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Les pénuries d'emplois.

  • Session : 2005-2006
  • Année : 2006
  • N° : 8 (2005-2006) 1

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  • Question écrite du 26/01/2006
    • de SENESAEL Daniel
    • à ARENA Marie, Ministre de la Formation

    Selon les experts, une offre d'emploi sur cinq a fait l'objet de difficultés de recrutement en Wallonie. Cela peut paraître étonnant quand on sait que notre Région compte près de 260.000 chômeurs.

    Le Gouvernement wallon a chargé le Forem de mettre en place un plan intégré de lutte contre les pénuries : le Plan Job Focus. Il s'agit de comprendre pourquoi, à entendre les différents acteurs concernés (chefs d'entreprise, travailleurs, …), pour tel type de métier, il est difficile de recruter. Ensuite, il s'agit d'agir afin de déclencher une volonté chez les demandeurs d'emploi de s'engager dans ces professions.

    Le Gouvernement a débloqué 75 millions d'euros sur quatre ans pour lutter contre ce phénomène et améliorer l'adéquation de la formation.

    Diverses raisons expliquent le fait que ces métiers deviennent « pénuriques », notamment l'évolution des technologies qui imposent de nouvelles compétences, une méconnaissance du métier, une image peu flatteuse ou des conditions de travail jugées difficiles. Par conséquent, les entreprises sont contraintes d'engager des candidats qui ne répondent pas tout à fait au profil qu'elles recherchaient, ce qui peut freiner leur développement.

    Il me semble également important de souligner un autre aspect qui pose problème dans ce domaine en Picardie wallonne. En effet, beaucoup de personnes au chômage sont relativement peu qualifiées et, dès lors, répondent difficilement aux exigences souhaitées par les entreprises qui recrutent. Notre situation géographique, proche de la frontière française, ne facilite pas l'emploi pour ces personnes. En effet, nombre de postes sont occupés en Wallonie par des Français qui correspondent mieux au profil souhaité par les employeurs.

    Dès lors, si l'on peut se féliciter de la mise en œuvre de ce Plan Job Focus, il me semble que cet aspect de la problématique ne peut être négligé.

    Des rencontres avec les organismes de formation français, afin d'analyser comment ils parviennent à répondre de manière plus appropriée aux offres d'emploi en Wallonie, ont-elles déjà eu lieu ?

    Des synergies entre le Forem et ces organismes français sont-elles envisageables ?


  • Réponse du 16/02/2006
    • de ARENA Marie

    La « Picardie » wallonne (Tournai, Mouscron, Comines) comprend effectivement un flux de travailleurs français important. Il est cependant trop réducteur de ramener le débat à dire que les travailleurs français correspondent mieux au profil souhaité par les employeurs.

    Les raisons principales étant que les travailleurs français acceptent beaucoup plus facilement, d'une part, les déplacements et, d'autre part, des conditions de travail précaires et un niveau de salaire inférieur au salaire de référence pour la même fonction.

    En fonction de la convention fiscale de 1964 qui prévoit le paiement des impôts dans le pays d'origine et du fait que le taux d'imposition est beaucoup moins important en France, le travailleur français et toujours gagnant.

    A noter également que les travailleurs français ne sont pratiquement jamais syndiqués, ce qui laisse donc perdurer cette situation.

    Nous ne parlerons donc pas ici de niveau de formation plus adéquat, mais plutôt de grande souplesse dans l'acceptation des conditions de travail.

    Rappelons également la situation fiscale et la protection sociale de ces travailleurs français qui sont de nature à faciliter le flux de travailleurs de la France vers la Belgique.

    Au niveau de la formation, il y a néanmoins de nombreuses collaborations instituées avec les organismes de formation français, notamment dans le cadre de formations spécifiques qui ne sont plus dispensées en Communauté française, faute de débouchés ou de candidats. Un exemple avec le secteur textile, la France ayant développé un « know how » important dans ce domaine et possédant encore un tissu industriel conséquence dans ce réseau (formation de tisserands, par exemple).

    Plusieurs initiatives se sont notamment développées dans le cadre des projets européens transfrontaliers, ces collaborations portant principalement sur l'échange de stagiaires et de formateurs.

    Dans le cadre des réponses à apporter dans la lutte contre les pénuries, les collaborations peuvent être accrues lorsqu'elles concernent bien les métiers dits en pénurie.