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La situation des fruiticulteurs wallons

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 265 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 01/04/2019
    • de DURENNE Véronique
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    Ces dernières années, le secteur de la fruiticulture a connu plusieurs coups durs en Wallonie : embargo russe depuis 2014 (où 40 % de nos poires étaient exportées), gelées tardives en 2017, extrême sécheresse en 2018… Différents éléments qui ont ainsi durement touché la production et la commercialisation des fruits wallons.

    Aujourd’hui, suite à ces difficultés, de nombreux fruiticulteurs cessent leur activité et arrachent leurs vergers. La Fédération wallonne horticole estime même qu’à ce train-là, 30 % des exploitations auront disparu dans les deux ans.

    Certes, le fonds des calamités existe, mais il s’avère que celui-ci intervient parfois tardivement, et les indemnités sont rarement à la hauteur des dommages causés.

    Outre ce fonds des calamités, Monsieur le Ministre peut-il me dire s’il existe des aides complémentaires prévues lorsque la production de fruits est altérée par les aléas climatiques ?

    En ce qui concerne l’embargo russe frappant le secteur depuis 2014, peut-il me faire part précisément des effets que celui-ci a eus sur ce secteur ?

    Suite à cet embargo, quelles ont été les actions mises en place par le Gouvernement wallon afin de contrer ces effets ?

    Enfin, Monsieur le Ministre peut-il m’indiquer si des actions futures sont prévues afin de soutenir le secteur fruiticulteur wallon toujours en difficulté ?
  • Réponse du 23/04/2019
    • de COLLIN René
    Je suis, en effet, bien au courant des difficultés rencontrées depuis de nombreuses années par le secteur fruiticole. Elles sont issues d’une combinaison de facteurs tels que l’embargo russe, les évènements climatiques exceptionnels de 2017 et 2018, mais également de la concurrence venant des pays de l’Europe de l’Est comme la Pologne et des stratégies commerciales de la grande distribution privilégiant souvent le prix à l’origine.

    Depuis de nombreux mois, mon Cabinet rencontre les représentants du secteur afin que nous puissions réfléchir aux solutions à apporter pour permettre à ces producteurs de continuer à travailler et à valoriser leurs produits à leur juste valeur.

    Il s’agit d’abord d’actions concrètes :
    - rencontre avec la Fédération de l’industrie alimentaire belge (FEVIA) pour les sensibiliser aux produits locaux ;
    - rencontre avec le Commissaire HOGAN afin d’envisager les possibilités de sortie d’embargo.

    Nous planchons également sur un soutien du secteur afin de faciliter l’accès à la trésorerie en vue de pouvoir investir dans la saison de production 2019 dans l’attente du paiement des indemnisations liées aux calamités.

    Les pertes provoquées par des évènements climatiques tels que rencontrés en 2018 ne peuvent faire l’objet d’indemnisation que par le Fonds des calamités agricoles. Cependant, sous certaines conditions, des aides des minimis peuvent être octroyées pour un secteur en crise. Cette option est à l’heure actuelle étudiée par mon Cabinet afin de permettre aux producteurs de soulager le manque de trésorerie et lancer la production 2019.

    Outre la fermeture du marché russe réduisant drastiquement les exportations des poires essentiellement, les producteurs de poires ont subi une concurrence croissante de producteurs européens ayant bénéficié des aides de crise octroyées par l’Europe suite à l’embargo et antérieurement d’aides structurelles liées à l’adhésion des nouveaux Etats membres. Ces aides ont permis le développement massif de la production de poires et de pommes en Pologne.

    Le marché européen déjà saturé par un afflux de poires et de pommes non exportées doit également gérer l’arrivée de ces nouvelles productions à des prix très bas, rendant nos produits belges non concurrentiels.

    Par ailleurs, j’ai lancé en novembre 2018, le plan stratégique de développement de l’horticulture comestible. Ce plan regroupe des actions à moyen et à long terme pour développer ce secteur dans les dix prochaines années.

    La différenciation de nos productions wallonnes par rapport à celles produites ailleurs en Europe, basée sur la qualité organoleptique et sanitaire de celles-ci est une des solutions. La Wallonie dispose d’outils pour la labellisation de ses produits agricoles : d’une part le système de qualité tel que l’Appelation d’origine protégée (AOP) ou l’Indication géographique protégée (IGP) et le système régional de qualité différenciée.

    Mais d’autres axes de solution sont également mis en œuvre telle que la promotion par l’Agence wallonne pour la promotion d’une agriculture de qualité (APAQ-W), lors de l’action « Croque local », de la campagne « Beau Vélo de Ravel », du salon « Saveurs et Métiers » ou encore via la réalisation et la diffusion de vidéos de recettes à base de fruits et légumes.

    D’autres mesures ont également été prises telles que le Label « Prix Juste Producteur », mis en place par le Collège des producteurs, le soutien à la recherche de variétés de pommes et poires tolérantes ou résistantes en production au Centre wallon de Recherches agronomiques (CRA-W), à destination des secteurs conventionnels et bio, l’assouplissement des règles concernant la main-d’œuvre saisonnière par le passage de 65 jours à 100 jours de travail autorisé…