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L'aquaponie en Wallonie

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 214 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 21/02/2019
    • de LAMBELIN Anne
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    Alors que les enjeux environnementaux sont au centre de tous les débats, l’agriculture s’imprègne des considérations relatives au développement durable. Les citoyens sont de plus en plus demandeurs de consommer des produits issus des circuits courts. L’aquaponie en est un bel exemple.

    L’aquaponie est un mix entre l’hydroponie qui consiste en la culture des plantes dans de l’eau fertilisée par des engrais chimiques, et l’aquaculture qui est l’élevage de poissons. Ainsi, l’aquaponie fonctionne selon une logique d’économie circulaire. Les défections des poissons permettent de fertiliser les plantes, et l’eau filtrée par les plantes peut être réutilisée pour les poissons. Cette technique est donc durable et n’utilise aucun pesticide, permettant de réduire l’impact écologique.

    Cette méthode est particulièrement appropriée pour les milieux urbains, d’où son intérêt pour le développement de l’agriculture en ville.

    En Belgique, la société « Aqua4c » pratique l’aquaponie. Soulignons également l’existence du projet « Smart Aquaponics », un projet européen coordonné par les chercheurs de Gembloux Agro-Bio Tech de l’Université de Liège. Son objectif est de promouvoir cette méthode auprès des professionnels et des particuliers. Il est soutenu par les fonds européens de développement régional.

    L’aquaponie n’est pas une méthode parfaite, et s’insère surtout en environnement urbain. Néanmoins, elle constitue une alternative intéressante qu’il conviendrait de soutenir.

    Monsieur le Ministre peut-il quantifier la pratique de l’aquaponie en Wallonie ?

    Quels financements sont disponibles pour le développement de l’aquaponie en Wallonie ?

    Souhaite-t-il mettre en place des mesures soutenant une telle méthode ?
  • Réponse du 14/03/2019
    • de COLLIN René
    L’aquaponie fonctionne, en théorie, selon les grands principes de l’économie circulaire. En réalité, les systèmes commerciaux existants dits « d’aquaponie », sont souvent découplés et ont des spécificités techniques, sociales et budgétaires, qu’il est difficile de transposer. Les coûts de cette technique sont encore prohibitifs et limitent son développement à plus grande échelle. Dans ce type de système, il y a lieu de viser vers des productions à haute valeur ajoutée, et pas encore des productions standards.

    Outre le projet Smart Aquaponics déjà cité, la Wallonie soutient deux autres projets expérimentaux visant à maîtriser et développer les techniques d’aquaponie. Ces deux projets, également cofinancés par le Fonds européen des Affaires maritimes et de la Pêche (FEAMP), sont novateurs et visent à maîtriser les techniques d’aquaponie sur des espèces usuellement élevées en systèmes purement piscicoles. Après une phase de mise en place des unités pilotes sur une espèce facile à maîtriser (le tilapia), les recherches portent à présent sur l’esturgeon (pour la production de caviar), la truite et le sandre. Cette orientation de la recherche nous paraît nécessaire pour parvenir à produire des poissons d’espèces d’une plus haute valeur gustative et avec de meilleures perspectives commerciales.
    Cependant, afin de garantir une production locale de qualité, il faut continuer, en parallèle, à soutenir et développer une stratégie commerciale de communication et de valorisation efficace pour la filière aquacole wallonne.

    En ce qui concerne la pratique effective de l’aquaponie en Wallonie, mis à part quelques modules familiaux et expérimentaux de taille réduite, la Wallonie ne compte pas encore d’unités de production aquaponique à grande échelle. Actuellement, le circuit de l’Atelier de Bossimé est la seule activité déclarée en Wallonie. À ce stade, il faut rester prudent dans la multiplication de tels systèmes qui demandent à être affinés. Il est encore difficile de se prononcer sur la viabilité de ce nouveau type de fermes aquacoles associées à de l’hydroponie, par manque de recul et de maîtrise suffisante du concept d’aquaponie circulaire.

    Face à la forte concurrence émanant des produits de masses importés le plus souvent de pays hors Europe, rappelons que la durabilité de la production aquacole sur notre territoire sera avant tout critique sur son volet économique. C’est d’ailleurs à cet égard qu’un soutien est proposé aux producteurs aquacoles actifs sur notre territoire, dans le cadre du Programme wallon pour le secteur commercial de la pêche 2014-2020 cofinancé par le FEAMP. Le Gouvernement a adopté en 2e lecture le 21 février 2019 une base légale permettant de soutenir les aquaculteurs dans leur conversion à la production biologique. En parallèle, des textes seront très prochainement proposés au Gouvernement pour soutenir les aquaculteurs, d’une part pour l’installation d’une première unité de production aquacole et, d’autre part, pour divers investissements.

    Les mesures proposées ont été adaptées aux perspectives durables qui s’offrent à nos producteurs et par un niveau accru de soutien financier, afin d’encourager les investisseurs à envisager l’installation d’unités à grandes échelles dotées de technologies modernes. Rappelons que de telles installations requièrent usuellement plusieurs millions d’euros d’investissement.