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Les perspectives énergétiques de l’hydrogène

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 188 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 20/03/2019
    • de WAROUX Véronique
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget, des Finances, de l'Energie, du Climat et des Aéroports
    Des chercheurs de la KU Leuven viennent d’inventer un procédé qui semble révolutionnaire, permettant de produire de l’hydrogène en le captant dans l’air ambiant, par définition exploitable à l’infini, via des panneaux solaires. La technique telle qu’exposée par l’université semble présenter d’importants avantages en termes d’écologie et de disponibilité.

    D’autant que ce nouveau dispositif ne requiert ni primat fossile ou nucléaire ni métaux rares et promet une production de 250 litres par jour d’H2 avec un seul panneau solaire, utilisable pour la mobilité, le chauffage domestique et bien d’autres applications encore, soit un vrai miracle technologique.

    Bien sûr, le coût de cette technologie reste à définir afin de garantir si une démocratisation à grande échelle est faisable, ainsi que l’organisation des infrastructures de production et de distribution dont elle aurait besoin pour dispenser ses bienfaits. Il faudrait aussi obtenir toutes les garanties quant à la crédibilité et à la reproductivité de ce process, mais les alternatives sont rares, ou en tout cas très énergivores, semble-t-il.

    Quel regard Monsieur le Ministre porte-t-il sur cette découverte belge qualifiée de révolution à une ère où l’état de notre planète fait l’objet de toutes les attentions ?

    A-t-il mené des recherches sur cette invention ?

    En quoi consiste le process de transformation ?

    Les panneaux solaires sont-ils de fabrication spécifique et aisément reproductible ?

    L’empreinte écologique de la production d’hydrogène est-elle satisfaisante ?

    Quelles suites pourrait-il envisager de donner au niveau wallon ?
  • Réponse du 01/04/2019
    • de CRUCKE Jean-Luc
    La recherche menée par la KUL offre effectivement de nouvelles perspectives en matière de production renouvelable d’hydrogène. Néanmoins, le mystère autour duquel l’équipe universitaire entoure les données techniques du projet soulève plus de questionnements qu’il n’apporte de réponses.

    De prime abord, la technologie repose sur un inter-phasage entre une unité de production solaire photovoltaïque standard et un électrolyseur alcalin. Ce dernier ne recourt en effet pas à l’usage de terres rares ou de matériaux précieux. Tout l’intérêt du projet provient du module d’extraction d’eau atmosphérique via un gel.

    Nous tenons préalablement à préciser que les chiffres actuellement avancés ne semblent pas traduire de rendements exceptionnels. En effet, le rendement annoncé parle de 250 litres d’hydrogène par jour alors que de petits électrolyseurs alcalins commerciaux offrent, à titre de comparaison, plus du double d’hydrogène par heure.

    Au niveau du besoin en hydrogène, et pour répondre aux besoins quotidiens d’une famille, une production quotidienne de 1kg serait nécessaire environ, soit 12 000 litres.

    En l’état, donc, les rendements et la production constatée sont nettement insuffisants pour un usage domestique du produit et la recherche devra être poursuivie afin d’atteindre des niveaux de production d’hydrogène qui pourront satisfaire les besoins en énergie soit au domicile soit dans le transport.

    Plusieurs autres points semblent assez peu abordés comme, par exemple, la sécurité de l’installation face à un produit à haut pouvoir explosif. En effet, les normes en vigueur en matière de gestion du risque explosif ont été singulièrement augmentées en 2014 et il semblera évident qu’une réflexion fondamentale soit mise en place afin de garantir la sécurité de nos concitoyens avec de telles installations.

    Il n’empêche que le projet offre en effet de nouvelles perspectives dans la valorisation de la filière hydrogène. De par sa capture d’eau atmosphérique, il répond essentiellement à une critique qui peut être formulée dans le cadre d’autres projets du même type (couplage photovoltaïque – électrolyse directe) qui requièrent, eux, un approvisionnement en eau externe.

    Actuellement, aucune recherche n’allant dans ce sens n’est en cours en Wallonie même si d’autres voies d’expérimentations sont actuellement à l’étude et devraient pouvoir offrir des solutions aussi encourageantes à terme.
    Mais, nous veillerons néanmoins à nous tenir informés et à envisager, le cas échéant, du support à la recherche voire à des projets pilotes.