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La pauvreté

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 181 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 06/03/2019
    • de STOFFELS Edmund
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative
    Philippe Defeyt remet en question les indicateurs utilisés en matière de pauvreté.

    Espérance de vie en bonne santé : suivant que vous ayez eu un parcours difficile (chômage, précarité) ou pas, il peut y avoir jusqu’à 20 ans de différence. Il peut y avoir un lien avec des inégalités socio-économiques (problème d’accès à l’emploi ou à l’université). L’accès à la culture est également inégal, et cetera.

    Ainsi deux pensionnés qui ont 1 100 euros sont sous le seuil de pauvreté, mais si l’un est propriétaire de son logement et en bonne santé, sa situation n’est pas du tout comparable à celle du pensionné qui est locataire et en mauvaise santé.
    Comparer les deux en termes de vécu n’a aucun sens. C’est un indicateur des revenus, pas du pouvoir d’achat.

    Quelle est l’analyse de Madame la Ministre face aux réflexions et propositions de l’économiste Philippe Defeyt ?

    Réduire la question de la pauvreté au seul indice des revenus me semble trop réducteur.
    Serait-elle disposée à engager une réflexion en y intégrant dans les indices de pauvreté d’autres aspects que le revenu ?
  • Réponse du 25/03/2019
    • de GREOLI Alda
    Je me réfère au Plan de lutte contre la pauvreté, adopté en 2015 et revu en 2018, qui a adopté un autre fil conducteur que celui de l’indice des revenus, à savoir celui de la déprivation matérielle : « Si une approche monétaire de la pauvreté est utile, ces seuls indicateurs ne peuvent assurer la description et la compréhension complète des phénomènes de précarisation dans leur complexité. La notion de « seuil de pauvreté » comporte, en effet, un biais statistique, dès lors qu’elle se réfère à une moyenne nationale (PIB national) et non régionale. »

    Une approche plus globale permet d’appréhender le phénomène de la pauvreté dans sa totalité, en identifiant non seulement les préjudices multiples que subissent les citoyens vivant dans la pauvreté, mais aussi la manière dont ces préjudices sont étroitement liés entre eux : conditions de travail précaires, logement insalubre, carences alimentaires, difficulté à se considérer comme sujets de « droits », faible accès à la justice, accès malaisé aux structures d’accueil de la petite enfance, d’enseignement et de formation, accès limité aux soins de santé…

    Par ailleurs, il est essentiel de prendre en considération non seulement les personnes qui se trouvent dans une pauvreté durable, mais aussi celles qui se situent à la limite de la pauvreté. Ainsi, il convient de porter une attention particulière aux mesures qui permettent d'éviter que des personnes « basculent » dans la précarité et l'appauvrissement.

    Ces limites et enjeux ont conduit les analystes à développer des approches complémentaires à la seule approche économique. C’est ainsi qu’en Wallonie, l’IWEPS recommande d’utiliser, complémentairement aux approches économiques « classiques », l’indice de « déprivation matérielle » afin d’appréhender l’ensemble de la dynamique de précarisation.
    Suivant ce concept, il y a déprivation matérielle en cas d’incapacité à couvrir trois des neuf postes de dépenses suivants :
    - faire face à des dépenses imprévues,
    - manger tous les deux jours un repas contenant des protéines,
    - chauffer correctement son logement,
    - partir une semaine en vacances par an,
    - éviter les arriérés de crédit,
    - de loyer et de paiement,
    - disposer (si souhaité) d’une voiture,
    - d’une télévision,
    - d’un téléphone,
    - d’une machine à laver. »

    En écho à cet indicateur et en tenant compte du poids de chaque catégorie de dépenses dans le budget des ménages wallons, le Plan s’articule donc autour des 9 thématiques : 1. Le logement 2. L’alimentation 3. L’énergie 4. L’eau 5. La santé 6. Les politiques familiales 7. La mobilité 8. Le tourisme 9. Le numérique. »

    Arrivé en fin de législature, le Plan est en cours d’analyse pour réaliser un bilan des mesures y inscrites. L'analyse prévoit également une évaluation des mesures et une attention particulière sera portée aux pièges à l’emploi.

    L’IWEPS, dans le cadre de cette évaluation, contribuera au développement d’une meilleure compréhension de la problématique visée par le PLCP par des recherches analytiques permettant de mieux comprendre les parcours qui mènent et entretiennent la précarité, ainsi que des recherches prospectives destinées à identifier les futurs possibles pour la lutte contre la pauvreté en Wallonie.