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Le monitoring et la lutte contre les moustiques japonais réapparus en Province de Namur

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 6 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 30/09/2019
    • de DELPORTE Valérie
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Début septembre, la presse faisait état de la réapparition, à proximité de Natoye, dans la Commune d’Hamois en Province de Namur, de larves du moustique japonais (aedes japonicus).

    On se rappelle qu’une campagne d’éradication, financée par le Ministre de l’Environnement de l’époque, avait été lancée en 2012-2013 et menée à bien avec le concours technique de la société Avia-GIS. On pouvait considérer l’éradication comme effective l’année suivante.

    Malheureusement, à la fin du mois d’août 2019, des larves ont, à nouveau, été détectées au même endroit, près de Natoye, dans une entreprise de pneus qui en importe d’Asie. Rappelons que les pneus offrent des conditions favorables pour le développement des moustiques (présence d’eau et d’eaux stagnantes).

    Toutefois, comme le relaie la presse, il peut néanmoins « exister d'autres foyers inconnus dans le pays » et le risque de propagation et d’installation définitive de cette espèce invasive chez nous est toujours plausible. C’est problématique dans le sens où ce moustique, qui n’est pas directement dangereux en soi pour l’homme, peut le devenir s’il est vecteur d’une maladie tropicale (dans les cas où il piquerait une personne porteuse d’une maladie tropicale (par exemple la dengue), à son retour de vacances, contracterait cette maladie et piquerait une autre personne à qui il la transmettrait), et ce, même si les potentialités de ce cas de figure sont en principe très faibles.

    Le monitoring et la lutte contre les moustiques exotiques, comme le moustique tigre et le moustique japonais, sont à charge de la Région et sont repris dans le Plan wallon Environnement-Santé 2019-2023 lancé en 2018. Dans sa fiche d’action, il est question d’un projet de monitoring MEMO lancé en juillet 2017 et mené par l’Institut de médecine tropicale dont l’objectif est de « permettre une lutte rapide et efficace après chaque signalement ».

    Madame la Ministre pourrait-elle dès lors nous annoncer qu’une réponse est en cours pour éradiquer les larves de moustiques japonais réapparues sur la Commune d’Hamois et éviter leur prolifération à d’autres zones ?

    On sait qu’il s’agit d’éliminer les lieux de ponte pour éviter la reproduction des moustiques, d’éviter les eaux stagnantes et de sensibiliser les habitants avant l’hiver.

    Peut-elle nous préciser sous quelle forme concrète se présente cette action destructive ou le Plan de lutte ? Quel est le calendrier prévu ? Est-ce la société Avia-GIS qui en a la charge ?

    Peut-elle nous annoncer qu’une concertation a été mise en place avec les autorités communales et qu’une sensibilisation des habitants à ce problème est prévue ? Sous quelle forme ?

    Plus globalement, le Plan Environnement-Santé fait état, en effet, de « cinq zones infectées » par des moustiques exotiques à la date de fin 2018. Il en va de même pour le directeur de Avia-GIS qui, dans la presse de cette fin août 2019, évoquait « cinq endroits connus comme lieux de ponte pour les moustiques japonais ».

    Madame la Ministre peut-elle nous confirmer ces informations et nous indiquer quels sont les sites à traiter ? Et à quel stade de monitoring ou de traitement ils en sont ? Y a-t-il d’autres sites infectés détectés depuis fin 2018 ? Peut-elle, de manière plus globale, nous faire « une piqûre de rappel » sur le projet de monitoring MEMO lancé en juillet 2017 et mené par l’Institut de médecine tropicale ?
  • Réponse du 21/04/2020
    • de TELLIER Céline
    En Wallonie, le contrôle des populations de moustiques implique deux niveaux d’intervention distincts ; la surveillance et la gestion consécutive à une détection positive.

    La surveillance des points d’entrée prédéfinis (PoE ; et donc pas de l’intégralité du territoire) a été organisée conjointement par le Fédéral et les Entités Fédérées sous la forme du projet MEMO. Ce projet, coordonné par l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers (IMT), a débuté en 2017 pour une durée de trois ans.

    Toute détection est signalée à la Région concernée qui est chargée de la gestion des moustiques identifiés. Pour gérer ces actions de lutte sur le terrain, un prestataire a été sélectionné en Wallonie par appel d’offre. Le prestataire sélectionné est la société Avia-Gis. C’est bien cette société qui avait précédemment été en charge de la première population de moustiques japonais détecté à Natoye (Commune de Hamois, Province de Namur) à partir de 2013. Cette population était liée à la présence d’une entreprise locale d’importation de pneu. Cette population avait été considérée comme éradiquée fin 2015 ; toute action de piégeage s’étant à cette date avérée négative.

    Depuis l’entame du projet MEMO, des moustiques exotiques ont été détectés sur et autour des sites suivants :
    - Bridgestone Aircraft tires (Europe) sa à Frameries (BA) et Havelange Robert SPRL à Natoye (NA) (deux importateurs de pneus) ;
    - les parkings autoroutiers des sites de Wanlin (Houyet) (E5) et Hondelange (Messancy) (E2) ;
    - un jardin collectif dans la région d’Eupen (EU).

    Les codes BA, NA, E5, E2 et EU sont ceux utilisés pour désigner les PoE surveillés par l’IMT dans le cadre du projet MEMO. Les détections concernent des œufs, des larves et/ou des adultes en fonction de sites et des périodes de l’année. Le nombres de spécimens collectés à chaque site reste faible par rapport à la situation rencontrée à Natoye en 2013-2015.

    Les espèces détectées ne sont pas systématiques les mêmes :
    - Aedes albopictus (Moustique tigre) en BA, E5 et E2
    - Aedes japonicus (Moustique japonais) en NA et EU. Les origines de ces moustiques ne sont pas toujours les mêmes :
    - Probable nouvelle introduction par importation de pneu pour Ae. albopictus à BA et Ae. japonicus à Na,
    - Transport des spécimens adultes dans l’habitacle de véhicules (voitures ou camion) depuis la France pour Ae. albopictus à E5 et E2 et depuis l’Allemagne pour Ae. japonicus à EU. Il existe en effet des populations implantées d’Ae. japonicus en Allemagne où aucune gestion n’est actuellement pas appliquée.

    Les actions mises en œuvre par Avia-Gis consistent en :
    - Pour les sites industriels, des visites sont organisées au cours desquelles les gîtes larvaires potentiels sont identifiés et éliminés dans la mesure du possible (par exemple, stockage des pneus à l’intérieur). Ceux ne pouvant être éliminés (par exemple, les grands pneus et les puits d’égouts) sont traités (insecticide biologique) par des agents qualifiés. La nécessité de répéter le traitement dans une même zone au cours de la campagne de lutte est définie par la Région en accord avec le prestataire.
    - Pour les autres sites (parkings lots et jardin communautaire), des visites sont organisées dans un périmètre circulaire centré sur chacun d’entre eux. La suite de la procédure est identique à celle mise en place pour les sites industriels : visite des périmètres, identification et destruction des gîtes larvaires potentiels, traitement de ceux ne pouvant être éliminés.

    Pour le site de Natoye (NA), des actions de communications ont été organisées en collaboration avec les autorités communales et à destination des habitants de la commune dont une séance d’information publique le 27 septembre 2019 en soirée à l’école communale de Natoye.