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Le retour des loutres en Wallonie

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 241 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 06/03/2019
    • de POULIN Christine
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    Commune dans la plupart de nos cours d’eau jusqu’à la fin du 19e siècle, la loutre a presque complètement disparu de notre territoire malgré l’interdiction de sa chasse en 1973 et son statut d’espèce protégée depuis 1983. Si elle est à nouveau observée aux Pays-Bas et en Allemagne, il semble qu’elle pourrait faire son apparition chez nous par la Meuse.

    Elle est en tout cas présente en Haute-Marne et l’Établissement public français d’aménagement de la Meuse et de ses affluents (Epama) en a récemment fait une priorité pour la préservation de la biodiversité du fleuve.

    Monsieur le Ministre dispose-t-il d’informations quant à la présence de cette espèce en Wallonie ?

    Des mesures spécifiques ont-elles été prises pour anticiper son retour ?

    Des coopérations transfrontalières existent-elles à ce sujet ?
  • Réponse du 03/04/2019
    • de COLLIN René
    Alors qu’elle occupait jadis tous les réseaux hydrographiques du sud du pays, les populations de loutres ont malheureusement fortement souffert en Wallonie en raison de facteurs ayant œuvré en synergie :
    - d’une part, les loutres - longtemps considérées comme des concurrentes du pêcheur - ont subi des destructions importantes gratifiées par l’octroi de primes jusque dans les années 60 ;
    - d’autre part, les divers types de pollution ayant touché nos cours d’eau après l’industrialisation ont parfois durement impacté l’habitat et les ressources de ce mustélidé.

    Lors du dernier rapportage européen sur les espèces Natura 2000, en 2012, la loutre n’était plus confirmée que dans un bassin versant en Wallonie. Il faut savoir que les données relatives à cette espèce sont traitées avec la plus grande rigueur de la part de mon administration, avec l’appui de l’Université de Liège (Ulg) disposant d’experts sur cette espèce. C’est également la raison pour laquelle, voici quelques années, il a été demandé à cette dernière de développer un guide technique à l’attention des gestionnaires de cours d’eau sur les « Structures à conserver et les aménagements à prévoir pour la conservation de la loutre en Région wallonne », édité par le SPW. La raison en est que, dans la pratique, le gestionnaire de cours d’eau est souvent démuni face aux actions à mettre en œuvre pour la préservation de cette espèce si cryptique.

    De plus, un Projet Life Loutre a antérieurement permis de consentir des efforts importants en matière de restauration d’habitats sur les bassins versants de la Sûre, de l’Ourthe et de l’Our. Sur les autres bassins, l’Ulg réalise, à ma demande, et depuis de nombreuses années, des relevés d’habitats potentiels pour la loutre afin d’analyser la connectivité essentielle à cette espèce et de proposer des pistes d’amélioration aux gestionnaires concernés. Assurer des conditions de vie optimales à la loutre en Wallonie est un objectif prioritaire, notamment développé avec la collaboration des contrats de rivière et des parcs naturels. Nous travaillons également à la sensibilisation des acteurs concernés par des aménagements répondant à cette ambition, comme ce fut le cas lors du colloque organisé par le Contrat Rivière Ourthe sur le thème « Biodiversité et ouvrages d’art » voici quelques mois.

    Les efforts déjà fournis par rapport à cette espèce semblent d’ailleurs aller dans un sens positif, car pour le rapportage Natura 2000 actuel, dont l’analyse des résultats 2013-2018 sera prochainement disponible, la loutre est maintenant confirmée sur au moins trois bassins versants en Région wallonne, toujours sur base de la même rigueur de validation apportée par mon administration.

    Enfin, en application des Directives européennes sur l’Eau et les Inondations, des mesures de gestion par secteur de cours d’eau sont mises en place via les programmes d’actions PARIS où l’enjeu de protection de la nature s’inscrit au sein d’une approche intégrée pouvant agir sur la préservation, l’aménagement ou la restauration d’habitats de différentes espèces, dont la loutre.