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La digitalisation en Wallonie

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 185 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 01/04/2019
    • de DURENNE Véronique
    • à JEHOLET Pierre-Yves, Ministre de l'Economie, de l’Industrie, de la Recherche, de l’Innovation, du Numérique, de l’Emploi et de la Formation
    Une récente étude d’Agoria révèle qu’en l’absence de mesures relatives au numérique, 584 000 postes vacants ne seront pas comblés d’ici 2030 en Belgique.

    Monsieur le Ministre a-t-il eu connaissance de cette étude ?
    Dans l’affirmative, peut-il nous faire part de sa réaction ?

    Quelle est la situation en Région wallonne ?

    Quelles sont les mesures envisagées afin de répondre à cette demande considérable ?
    Il y a également aujourd’hui une demande importante de profils IT sur le marché de l’emploi.

    Certains secteurs sont-ils déjà préparés à cette transition imminente vers la digitalisation ?

    Qu’en est-il exactement ?
  • Réponse du 25/04/2019
    • de JEHOLET Pierre-Yves
    J’ai considéré avec la plus grande attention les résultats de l’étude Be The Change menée par Agoria. Le FOREm et l’Agence du Numérique ont d’ailleurs participé à cette étude et des moyens dans le cadre de Digital Wallonia sont prévus en 2019 pour actualiser les chiffres de l’étude Agoria et suivre au plus près l’évolution de la situation.

    Comme l’honorable membre le mentionne, si rien n’est fait, l’étude annonce que 584 000 postes seront vacants en 2030. Par ailleurs, 310 000 personnes sont dans une « zone de danger », c’est-à-dire qu’elles ne seront plus à l’emploi si elles ne se reconvertissent par vers des métiers du numérique. Néanmoins, Agoria ajoute que pour chaque poste qui disparaîtra en raison de la digitalisation, 3,7 postes pourraient être créés.

    Ces chiffres résultent à la fois de la transformation digitale des métiers, mais également et surtout de l’évolution démographique de la population, puisqu’en 2021, pour la première fois dans l’histoire de la Belgique, la main-d’œuvre potentielle sera inférieure à la demande.

    Il faut dès lors continuer à travailler à l’adéquation de la réserve de main-d’œuvre avec les besoins du monde du travail et organiser l’automatisation d’un certain nombre de services pour en assurer la continuité.

    En matière de mise à niveau des compétences, il faut distinguer les « compétences informatiques » et les « compétences numériques ». Les compétences informatiques sont celles des développeurs et intégrateurs des métiers de l’IT (pour laquelle la pénurie était de 16 000 postes en 2018 en Belgique, 1 500 en Wallonie). Les compétences numériques sont plus générales et liées à l’utilisation des outils technologiques et informatiques.

    Concernant les compétences informatiques du secteur IT, pour lesquelles il y a un réel appel d’air vers des profils toujours plus élevés, aux pénuries s’ajoute une crise de vocation des jeunes vers les filières informatiques. Les raisons sont multiples : évolution des mentalités qui fait que les jeunes se projettent plus difficilement que les générations précédentes dans des cursus longs ; manque d’attractivité de l’offre qui tarde à s’adapter à ces évolutions ; et surtout un manque réel de formation informatique à l’école. Cela rejoint le constat, dont j’ai déjà pu faire part, de la nécessité d’accentuer les efforts de promotion des STIM (Sciences, technologies, ingénierie et mathématique) auprès des jeunes. Les spécialistes de la question s’accordent à dire que même dans les écoles où une option informatique existe, elle est le plus souvent donnée par un enseignant qui n'est pas formé à cette discipline, qui complète son horaire et qui donne en fait un cours de bureautique plutôt que de programmation, ne permettant pas d’approcher les perspectives réelles des métiers de l’informatique. Pour palier modestement à cet écueil, puisqu'il s'agit de la responsabilité de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Wallonie a mis en place l'opération « WallCode », qui vise à initier les élèves wallons aux sciences informatiques, à la logique algorithmique et aux langages de programmation. En trois ans, plus de 15 000 enfants ont bénéficié du programme. Gageons qu’un certain nombre d’entre eux s’orienteront plus tard vers les métiers de l’informatique.

    Concernant les compétences numériques pour tous, le FOREm et les Centres de compétences TIC en partenariat avec l’Agence du Numérique travaillent à la mise en place d’un dispositif qui vise à évaluer les compétences numériques des citoyens, travailleurs et demandeurs d’emploi afin de mieux les orienter dans la mise à jour de leurs compétences numériques. Chacun pourra ainsi prendre conscience de ses faiblesses, ce qui constitue une première étape de sensibilisation à la nécessité de formation continue dans ce domaine de compétences. Des outils de screening des compétences numériques sont en cours de construction et des contacts avec l’UWE sont également en cours pour en faire bénéficier les salariés d’entreprises.

    Ensuite, pour assurer les activités de formation continue, je rappelle que les centres de compétences, comme par exemple Technifutur et Technofutur, ou encore Technobel, sont des acteurs importants de support aux entreprises et aux travailleurs dans leur transition vers l’économie digitale.