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Les difficultés du secteur du bois

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 212 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 19/02/2019
    • de STOFFELS Edmund
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    Acheteurs qui rouspètent, des prix à la baisse… que faut-il faire pour résoudre le problème dans l’industrie du bois ?

    Les pouvoirs publics allemands ont forcé la main des acheteurs en ne mettant quasiment en vente que des bois scolytés. Cela arrive en Wallonie.

    La filière bois wallonne et ses 18 000 travailleurs directs sont déjà sous pression, et ce depuis bien des années, et pourtant on constate un net regain d’intérêt des consommateurs pour le bois.

    Est-ce qu’au niveau de la Région wallonne, il y a aussi une vente forcée de bois scolyté ?

    Comment les acheteurs réagissent-ils face à cette politique ?
  • Réponse du 08/03/2019
    • de COLLIN René
    Il est indéniable que la crise du scolyte est un problème sanitaire important pour l’épicéa, essence sur laquelle l’économie de la filière wallonne repose majoritairement.

    La « task force » scolytes que j’ai mise en place encadre l’évaluation et le traitement de la problématique. Elle a notamment pour mission la recherche de solutions pour endiguer la propagation de la maladie, mais aussi pour valoriser les bois scolytés et ainsi réduire l’impact socio-économique de la crise. Les différentes parties impliquées y sont représentées : entreprises, fédérations, Département de la Nature et des Forêts (DNF), organismes d’accompagnement… La « task force » scolytes évalue la quantité de bois scolytés en Wallonie à environ 500 000 m³. Un outil d’évaluation de l’importance du phénomène par le biais d’images satellites est en cours de réalisation.

    En ce qui concerne la valorisation des bois, en forêts soumises, les ventes de bois scolytés dites ventes anticipées, forme de vente de gré à gré à la mesure avec mise en concurrence sont en cours depuis l’automne dernier. Les ventes de bois scolytés en adjudication publique sont également en cours depuis le même moment. La « task force » scolytes rapporte que le 26 janvier, 157 131 m³ de bois scolytés en 2018 ont été martelés par le DNF en forêt publique. Le martelage se poursuivant au rythme de 3 à 4 000 m³ par semaine, la barre des 200 000 m³ sera franchie pour le printemps.

    Actuellement, les industriels de la transformation sont toujours preneurs de cette matière. Même si les marchés sont largement approvisionnés par l’arrivée de bois scolytés allemands, français, tchèques…. Le secteur de la construction est porteur, les sciages se vendent. Les scieurs ont d’ailleurs augmenté notablement les prix de leurs produits en 2018. Tant que la qualité des bois reste correcte (ils doivent être transformés rapidement), cette arrivée de bois scolytés, à des prix aussi bas, est une aubaine plutôt qu’un problème, d’autant que le prix des bois sains a considérablement diminué en raison de l’abondance de matière première.

    En ce qui concerne le privé, des dispositions concrètes ont également été prises, telle que la mise en place d’un guichet scolyte pour les particuliers et la réalisation d’un fichier partagé destiné à faciliter la mise en relation entre particuliers ou gestionnaires privés et acheteurs en activité dans la proximité (mesure exploitable aussi pour les bois soumis). Les lots de bois scolytés y sont renseignés pour chercher acquéreurs. Pour les lots qui sont en cours d’exploitation, le fichier partagé permet d’identifier l’acheteur et de le contacter pour qu’il complète ses lots chez d’autres particuliers en demande. Il est clair que chez nous, les lots sont quasi toujours constitués d’un mélange de bois sains et de bois scolytés, afin d’optimiser l’attractivité du lot pour les acheteurs potentiels.

    En « task force » scolyte, un industriel de la trituration annonçait que ses approvisionnements en bois belges étaient constitués de 15 % de bois scolytés et 85 % de bois sains, alors que les proportions de ses approvisionnements allemands étaient de 60 % de bois scolytés pour 40 % de bois sains. Ceci peut s’expliquer par le fait que l’administration allemande agit en tant que gestionnaires et marchands de bois et vend des bois aux industriels par contrat en gré à gré. Ils ont, notamment pour les bois attaqués, une plus grande maîtrise de la constitution des lots et des conditions d’octroi.

    En Wallonie, la mise en concurrence ne permet pas une telle maîtrise des échanges commerciaux.