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La disparition du métier de cordonnier

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 174 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 28/03/2019
    • de GONZALEZ MOYANO Virginie
    • à JEHOLET Pierre-Yves, Ministre de l'Economie, de l’Industrie, de la Recherche, de l’Innovation, du Numérique, de l’Emploi et de la Formation
    Le métier de cordonnier est clairement en voie de disparition. D’après le SPF Économie, il en reste 630 en Belgique (chiffres de 2017), contre 805 il y a 10 ans, soit une baisse de 22 %. Nous concernant, en Wallonie, il n’y a plus que 192 cordonniers, contre 250 en 2008. Il semble que désormais, on ne prend plus la peine de faire réparer ses chaussures, mais on les jette. Résultat, le nombre de cordonniers a chuté drastiquement. Ils sont passés de 252 en 2008 à 192 en 2017 en Région wallonne, c’est ce qu’il ressort des statistiques du SPF Économie.

    D’autres raisons expliquent également la disparition progressive des cordonniers. Tout d’abord, le manque de formation et d’attrait pour le métier. Selon le Syndicat Neutre pour Indépendants (SNI), la profession de cordonnier est à peine enseignée et, de ce fait, aucun suivi n’est assuré par une personne disposant des connaissances nécessaires. Il y a également un côté désuet de la profession ; l’image de marque des cordonniers s’est dégradée ; une profession vue comme « vieillissante », pas très tendance du côté des jeunes. Par ailleurs, il semblerait que les cordonniers eux-mêmes ont un peu loupé le coche, en négligeant les chaussures sportives, or les « sneakers » ont le vent en poupe.

    Selon le SNI, des mesures doivent être prises. À l’heure où les questions climatiques sont au sommet de l’actualité, au lieu de jeter des chaussures, il faut les réparer, et ce, pour réduire la montagne de déchets actuels.

    Le SNI plaide également en faveur d’une plus grande promotion de la profession, par le biais de différentes campagnes d’artisanat et la mise en place de nouvelles formations.

    Aussi, quel est le sentiment de Monsieur le Ministre par rapport à cette problématique ?

    En matière de formation, entend-il revaloriser cette profession ? Si oui, comment ?

    Des formations inhérentes à ce travail artisanal existent-elles au FOREm ? Si pas, pourquoi ne pas en organiser et relancer cette profession à son niveau, en valorisant et mettant en exergue la formation de cordonnier ?
  • Réponse du 19/04/2019
    • de JEHOLET Pierre-Yves
    Le secteur de la réparation des chaussures compte 1 300 établissements en Belgique (données BCE janvier 2018), (en ce compris les sièges sociaux). Le plus souvent, il s’agit d’indépendants sans salariés, mais le secteur a un gros employeur qui compte 60 établissements.

    L’emploi résident (données ONSS décembre 2017) comptabilise 135 travailleurs wallons dans le secteur « Industrie du cuir et de la chaussure ». Dans le secteur « Réparation de chaussures et d'articles en cuir », 80 Wallons sont actifs. Un tiers des travailleurs a moins de 30 ans pour les secteurs de la production ou la réparation ; les plus de 55 ans représentent 15 % dans la production et 20 % dans la réparation, soit au total 30 personnes de plus de 55 ans.

    Au niveau des indépendants (données INASTI décembre 2016), 161 sont actifs en Wallonie dans l’industrie des peaux et cuirs. En ce qui concerne les indépendants à titre principal et complémentaire, 38 % ont 55 ans et plus en Wallonie et 31 % pour la Belgique.

    Les offres d’emploi liées au secteur et connues du FOREm via sa gestion propre ou via le flux d’offres en provenance des différents partenaires (autres SPE, intérim, agence de recrutement …) sur son site Internet sont au nombre de 210 entre 2016 et 2018. Pour le cordonnier, le total de postes gérés sur trois ans est de 25. Si les volumes pour les différents métiers sont généralement faibles, une hausse est observée pour l’opérateur d’atelier de coupe des industries des matériaux souples.

    Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de besoins, mais le FOREm ne dispose pas d’information statistique permettant de le confirmer (le FOREm ne captant pas l’ensemble des besoins d’embauche du marché), tout comme il ne peut pas dater le moment où le métier de cordonnier pourrait être considéré comme étant en pénurie. Il existe peut-être un besoin de services de la part des consommateurs, mais il ne semble pas se traduire en besoins en personnel. La réponse aux besoins semble le plus souvent apportée par l’emploi indépendant.

    Néanmoins, le FOREm fait évoluer son offre de formation en analysant les besoins par domaines d’activités stratégiques (DAS).

    Le secteur de la réparation des chaussures n’a, à ce jour, pas été identifié comme étant un de ces domaines d’activité stratégiques (les domaines concernés étant plus macros), tout comme il n’a pas été identifié par le FOREm en gestion propre comme étant un domaine concerné par la révision de l’offre de formation.

    La Fédération belge de la chaussure m’a récemment contacté pour me faire part de ses inquiétudes quant à l’avenir de sa profession et afin d’être mise en contact avec les organismes de formation. J’ai donné suite à cette requête trouvant opportun de les inviter à prendre contact directement avec l’IFAPME.

    L’organisation de la section Cordonnier-chausseur n’existe plus depuis de nombreuses années (plus de 20 ans) faute d’un nombre de candidats suffisant pour maintenir un cycle en apprentissage. Néanmoins, l’IFAPME reste actif dans la réponse au besoin, car la possibilité de signer un contrat d’alternance en entreprise est toujours maintenue. Dans ce cas, la formation du candidat est prise en charge complètement par le tuteur en entreprise sur base d’un programme de formation. 

    Il en va de même pour les formations de Maroquinier et de Bourrelier : formations dont les cours ne sont pas organisés en centre, mais pour lesquelles le contrat d’alternance reste possible. À titre indicatif, le nombre de contrats d’alternance ayant été contractés entre 2006 et 2017 dans le secteur du cuir a été de 14 pour les Cordonniers-chausseurs et de 1 pour les Bourreliers.

    Je suis sensible à la situation des artisans wallons, ainsi qu’à l’importance de préserver leur savoir-faire. Je travaille actuellement à la mise en place de plusieurs mesures d’aide aux artisans afin que les métiers d’art soient revalorisés.