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L'étude de l'Université catholique de Louvain sur l'impact climatique de la production de viande en Belgique

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 207 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 01/04/2019
    • de MAROY Olivier
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget, des Finances, de l'Energie, du Climat et des Aéroports
    À la demande de Greenpeace, une étude de l’UCLouvain a calculé l’impact environnemental de la production de viande en Belgique.

    Trois scénarios ont été élaborés afin de chercher à réduire les gaz à effet de serre du secteur agricole, ainsi que l’impact environnemental de la production de viande. C’est une base de réflexion intéressante. « C’est l’occasion d’y réfléchir en associant les agriculteurs » indique un expert, parce que selon lui, le modèle belge n’est plus soutenable tant économiquement que d’un point de vue environnemental.

    Je renvoie Monsieur le Ministre vers les chiffres et les différents scénarios explicités dans le quotidien L’Avenir de ce 5 février 2019. Je note que le scénario que Greenpeace préfère, c’est le troisième, qui intègre une production biologique à 100 % et locale, avec tout ce que cela comporte. Cela implique une diminution de production de viande de 83 %, ce qui représente 27 g par personne et par jour… Une grosse différence par rapport à nos habitudes actuelles.

    J’aime manger de la viande, mais je peux comprendre qu’il s’agit d’un enjeu important. Il ne faut pas que ce sujet reste tabou. J’ai vu beaucoup de jeunes manifestants porter des pancartes au sujet de la viande, appelant à diminuer notre consommation. La solution pour combattre l’urgence climatique se passe aussi dans nos assiettes.

    Quelle analyse Monsieur le Ministre fait-il de cette étude ?

    Estime-t-il que celle-ci est suffisamment sérieuse ?

    Ne risque-t-elle pas d’être influencée par Greenpeace ?

    Parmi les trois scénarios, lequel privilégie-t-il et pourquoi ?

    Le sujet de la viande doit-il, selon lui, être mis sur la table dans l’élaboration des programmes ou d’une « loi climat » ?

    Quelles mesures préconise-t-il ?
  • Réponse du 05/04/2019
    • de CRUCKE Jean-Luc
    J’ai pris connaissance très récemment de cette étude, qui est actuellement analysée par mon administration. J’en transmettrai une copie électronique à l’honorable membre, mais elle est disponible sur le site internet de Greenpeace.

    Cette étude est manifestement sérieuse et approfondie, de par les références sur lesquelles elle s’appuie. Il y a ainsi une bonne concordance des résultats avec les inventaires d’émissions préparés par mon administration, du moins pour les postes d’émission comparables.

    Elle est entièrement financée par Greenpeace, mais à ce stade de l’analyse, il me semble que l’influence de Greenpeace se résume au fait que ce sont les scénarii de transition proposés par Greenpeace qui ont été évalués, ce qui ne remet pas en question la pertinence ou l’objectivité de l’évaluation. Ces scenarii reflètent certaines orientations sociétales, mais sont à examiner dans le contexte d’une société bas carbone à l’horizon 2050, qui est un impératif qui doit guider notre politique dans tous les secteurs. Je l’aborde donc sans a priori et la considère comme une contribution utile au débat public qui est à mener.

    Comme l’honorable membre le souligne, le scénario le plus ambitieux amène une réduction de la consommation de viande de 83 %. On peut ici relever que selon l’enquête de consommation alimentaire, citée dans l’étude, la consommation de viande en Belgique est le double de celle recommandée et qu’à l’inverse, la consommation de céréales et de légumes n’atteint que la moitié des quantités recommandées. L’évolution de nos habitudes de consommation est donc aussi un enjeu de santé publique et pas uniquement d’impact climatique.

    Une réflexion globale sur un mode de consommation équilibré et raisonné est à privilégier. J’insiste également sur les circuits courts, tant pour limiter notre impact environnemental que pour favoriser l’économie locale.

    À ce stade de l’analyse, il est prématuré de privilégier l’un des trois scénarii, sachant que d’autres scénarii pourraient encore être envisagés. Je peux cependant exclure dès à présent le scénario Business As Usual, car le statu quo n’est pas une option.

    L’agriculture, au même titre que les autres secteurs, doit contribuer aux efforts en matière de lutte contre les changements climatiques, tant au niveau des modes de production que des habitudes de consommation.

    Ceci étant, pour plus d’informations à cet égard, je me permets de le renvoyer vers mon collègue René Collin, Ministre de l’Agriculture.