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Les métiers en voie de disparition

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 159 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 06/03/2019
    • de EVRARD Yves
    • à JEHOLET Pierre-Yves, Ministre de l'Economie, de l’Industrie, de la Recherche, de l’Innovation, du Numérique, de l’Emploi et de la Formation
    La Fédération belge de la chaussure et des métiers du cuir est inquiète : le métier de cordonnier ne séduit plus. Pire, il n’existe plus en Wallonie de filière de formation, excepté via une école pour personnes en situation de handicap ou via les Compagnons du devoir. De son côté, la Flandre vient de créer une école à Lokeren.

    Or certains s’accordent pour dire qu’un véritable changement de mentalités est aujourd’hui en route : les circuits courts, le durable, le « seconde main » connaissent un développement qui pourrait bien remettre à l’honneur une série de « petits » métiers oubliés.

    La Fédération belge de la chaussure et des métiers du cuir a-t-elle contacté Monsieur le Ministre pour lui faire part de ses inquiétudes et de son souhait de voir une formation à nouveau organisée ?

    Ces formations ont été abandonnées par l’IFAPME. Pour quelles raisons ?

    Le changement de mentalités décrit ci-dessus est-il susceptible selon lui de changer la donne ?

    Des demandes de formation sont-elles réapparues ?

    De son côté, le FOREm indique que le métier de cordonnier n’est actuellement pas en pénurie, mais pourrait éventuellement le devenir au vu de l’âge des 331 cordonniers recensés actuellement en Belgique.

    D’autres métiers manuels ou d’autres filières connaissent-ils le même sort ?
  • Réponse du 28/03/2019
    • de JEHOLET Pierre-Yves
    Bon nombre de métiers d’artisanat s’inscrivent dans une philosophie économique durable et créative en émergence : redéploiement des économies locales s’appuyant sur des circuits courts (lien de proximité entre le producteur et le consommateur), économie basée sur une consommation raisonnée, revalorisation des savoir-faire

    C’est notamment le cas des métiers d’art et du patrimoine. En Région wallonne, certains métiers de ce secteur sont en voie d’extinction par faute de relève.

    Au-delà des enjeux économiques, les métiers d’art touchent des enjeux culturels (patrimoine, restauration/conservation, tourisme…), sociaux (plus-value sociale pour des publics marginalisés, modes de production éthiques, et cetera), techniques (créativité appliquée sur l’innovation technologique) et environnementaux (matières premières, productions et produits durables et locaux).

    Le secteur de la réparation des chaussures compte 1 300 établissements en Belgique (données BCE janvier 2018), (en ce compris les sièges sociaux). Le plus souvent, il s’agit d’indépendants sans salariés, mais le secteur a un gros employeur qui compte 60 établissements.

    L’emploi résident (données ONSS décembre 2017) comptabilise 135 travailleurs wallons dans le secteur « Industrie du cuir et de la chaussure ». Dans le secteur « Réparation de chaussures et d'articles en cuir », 80 Wallons sont actifs. Un tiers des travailleurs a moins de 30 ans pour les secteurs de la production ou la réparation ; les plus de 55 ans représentent 15 % dans la production et 20 % dans la réparation, soit au total 30 personnes de plus de 55 ans.

    Au niveau des indépendants (données INASTI décembre 2016), 161 sont actifs en Wallonie dans l’Industrie des peaux et cuirs. En ce qui concerne les indépendants à titre principal et complémentaire, 38 % ont 55 ans et plus en Wallonie et 31 % pour la Belgique.

    Les offres d’emploi liées au secteur et connues du FOREm via sa gestion propre ou via le flux d’offres en provenance des différents partenaires (autres SPE, intérim, agence de recrutement…) sur son site Internet sont au nombre de 210 entre 2016 et 2018. Pour le cordonnier, le total de postes gérés sur 3 ans est de 25. Si les volumes pour les différents métiers sont généralement faibles, une hausse est observée pour l’opérateur d’atelier de coupe des industries des matériaux souples.

    Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de besoins, mais le FOREm ne dispose pas d’information statistique permettant de le confirmer (le FOREm ne captant pas l’ensemble des besoins d’embauche du marché), tout comme il ne peut pas dater le moment où le métier de cordonnier pourrait être considéré comme étant en pénurie. Il existe peut-être un besoin de services de la part des consommateurs, mais il ne semble pas se traduire en besoins en personnel. La réponse aux besoins semble le plus souvent apportée par l’emploi indépendant.

    Néanmoins, le FOREm fait évoluer son offre de formation en analysant les besoins par domaines d’activités stratégiques (DAS). Logistique, environnement, génie mécanique, construction, alimentaire et autres domaines sont concernés. Cette approche a été développée par le Service veille, qui analyse et fait de la prospective du marché de l’emploi depuis 2016 dans le cadre des travaux de repositionnement stratégique des Centres de compétence. Des tables rondes sont organisées sur base des besoins identifiés. C’est sur cette base de réponse à des besoins préalablement identifiés que la labellisation de Centres de compétence pour la période 2017-2019 a été approuvée au Gouvernement et que les financements publics sont mobilisés.

    Le secteur de la réparation des chaussures n’a, à ce jour, pas été identifié comme étant un de ces domaines d’activité stratégique (les domaines concernés étant plus macros), tout comme il n’a pas été identifié par le FOREm en gestion propre comme étant un domaine concerné par la révision de l’offre de formation.

    La Fédération belge de la chaussure m’a récemment contacté pour me faire part de ses inquiétudes quant à l’avenir de sa profession et afin d’être mise en contact avec les organismes de formation. J’ai donné suite à cette requête trouvant opportun de les inviter à prendre contact directement avec l’IFAPME.

    L’organisation de la section cordonnier-chausseur n’existe plus depuis de nombreuses années (plus de 20 ans) faute d’un nombre de candidats suffisant pour maintenir un cycle en apprentissage. Néanmoins, l’IFAPME reste actif dans la réponse au besoin, car la possibilité de signer un contrat d’alternance en entreprise est toujours maintenue. Dans ce cas, la formation du candidat est prise en charge complètement par le tuteur en entreprise sur base d’un programme de formation. 

    Il en va de même pour les formations de maroquinier et de bourrelier : formations dont les cours ne sont pas organisés en centre, mais pour lesquelles le contrat d’alternance reste possible. À titre indicatif, le nombre de contrats d’alternance ayant été contractés entre 2006 et 2017 dans le secteur du cuir ont été de 14 pour les cordonniers-chausseurs et de 1 pour les bourreliers.

    Je suis sensible à la situation des artisans wallons, ainsi qu’à l’importance de préserver leur savoir-faire. Je travaille actuellement à la mise en place de plusieurs mesures d’aide aux artisans afin que les métiers d’art soient revalorisés.