/

La mise sur le marché d'électricité produite par Colruyt

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 132 (2018-2019) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 04/02/2019
    • de STOFFELS Edmund
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget, des Finances, de l'Energie, du Climat et des Aéroports
    Le groupe Colruyt vient d’obtenir en Wallonie une licence de fourniture d’électricité qui lui permet de vendre de l’électricité aux particuliers et aux entreprises. Le groupe produisait déjà de l’électricité renouvelable.

    C’est l’enseigne Dats24 qui est une filiale de Colruyt qui a obtenu de la CWAPE une licence générale de fourniture d’électricité.

    Dats24 développe déjà son réseau de bornes de recharge pour véhicules électriques, pour ces dernières elle n’avait pas besoin de licence.

    Attention si Colruyt arrive sur le marché de fourniture d’électricité, ce ne sera pas pour faire de la figuration. Et si Dats24 arrive sur le marché résidentiel avec la même politique de prix que les autres enseignes du groupe Colruyt, il risque d’y avoir une révolution sur le marché.

    Je trouve que le modèle est suffisamment intéressant que pour être développé davantage. C’est une stratégie qui peut encourager des entreprises à investir dans une surcapacité de production énergétique, quitte à soit la rémunérer, soit permettre qu’elle soit vendue en direct.

    Dans quelle mesure le Gouvernement wallon permettra ladite vente en direct ?

    Dans quelle mesure le Gouvernement wallon mettra en œuvre une stratégie de micro-grids ?
  • Réponse du 19/02/2019
    • de CRUCKE Jean-Luc
    On parle de « révolution » en évoquant la place du groupe Colruyt dans la fourniture d’électricité. Je serais prudent, même si on connait la force de frappe du groupe. En effet, l’actualité de ces dernières semaines nous a montré combien il est difficile de survivre en tant que fournisseur d’électricité avec une politique de prix agressive. L’enjeu d’un fournisseur est de pouvoir assurer l’équilibre de son portefeuille. À tout moment, il doit être capable de fournir l’électricité à ses clients, qu’il produise son électricité lui-même ou doive l’acheter. Si un acteur disposant d’un parc renouvelable variable important peut livrer ces volumes à ses clients (en les ayant éventuellement achetés au préalable à d’autres clients), il n’en reste pas moins qu’il devra boucler son équilibre en achetant le solde sur le marché et dépendra donc d’autres outils et d’autres acteurs.

    Par contre, Colruyt pourrait prendre de l’avance sur le déploiement des réseaux alternatifs et notamment de l’autoconsommation collective et virtuelle.

    Le Gouvernement n’aura pas attendu le « Clean Energy Package » pour proposer un cadre décrétal accompagnant la transition énergétique. Il est néanmoins intéressant de souligner que le nouveau cadre européen met à disposition un éventail d’outils permettant de guider les États vers un nouveau modèle énergétique où l’autoconsommation individuelle et collective auront une place importante à jouer.

    Pour ce qui est de l’actualité wallonne, bien évidemment, c’est la réforme visant à poser un cadre décrétal et réglementaire entourant les réseaux dits « alternatifs » qui constitue une première étape essentielle de la stratégie de développement des micro-grids.

    Cette réforme a plusieurs vertus et notamment celle d’être exhaustive. Quatre volets y sont traités à savoir l’actualisation du cadre décrétal et réglementaire relatif aux lignes directes d’électricité, l’établissement d’un cadre réglementaire encadrant l’installation de conduites directes de gaz, la définition d’un dispositif réglementaire encadrant les réseaux fermés professionnels et surtout la mise en place d’un cadre décrétal favorisant l’émergence de communautés d’énergie renouvelable.

    Alors que les réseaux fermés professionnels continueront d’être considérés comme d’une exception au réseau public, autorisés pour des raisons de technique ou de sécurité, le régime des lignes et conduits directs a été clarifié et rationalisé afin de permettre leur développement tout en veillant à ne pas mettre à mal la solidarité intrinsèque au réseau public.

    Le nouveau régime envisagé par la réforme, celui des communautés d’énergie est bien évidemment la plus belle pièce de cet édifice en ce que non seulement elle ne concurrence pas le réseau public, mais elle le mobilise.

    Il s’agit ainsi d’un réseau virtuel venant se greffer sur le réseau public en vue de permettre la matérialisation de communautés d’énergie renouvelable constituées à différents échelons géographiques et techniques.

    Dans la pratique, des enseignes telles que Dats24 ou Colruyt pourront ainsi devenir membres desdites communautés et vendre directement l’électricité produite au sein de celles-ci.

    Le développement de pareilles communautés sous-tend un grand nombre d’objectifs individuels, mais surtout collectifs. À une échelle plus locale, la volonté est bien évidemment la rationalisation de l’utilisation de l’énergie par une conscientisation des membres de communautés aux modes de production, mais surtout de consommation de celle-ci, la réduction de la facture des consommateurs, le développement d’une dimension sociale entourant la production et consommation d’énergie au travers de la notion de communauté, etc.

    Plus importante peut-être est l’échelle globale, celle dans un premier temps de la Wallonie. Le développement de ces communautés sera bénéfique pour la compétitivité énergétique de la Région, il facilitera et démultipliera l’installation d’outils de production d’énergie renouvelable ainsi que leur acceptabilité. Il permettra une meilleure intégration au réseau de cette énergie intermittente tout en aboutissant à une réduction des besoins de renforcement de certains pans du réseau de distribution. Ce mécanisme boostera également la smartisation des réseaux par le déploiement de compteurs intelligents, mais aussi et surtout l’intégration d’outils de gestion et d’intelligence artificielle de manière générale sur le marché de l’énergie devant permettre une gestion intelligente, efficiente et flexible de la production, du stockage et de la consommation d’énergie.

    En conclusion, cette vente directe sera permise par un cadre décrétal et réglementaire complet visant à couvrir le plus grand nombre possible de situations en faisant évoluer le modèle tout en veillant à préserver la solidarité et la pérennité du réseau public. Ce réseau évoluera néanmoins en devenant plus social, plus citoyen, plus flexible, plus vert et plus économique.