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Les véhicules électriques

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 150 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 19/02/2019
    • de STOFFELS Edmund
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget, des Finances, de l'Energie, du Climat et des Aéroports
    Concernant la transition vers l’électrique, l’industrie automobile européenne accuse un retard sur le Japon et la Chine.

    La Commission européenne est très conservatrice dans ce domaine.

    « Il faut laisser le temps à l’industrie pour faire la transition », a plaidé le Commissaire européen chargé du Climat.

    « Des milliers de postes de travail seront détruits » clame quant à lui l’allemand Jens Gieseke, « nous n’avons pas besoin d’objectifs et de bla-bla » on votera pour la norme de 35 %.

    « Ce n’est pas une question de l’industrie contre l’environnement » s’est défendu la socialiste Miriam Dalli, auteure du rapport et partisane d’un objectif à 45 %.

    Vu que les directives UE ont permis d’impulser des politiques ambitieuses tout en visant un minimum de synchronisation des politiques climatiques, ce qui s’est passé au sein de la Commission est lamentable.

    Monsieur le Ministre serait-il disposé à favoriser un objectif plus ambitieux en matière de véhicules électriques que celui de la Commission européenne afin que la Région wallonne soit précurseur européen en matière de protection du climat ?
  • Réponse du 08/03/2019
    • de CRUCKE Jean-Luc
    Le secteur du transport routier et, en particulier, le transport de personne est actuellement au centre des préoccupations environnementales à la fois sur la question de son impact grandissant sur le changement climatique, mais également sur la qualité de l’air. Force est de constater que les débats européens sont assez marqués entre, d’une part, les États membres qui ont une activité industrielle largement basée sur la construction de ces véhicules et les autres États membres. La position de la Commission n’est que le reflet des dissensions des États membres.

    Il faut souligner que l’industrie automobile européenne s’est focalisée principalement sur une seule technologie, les moteurs thermiques fonctionnant au diesel, afin de rencontrer principalement les objectifs climatiques imposés aux constructeurs, soit une moyenne de 95g CO2/km pour les véhicules mis sur le marché en 2021.

    Cette stratégie unique a été balayée par le dieselgate dont l’ensemble des conséquences ne sont pas encore connues à ce jour puisqu’un certain nombre de procédures juridiques sont encore en cours. Il faut souligner ici que le dieselgate est d’abord de la responsabilité des constructeurs. Le corollaire de cela est la perte de confiance généralisée des autorités vis-à-vis des motorisations diesel qui sont obligées de mettre en œuvre des mesures visant à réduire la part de marché de ces véhicules.

    L’industrie automobile européenne est donc confrontée aujourd'hui à une situation inédite. En effet, il est probable que la majorité des constructeurs européens ne soit pas en mesure de respecter la norme de 95g CO2/km avec de lourdes amendes à la clé, soit 95 euros par gramme supplémentaire (moyenne de la gamme) et par voiture vendue. On parle ici de montants supérieurs à un demi-milliard d’euros par constructeur. Par ailleurs, les entreprises BMW, Daimler et le groupe VW sont soupçonnés de cartel par les autorités européennes dans le cadre du dieselgate. Si le cartel était avéré, les pénalités seraient également extrêmement lourdes puisque celles-ci pourraient dépasser plusieurs dizaines de milliards d’euros par constructeur. On observe également une volonté des États-Unis d’instaurer des droits de douane sur les véhicules européens et par ailleurs, les constructeurs doivent investir massivement dans les motorisations alternatives de manière à rattraper leur retard vis-à-vis des constructeurs chinois, coréens, japonais et américains.

    L’Allemagne a donc décidé d’adopter une position très défensive y compris sur de nouvelles normes environnementales afin de préserver l’intérêt de ses constructeurs. Elle est suivie par d’autres États membres. Cette position est effectivement non cohérente par rapport aux urgences environnementales et climatiques. Par ailleurs, il semble important que le secteur automobile européen rattrape rapidement le retard pris au niveau de l’électromobilité ou l’utilisation d’hydrogène de manière à rester une industrie compétitive.

    Les discussions sur les objectifs européens pour les voitures à l’horizon 2030 ont été longues et un compromis a été trouvé entre le Conseil et le Parlement européen à la fin de l’année 2018. Les réductions prévues de 15 % en 2025 et de 37,5 % en 2030 par rapport à 2021 pour les véhicules neufs sont une avancée importante. Par ailleurs, c’est également un objectif industriel ambitieux qui nécessitera des investissements majeurs de la part des constructeurs.

    Comme l’honorable membre le sait, la Wallonie se veut également ambitieuse sur l’électromobilité. En 2017, les véhicules électriques ou les plug in hybride représentent moins de 0,3 % du parc. Dans le PNEC 2030 approuvé par le Gouvernement wallon, notre Région s’est montrée très volontaire puisque notre objectif est d’atteindre un parc de 19 % de véhicules full électriques en 2030, soit 370 000 véhicules. Il paraît difficile à ce stade de proposer des chiffres plus élevés. Néanmoins, nous sommes également conscients que des phénomènes de ruptures technologiques pourraient apparaître durant la période 2020-2030. À ce stade, ces éléments sont difficilement prévisibles.

    Il faut par ailleurs souligner que la mécanique du Plan Air-Climat-Energie (PACE) instituée par le décret climat, ainsi que la réalisation des différents budgets climatiques permettent de réanalyser les différentes projections et politiques de manière régulière. De ce fait, si des éléments tendaient à montrer que le potentiel de véhicules électriques serait plus important que celui défini à ce jour, il serait modifié.

    Notre volonté est bien entendu de s’assurer que notre Région reste au-devant des mesures pour la protection du climat et de la qualité de l’air.