous les trois mois. Les réunions pluridisciplinaires permettent la circulation de l’information tout en valorisant chaque corps de métier.