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Les dilemmes en matière de politique climatique

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 143 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 12/02/2019
    • de STOFFELS Edmund
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget, des Finances, de l'Energie, du Climat et des Aéroports
    Il me semble que Monsieur le Ministre se trouve face à un dilemme en matière de politique climatique.

    D’une part, il se réjouit des résultats des deux aéroports wallons. Ils augmentent leur chiffre d’affaires et le nombre de vols, ce qui contribue à augmenter les émissions nuisibles au climat et à la qualité de l’air.

    D’autre part, il dit défendre une politique climatique qu’il considère comme étant prioritaire, sauf que la politique aéroportuaire ne va pas dans ce sens.

    C’est cela le dilemme.

    Comment Monsieur le Ministre va-t-il œuvrer pour que ces deux politiques puissent coexister, l’une pour créer des emplois, l’autre pour protéger le climat ?

    Ne va-t-il pas être difficile d’expliquer aux gens qu’on leur interdira d’entrer en ville avec un certain type de voiture si, en même temps, on se réjouit que les activités aéroportuaires augmentent en volume ?

    Comment donc concilier les deux objectifs ?
  • Réponse du 19/02/2019
    • de CRUCKE Jean-Luc
    En tant que Ministre en charge des Aéroports wallons, je ne peux en effet que me réjouir de la croissance importante de BSCA, qui a dépassé les 8 millions de passagers et de LIEGE AIRPORT, qui a connu la plus grosse croissance du top dix européen des aéroports fret en 2018 avec une augmentation de 21,6 % de tonnes de fret, mais une baisse des mouvements de 5 %. Ce qui signifie aussi une rationalisation des charges transportées. Il en est de même pour BSCA qui a un taux moyen de remplissage supérieur à 85 %. On ne peut nier que la croissance continue du secteur aérien contribue largement au développement économique, augmente la connectivité et stimule également les investissements, et pas seulement en Wallonie, mais dans toute l’Europe.

    J’entrevois plusieurs pistes pour concilier développement économique et enjeux climatiques.

    Tout d’abord, le travail au niveau de l’Organisation de l’aviation civile internationale (ICAO) pour que les compagnies aériennes compensent une partie de leurs émissions de gaz carbonique, dont la phase pilote débutera en 2021.

    Ensuite, au niveau européen, les compagnies aériennes sont soumises à l’Emission Trading Scheme (ETS). Le prix de la tonne de CO2 est aujourd’hui de presque 23 euros. Ce prix est encore trop bas pour influer sur la tendance haussière du recours aux transports aériens de tout un chacun, mais c’est un premier pas dans la bonne direction.

    Enfin, je pense qu’il faut lancer une dynamique au niveau européen afin de mettre fin à l’exemption de taxes sur le kérosène définie dans des accords bilatéraux, et ce, au niveau européen puis au niveau international.

    L’idée d’une taxe additionnelle sur les vols à l’échelle uniquement de la Région wallonne ne permettrait pas de garantir que les passagers n’iraient pas prendre l’avion ailleurs, réduisant à néant le bénéfice environnemental escompté de cette mesure, mais de plus, disqualifiant à coup sûr notre activité aéroportuaire, si des mesures équivalentes n’étaient pas prises dans le même temps au minimum au niveau européen.

    Il est de notre devoir d’assurer des règles du jeu communes en matière de compétitivité pour ne favoriser ni ne défavoriser l’un ou l’autre des acteurs économiques en compétition d’un même secteur. Sans cela, nous assisterons simplement à une délocalisation de la pollution.