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L'impact de la baisse continue des taux d'intérêt sur les finances régionales

  • Session : se2019
  • Année : 2019
  • N° : 1 (se2019) 1

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  • Question écrite du 16/07/2019
    • de HAZEE Stéphane
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget, des Finances, de l'Energie, du Climat et des Aéroports
    Le taux belge à dix ans est descendu pour la première fois à un niveau négatif au début du mois de juillet 2019. Cela signifie que le Gouvernement fédéral peut emprunter de l'argent gratuitement à des investisseurs pour une période de dix ans.

    Cette diminution de taux prolonge un mouvement de baisse structurelle et continue des taux d'intérêt depuis plusieurs années et concerne, le cas échéant avec une légère différence, l'ensemble des pouvoirs publics.

    Il importe d'examiner l'impact pour les finances régionales.

    Monsieur le Ministre peut-il nous informer du « spread » par rapport à l'État fédéral et dès lors du taux à long terme auquel la Wallonie peut actuellement se financer ?

    Compte tenu du refinancement de crédits conclus antérieurement à des taux plus élevés, peut-il nous informer des économies déjà réalisées pour les emprunts refinancés durant le premier semestre 2019 ?

    Peut-il nous informer des économies attendues pour les emprunts à refinancer durant le deuxième semestre 2019 ?
  • Réponse du 29/08/2019
    • de CRUCKE Jean-Luc
    Sous cette législature, le spread de la Région par rapport à l’État fédéral s’est considérablement amélioré, passant d’un différentiel par rapport à l’OLO de 45 bp en septembre 2017 contre 28 bp aujourd’hui.

    Cette baisse résulte de l’application d’une gestion plus dynamique de la dette wallonne et d’une diversification de ses moyens de financement avec le marché des obligations durables dans lequel la Région a réalisé une émission inaugurale en avril 2019.

    Au premier semestre de cette année, la Région a levé un montant total de 1 560 millions d’euros à une maturité moyenne de 15,3 ans et un taux moyen pondéré de 1 067 %. Ce montant couvre la quasi-totalité des besoins de l’année, si l’on tient compte de la sous-utilisation de crédit. Toutefois, compte tenu des amortissements de la dette en 2020, le Conseil du Trésor a émis un avis positif pour poursuivre le financement pour un montant supplémentaire de l’ordre de 500 millions.

    Comparé au taux moyen des opérations réalisées en 2018 (1 534 % pour un total emprunté de 1 028 millions d’euros et une maturité moyenne de 18,83 ans), l’économie en charge d’intérêts pour les emprunts refinancés depuis le 1er janvier 2019 peut être estimée à 7,3 millions d’euros par an.

    Par l’effet de l’émission benchmark, la durée moyenne des emprunts 2019 est légèrement inférieure. Par ailleurs, cette économie ne peut se traduire en diminution de charge d’intérêt de la dette qu’à stock de dette constant.

    Les mouvements de baisse de taux observés sur les marchés depuis de nombreux mois et qui se sont encore accentués cet été amènent les investisseurs à devoir investir à taux négatifs s’ils veulent obtenir des titres de certains États ou Régions, comme la Belgique et ses entités fédérées.

    Dans le cas de la Région wallonne, tout investissement jusqu’à 10 ans se ferait aujourd’hui à taux négatif. À titre d’exemple, si un investisseur voulait prêter de l’argent pendant 10 ans ce 23 août, il le ferait à un taux de - 0,058 %.

    Mais en pratique, les conditions de marché sont particulièrement volatiles, reflétant une situation économique mondiale difficile conjuguée avec de nombreuses inquiétudes face à l’évolution de dossiers comme le Brexit, la chute du gouvernement en Italie, etc…
    En conséquence, s’agissant d’investisseurs tels que les fonds de pension et les assureurs dont les règles de gestion imposent un rendement minimum pour être viables, la cellule de la dette redoute des tensions sur les marchés, se trouvant soit avec des investisseurs qui temporiseront leurs investissements, soit se tourneront vers le très long terme (comme des emprunts à 100 ans) ou encore des produits structurés pour conserver des rendements positifs dans leurs portefeuilles. Dans ce contexte, il est difficile d’estimer le montant qui pourra encore être levé d’ici la fin de l’année par la Région et l’économie qui en découlera.