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Le développement de l'habitat kangourou en Wallonie

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 142 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 11/02/2019
    • de CULOT Fabian
    • à DE BUE Valérie, Ministre des Pouvoirs locaux, du Logement et des Infrastructures sportives
    L’habitat kangourou vise à réunir jeunes et seniors sous un même toit. Dans cette optique, un logement est aménagé en divers espaces de telle sorte à partager l’espace entre plusieurs générations.

    À la mi-janvier 2019, Le Vif/L’Express consacrait l’un de ses articles à la problématique et relatait l’expérience d’un économiste bien connu. Celui-ci, désormais âgé de 65 ans, a décidé de tenter l’expérience et estime qu’il s’agit d’une solution d’avenir pour répondre au défi du vieillissement.

    En effet, les capacités d’une personne se réduisent avec l’âge et il est parfois plus difficile d’entretenir son bien. L’habitat kangourou permet d’y répondre en ayant un locataire plus jeune au sein du logement qui peut aider à la réalisation de certaines tâches.

    L’économiste suggère d’ailleurs de mettre en place une prime financière couplant les travaux d’isolation avec l’aménagement d’un logement pour accueillir un ménage, en divisant une habitation devenue trop grande pour une personne âgée. En contrepartie, le logement devrait être mis en location via une agence immobilière sociale pendant 15 ans. Cette proposition viserait uniquement les propriétaires âgés entre 60 et 70 ans.

    Que met Madame la Ministre en place afin de développer l’habitat kangourou en Région wallonne ?

    Selon elle, l’habitat kangourou permettrait-il de répondre aux défis du vieillissement et démographiques ?

    Que pense-t-elle de l’idée d’une prime à destination des 60-70 ans pour l’isolation et l’aménagement d’un logement kangourou ?
  • Réponse du 08/03/2019
    • de DE BUE Valérie
    L’habitat kangourou est une forme d’habitat intergénérationnel qui revêt un certain nombre d’aspects positifs indéniables : sortie de l’isolement, création de liens sociaux, entraide et solidarité, qui peuvent aussi éviter l’entrée en maison de repos.

    La mise en place de logements intergénérationnels tient avant tout à la volonté locale, et pas seulement celle des pouvoirs publics, car force est de constater que ce sont régulièrement des associations qui portent ce type de projets. Je pense qu’il convient donc ici d’appliquer le principe de subsidiarité, à savoir le soutien des pouvoirs publics aux initiatives existantes.

    En ma qualité de Ministre du Logement, j’accorde une subvention à l’ASBL « Habitat et Participation » qui a développé un « pôle ressources de l’habitat groupé ». Parmi les différents types d’habitats groupés, on trouve notamment les habitats intergénérationnels. Habitat et Participation assurent ainsi un relevé des initiatives existantes, ainsi qu’un inventaire, aussi exhaustif que possible, des projets en cours. Ils sont consultables sur le site www.habitat-groupe.be.

    Par ailleurs, il faut savoir qu’il existe déjà en Région wallonne des aides visant à favoriser l’habitat intergénérationnel (même si l’image du « kangourou » est en quelque sorte inversée). En effet, les emprunteurs qui souhaitent accueillir un parent âgé en leur aménageant un espace autonome au sein de leur propriété peuvent bénéficier d’un prêt à taux réduit auprès du Fonds du Logement des Familles nombreuses de Wallonie. Il s’agit d’un crédit hypothécaire à taux réduit qui finance des travaux permettant l’accueil de personnes âgées d’au moins 60 ans, ayant un lien de parenté jusqu’au 3e degré avec l’emprunteur.

    Cette formule, appelée crédit intergénérationnel, a été mise en œuvre depuis 2009. Force est toutefois de constater que ce dispositif ne rencontre pas un énorme succès. En effet, depuis son lancement, 283 seniors ont bénéficié de ce crédit du Fonds du Logement. Par exemple, en 2018, 17 personnes âgées ont bénéficié de ce crédit.

    Un dispositif similaire existe également à la Société wallonne du Crédit social, avec un succès tout relatif identique.

    Aussi, il me semble qu’il faille préalablement procéder à une évaluation des dispositifs existants et du développement de projets d’habitat kangourou en cours avant d’entamer une réflexion sur l’opportunité d’instaurer une nouvelle prime visant ce type d’aménagement.

    Pour le surplus, il convient également de tenir compte du fait que l’aménagement d’un habitat kangourou revêt toute une série de contraintes techniques. On notera néanmoins qu’un frein a été levé. En effet, par le passé, la création de ce type d’habitat nécessitait de devoir disposer d’un permis d’urbanisme. L’application de l’article D.IV.4 du Code du développement territorial a désormais levé cette obligation, s’il n’y a pas création d’un nouveau logement « complet » (c’est-à-dire composé d’une ou de plusieurs pièces, répondant au minimum aux fonctions de base de l’habitat à savoir cuisine, salle de bain ou salle d’eau, w.c., chambre, occupé à titre de résidence habituelle ou de kot et réservé en tout ou en partie à l’usage privatif et exclusif d’une ou de plusieurs personnes qui vivent ensemble, qu’elles soient unies ou non par un lien familial). Il est donc désormais plus facile de créer une unité de vie distincte au sein d’un logement existant, et donc plus facile également d’obtenir une inscription distincte dans les registres de la population.