/

La pénurie de médecins

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 124 (2018-2019) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 18/01/2019
    • de PUGET André-Pierre
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative
    Un médecin de la Province de Luxembourg confiait récemment qu’il n’en pouvait plus de travailler de 7 h à 22 h en plus d’être de garde un week-end sur deux. Il ne voit aucun jeune qui vient s’installer dans sa région et craint que ses patients doivent faire d’ici 10 ans entre 30 et 40 km pour être soignés.

    Dans la région du centre, des praticiens ne trouvent pas non plus de remplaçant durant leurs congés. La plupart des médecins sont contraints de mettre un terme aux consultations libres et n’acceptent plus que sur rendez-vous.

    Ce ressenti global est confirmé par les statistiques.

    En effet, selon l’AViQ, plus d’une commune sur deux en Wallonie fait face à une pénurie de médecins généralistes. Cela représente 144 communes. À en croire les praticiens interrogés, la situation va aller crescendo avec les années.

    D’après Thierry Van der Schueren, Secrétaire général de la Société Scientifique de Médecine générale, la médecine généraliste n’est pas perçue comme un choix prestigieux et les jeunes souhaitent une vie personnelle épanouissante avec des horaires de 8 h à 18 h.

    À cela s’ajoute la complexité croissante du métier avec davantage de patients souffrant de maladies chroniques et des patients plus exigeants.

    L’âge moyen de nos médecins étant de plus en plus élevé, la situation ne risque pas de s’arranger, car ils ne seront pas tous remplacés par des jeunes. C’est surtout le cas en milieu rural.

    Le problème devient de plus en plus récurrent et il est temps de réagir.

    Qu’est-il envisagé pour remédier à cet état de fait qui, s’il ne trouve pas de solution, risque de gangréner toute l’infrastructure des soins de santé ?
  • Réponse du 08/02/2019
    • de GREOLI Alda
    Le cadastre réalisé par l’AViQ confirme en effet que le problème de pénurie de médecins généralistes est important en Wallonie. Cette pénurie touche toutes les provinces. À ce constat, il faut ajouter l’aggravation du phénomène, en Wallonie, due au vieillissement de la population des médecins. En 2016, 13 % des médecins actifs en Wallonie avaient plus de 65 ans.

    Au niveau des compétences wallonnes, l’honorable membre le sait, un ensemble de mesures a déjà été pris pour inciter de nouveaux médecins à venir s’installer dans les communes en pénurie :
    - le maintien des primes à l’installation dans les zones en pénurie et l’augmentation de la prime dans les zones en pénurie grave : En 2017, 62 primes Impulseo ont été accordées à de jeunes médecins généralistes. Pour 2019, le budget a donc été augmenté afin de renforcer la mesure ;
    - le soutien dans les charges salariales de l’employé administratif du médecin et dans les frais de télé secrétariat, c’est-à-dire les Impulseo II ou III : 1 098 médecins ont introduit une demande de subside Impulseo II/III (hors maisons médicales) ;
    - la recherche de solution pour soutenir la collaboration entre médecins et infirmiers généralistes, la recherche CoMInG : ce projet n’est pas dédié directement à faciliter l’implantation de médecins en zone de pénurie, mais il répond à une demande des praticiens pour éviter le surmenage grâce à une meilleure collaboration entre les professionnels de soins ;
    - le soutien pour la pratique de groupes multidisciplinaires en maison médicale. En 2019, quatre nouvelles ASI ont été agréées. De plus, 19 ASI au total ont été sélectionnées pour recevoir une intervention FEADER afin de réaliser leur projet d’investissement en infrastructure et en équipement.

    Globalement, l’évolution de l’offre médicale en Wallonie est suivie par la mise à jour du cadastre wallon réalisé depuis 2016 par l’AViQ. En 2016, 3 467 médecins généralistes actifs étaient recensés. En 2017, ils étaient 3 460.

    Malgré ces mesures, force est de constater que la pénurie de médecins généralistes est toujours une réalité en Région wallonne. C’est bien l’Autorité fédérale qui définit le quota de médecins et d’accès à la profession. Je défends toujours la même position, qu’il s’agisse du Fédéral ou du régional, à savoir celle de dépasser les conflits communautaires dans l’intérêt des patients et de la qualité de nos soins de santé, et de travailler avec les acteurs de terrain pour concrétiser des solutions. J’ai interpellé le Fédéral sur sa volonté de contingenter les numéros INAMI. Ce contingentement ne tient pas compte des besoins de terrain, mais est uniquement évalué sur base théorique.

    Nous collaborons également avec la Fédération Wallonie-Bruxelles sur ce dossier. C’est elle qui est effectivement responsable des sous-quotas. Mes collaborateurs suivent également de très près les travaux de la Commission de planification du SPF Santé publique. Les négociations se poursuivent donc avec le Fédéral et les entités fédérées avec l’objectif de trouver une solution constructive pour la Wallonie.