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La mortalité des mésanges due aux produits phytosanitaires

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 10 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 01/10/2019
    • de FLORENT Jean-Philippe
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Depuis plus d'un an, une augmentation des cas de mortalité des mésanges a été constatée en Flandre et en Wallonie. Il ne s'agit pas d’un oisillon ou deux par nid, mais bien de portées entières qui ont été retrouvées totalement décimées.

    Alertées par des signalements de citoyens, deux associations flamandes (Vogelbescherming Vlaanderen et Vereniging voor Ebologish Leven en Tuinieren - VELT) ont réalisé une analyse des cadavres de poussins mésanges. Des traces de pas moins de 36 pesticides, fongicides, herbicides, insecticides et biocides ont été retrouvées sur les corps des mésanges dont des traces de DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane) pourtant interdit à la vente en Belgique depuis 1974.

    Les signalements reçus coïncident avec la saison à laquelle la pyrale du buis (papillon parasite) fait le plus de dégâts dans les haies et bordures entraînant une augmentation de l'utilisation de pesticides. L'étude relève que parmi les pesticides retrouvés dans le corps des mésanges, il y a trois substances (butoxyde de pipéronyle, indoxacarbe et spinosad) que l'on retrouve également dans les pesticides utilisés contre la pyrale du buis.

    Madame la Ministre a-t-elle des données similaires à celles publiées par les deux organisations flamandes pour ce qui concerne la Région wallonne ?

    Les pesticides incriminés sont-ils également utilisés en Wallonie ?

    Existe-t-il des traitements alternatifs (moins nocifs pour les mésanges) pour lutter contre la pyrale du buis ?
    Si oui lesquels ?

    Envisage-t-elle de sensibiliser professionnels et privés à ce problème et aux éventuelles solutions ?
  • Réponse du 28/02/2020
    • de TELLIER Céline
    Tout d’abord, il faut souligner que, d’un point de vue méthodologique, les analyses de l’étude menée en Flandre ont ciblé des cas de mortalités suspectes. De ce fait, les conclusions ne sont pas extrapolables en tant que telles. Par ailleurs, même si on peut le soupçonner, il n’est pas possible de conclure de façon certaine que les pesticides analysés sont à l’origine des mortalités constatées. La mortalité des oisillons pourrait aussi être liée à d’autres facteurs, seuls ou en combinaison : conditions climatiques, déclin des insectes, prolifération de maladies, et cetera.

    Ensuite, aucune analyse spécifique n’a été menée en Wallonie dans la mesure où les suivis globaux de l’avifaune par les associations naturalistes n’ont pas mis en évidence une mortalité anormalement élevée de jeunes mésanges, en comparaison avec les suivis antérieurs.

    En ce qui concerne les pesticides utilisés dans le cadre de la lutte contre la pyrale du buis, l’auteur relève trois substances actives qui pourraient être liées à la lutte contre la pyrale du buis : le pipéronyl butoxide, l’indoxacarbe et le spinosad. L’usage de l’indoxacarbe n’est plus autorisé en Belgique pour les utilisateurs non professionnels, tandis que l’usage du spinosad et du pipéronyl butoxide est autorisé pour les utilisateurs non professionnels. Ces pesticides ont été retrouvés dans 12 % des nids (11 sur les 95 nids analysés). Il ne paraît donc pas approprié de se focaliser sur ces produits en particulier, d’autant que ces substances sont également utilisées pour d’autres usages.
    Par ailleurs, les sites du Comité phyto (https://www.crphyto.be/comite-regional-phyto) ou de l’ASBL Adalia (https://www.adalia.be/) présentent à l’attention des professionnels et des particuliers diverses méthodes alternatives et mesures préventives pour faire face à la pyrale du buis, comme la méthode de taille, le ramassage manuel des chenilles, la pulvérisation d’eau à haute pression, et cetera.

    Finalement, l’autorisation de mise sur le marché d’une substance ou d’un produit relève respectivement des compétences de l’Union européenne et du SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement. Pour autant, si un problème criant lié à l’utilisation d’un produit en particulier était documenté, celui-ci serait bien entendu relayé vers l’autorité fédérale compétente, en vue d’une demande d’adaptation de la législation. Le cas échéant, l’interdiction du produit et de ses usages problématiques serait envisagée au niveau régional.