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La conduite sous l'influence de médicaments

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 584 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 21/02/2019
    • de DURENNE Véronique
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings
    Selon un rapport de l’Institut Vias, la prise de médicaments à risque serait responsable de 3 à 4 % de l’ensemble des accidents de circulation. Cela représente entre 1 100 et 1 500 accidents par an en Belgique.

    Ainsi, la consommation de somnifères, de tranquillisants ou d’antalgiques forts peut multiplier le risque d’accident par 2 à 10, soit un effet comparable à un taux d’alcoolémie compris entre 0,5 et 0,8, selon Vias. En outre, si le conducteur a également consommé de l’alcool, le risque d’accident est alors de 20 à 200 fois plus élevé.

    Six pourcent des Belges avouent également conduire au moins une fois par mois sous l’influence de somnifères ou de calmants.

    Monsieur le Ministre a-t-il connaissance de ces chiffres ?

    Quelles solutions peuvent être apportées, alors qu’à l’inverse de l’alcool, il n’existe pas de test pour déceler la conduite sous influence de médicaments ?

    En mai 2017, l’AWSR et le Ministre Prévot lançaient une campagne de sensibilisation sur le sujet.

    Cette campagne a-t-elle montré des résultats ?
    Si oui, quels sont-ils ?
  • Réponse du 15/03/2019
    • de DI ANTONIO Carlo
    La problématique de la conduite sous influence de certains médicaments pouvant altérer les capacités de conduite (état analogue à l’ivresse) est clairement sous-estimée. Nous n’avons pas attendu l’étude de Vias pour nous alerter et mettre en place des actions de prévention et de sensibilisation en Wallonie.

    En 2017, l’AWSR a en effet réalisé une grande étude sur la conduite sous influence de médicaments psychotropes auprès de 1 330 Wallons (https://www.awsr.be/sites/default/files/cqpw_conduite_sous_influence_medicaments-2017_1.pdf). Celle-ci révélait un comportement inquiétant où 35 % des Wallons déclarent avoir conduit au moins une fois au cours des 12 derniers mois sous influence de médicaments pouvant altérer les capacités de conduite et 1 Wallon sur 10 avoue le faire au moins une fois par semaine.
    Plus alarmant encore, 10 % des conducteurs consommant des médicaments les combinent avec de l’alcool, dont 2 % plus d’une fois par semaine ! Les conducteurs ayant déclaré avoir été sous influence de médicaments sont significativement plus nombreux que les autres conducteurs à avoir été impliqués dans un accident que ce soit matériel (36 % contre 27 %) ou corporel (10 % contre 6 %). Un autre résultat interpellant est que 1 Wallon sur 4 ignore les effets secondaires incapacitants de certains médicaments.

    Face à ce constat, l’AWSR a mené en mai 2017 une première campagne de sensibilisation destinée au grand public et intitulée « un médicament peut provoquer un accident », pour l’informer de l’existence d’un risque d’accident avec certains médicaments et l’inciter à se renseigner.

    À l’occasion des États généraux du 9 juin 2017, le Conseil supérieur wallon de la Sécurité routière (CSWSR) a quant à lui recommandé d’entreprendre des actions de sensibilisation auprès des médecins et des pharmaciens en vue d’améliorer la communication sur le risque d’accident lié à la conduite sous influence de médicaments par leurs patients/clients.

    L’AWSR a dès lors décidé de relancer cette campagne de sensibilisation (http://www.tousconcernes.be/campagne/un-medicament-peut-provoquer-un-accident-2/) pour continuer à améliorer la connaissance des risques encourus auprès des conducteurs et ne pas banaliser ce comportement pouvant avoir de lourdes conséquences. Les professionnels de santé y sont à nouveau activement associés grâce à une collaboration avec la Société Scientifique de Médecine générale (SSMG) et l’Association des Unions de Pharmaciens (AUP). Un courrier cosigné a été envoyé aux médecins généralistes et aux pharmaciens, accompagné de posters respectivement pour leur salle d’attente et leur officine.
    Par ailleurs, le groupe de travail « Conduite sous influence de drogues » au sein de l’AWSR, en activité depuis 2016 afin de réfléchir sur le phénomène, est en faveur d’une détection technique (test salivaire) lorsque la police fait le constat d’une inaptitude à la conduite qui ne soit pas liée à l’alcool ou aux drogues illicites. Le débat du groupe de travail porte en effet sur la nécessité de contrôler et de poursuivre le conducteur sous influence de médicaments au même titre que celui sous influence de drogues ou encore d’alcool (c’est-à-dire dans l’objectif commun de diminuer le risque d’accident lié à la consommation problématique de substances, quelles qu’elles soient). Les médicaments susceptibles d’altérer l’activité de conduite et d’augmenter le risque routier sont nombreux (antidépresseurs, anxiolytiques, hypnotiques, sédatifs, antihistaminiques, opiacés, dérivés morphiniques, anesthésiants, etc.). L’actuel test salivaire, utilisé pour la détection de drogues illégales, pourrait être calibré pour détecter certaines de ces molécules. Notre cadre réglementaire actuel ne le permet pas, mais le débat a lieu.