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Le "carsharing"

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 434 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 23/01/2019
    • de KILIC Serdar
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings
    Le « carsharing » a visiblement le vent en poupe. À titre d’exemple ciblé, le précurseur et leader du marché, la société CAMBIO, a enregistré, entre 2017 et 2018, une augmentation de 12 % des trajets effectués par les utilisateurs de ce système. Ce ne sont pas moins de 1 300 véhicules que cette société propose pour un marché évalué à quelque 35 000 usagers.

    Vu l’expansion de cette offre de service, il est bon de faire le point aujourd’hui.

    Quelques questions se posent. Si la disponibilité de ces véhicules partagés ne pose pas de problème en ville, qu’en est-il pour les milieux ruraux ?

    Un avantage avancé par les exploitants est l’impact environnemental positif, compte tenu de la diminution des véhicules circulant en ville. Est-ce bien la réalité ? Cela apporte-t-il effectivement ces bienfaits en matière de mobilité ?

    Les premiers à utiliser ce système sont les plus jeunes conducteurs. Si cet autopartage est réellement utile, que pourrait proposer Monsieur le Ministre comme pistes afin de toucher toutes les couches de conducteurs ?
  • Réponse du 13/02/2019
    • de DI ANTONIO Carlo
    Le partage de la voiture est une étape cruciale vers l’adoption d’un nouveau modèle de mobilité. C’est l’une des étapes parmi les plus difficiles à franchir.
     
    C’est un acte qui doit être valorisé et encouragé, car il constitue la clé du changement de comportement. En outre, à titre d’exemple, le taux d’occupation actuel des voitures partagées en Wallonie est égal à 2,3 (Cambio), alors qu’il n’est que de 1,3 pour la voiture non partagée. De même, les utilisateurs optimisent plus encore leur mobilité, ce qui se traduit par une baisse du nombre et de la distance des déplacements en voiture (partagée).

    Actuellement, une voiture partagée en Wallonie remplace 13,25 voitures privées, soit 12 emplacements de parking libérés.

    En outre, les études montrent que l'on observe un important transfert modal de la voiture vers d’autres modes de transport pour les utilisateurs de voitures partagées, par rapport aux propriétaires de voitures individuelles. Pour les utilisateurs de voitures partagées, l'utilisation de la voiture devient une décision consciente/rationnelle qui complète l’utilisation des transports publics et des autres modes de transport.

    Actuellement, les voitures partagées ne sont disponibles que dans les plus grandes villes wallonnes. La croissance est plus lente qu’en Flandre ou à Bruxelles : 20 000 clients en Flandre contre 2 253 en Wallonie (pour Cambio). L’une des raisons est la disponibilité de l’offre, elle-même liée à la rentabilité du système. Pour une voiture, il faut en théorie 30 ménages à 800 mètres. Ainsi, dans les régions peu denses où l’habitude n’est pas encore prise, l’installation de stations est risquée pour un acteur privé, alors que le potentiel est pourtant parfois présent.

    L’accroissement de l’usage de la voiture partagée constitue la clé pour atteindre les objectifs de transfert modal de FAST 2030, c’est pourquoi des orientations très claires sont décrites dans la Stratégie régionale de mobilité pour les années qui viennent.

    Les pouvoirs publics ont un rôle majeur à jouer pour enclencher les habitudes de partage. Il faut donc prévoir l’accès à une voiture au sein de l’offre accessible au public. Alors qu’hier, le public ne subventionnait que le bus et le train, aujourd’hui le public doit intervenir pour enclencher le déploiement de la voiture partagée sur l’ensemble du territoire en commençant par les grandes villes. Deux pistes seront étudiées pour cela : la mutualisation de flottes publiques des administrations communales ou autres (Hasselt, par exemple, va financer 12 voitures dédiées à la commune de 8 h à 16 h et le reste des horaires sera dévolu à la flotte publique), la garantie d’un revenu minimal pour l’opérateur par les pouvoirs publics (Intervention publique dans le déficit des opérateurs pour accélérer le déploiement de cette offre).

    En parallèle, plusieurs opérations pilote d’autopartage entre particuliers dans des zones périurbaines, voire rurales (voitures partagées entre voisins), entre entreprises d’une même zone d’activité seront menées. Toutes les actions visant à accroître l’attractivité du covoiturage seront étendues à la voiture partagée. 

    Il sera également conseillé aux villes d’envisager la gratuité de stationnement pour les voitures partagées ou au minimum de leur dédier des places à un tarif préférentiel. On veillera à l’intégration de la voiture partagée dans le budget mobilité (aux P-B : 43 % des employés ont opté pour le budget mobilité). L’obligation de prévoir du "carsharing" dans les nouveaux logements doit être progressivement instaurée. On recherchera des solutions pour permettre aux jeunes de s’exercer via la filière libre sur des voitures partagées en vue d’obtenir le permis de conduire. Cet axe est nécessaire pour enclencher la modification du modèle. Enfin, avant l’échéance de 2030, il sera nécessaire d’initier des expériences pilotes en lien avec le partage de véhicules autonomes par les citoyens et les travailleurs.

    L’accroissement de l’offre de voiture partagée en vue d’atteindre le ratio de 1 voiture pour 100 habitants dans les grandes villes en 2030, soit 9 000 véhicules à l’aube de 2030 est l’objectif poursuivi. Il pourra être revu à la lumière des études plus fines qui seront menées une fois le dispositif de monitoring mis en place.