/

Les répercussions de l’incendie de l’usine Lubrizol sur la santé humaine

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 3 (2019-2020) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 08/10/2019
    • de VANDORPE Mathilde
    • à DI RUPO Elio, Ministre-Président du Gouvernement wallon
    Le 26 septembre dernier, un incendie s’est déclaré au sein de l’usine Lubrizol à Rouen, provoquant un important dégagement de fumée, ainsi que des retombées de suie. Beaucoup craignent pour la santé humaine, étant donné que Lubrizol est un site classé « SEVESO seuil haut ». En Belgique, le nuage aurait atteint notre pays 5 à 6 heures après le début du dégagement des fumées, soit dans la matinée du 26. Dans le Hainaut, des habitants ont signalé des dépôts localisés de suie.

    Monsieur le Ministre-Président a-t-il été alerté par le Centre de crise de Wallonie et la Cellule CELINE ? Quels contacts a-t-il pris d’initiative ? Quelles réponses a-t-il obtenues ? Quelles sont les procédures en application en la matière, en vue de protéger la santé de nos concitoyens ? Comment évalue-t-il les répercussions du nuage de Rouen sur la santé humaine ? A-t-il demandé des analyses approfondies ? En termes de prévention santé, quelles consignes les autorités wallonnes ont-elles communiquées à la population afin de prendre toutes les précautions nécessaires ? A-t-on recensé des problèmes particuliers de santé qui pourraient être liés au nuage de fumée et de suie, en particulier auprès des personnes plus « fragiles », « sensibles » ou ayant des pathologies respiratoires ? Et pour la suite, quelles mesures Monsieur le Ministre-Président envisage-t-il pour préserver la santé de nos concitoyens, notamment celles et ceux qui sont en contact avec des potagers qui pourraient être impactés ? Un suivi médical particulier a-t-il été mis en place ?

    Vu l’ampleur de l’incident, les autorités wallonnes ne peuvent se permettre de minimiser les risques sur la santé du nuage de Rouen. Il nous faut des données objectives, des résultats d’analyses poussées qui puissent nous offrir des certitudes.
  • Réponse du 07/11/2019
    • de DI RUPO Elio
    Je tiens tout d’abord à rappeler que concernant l’incendie de l’entreprise Lubrizol à Rouen le Gouvernement wallon a agi de façon coordonnée et proactive en la matière.

    Tant Céline Tellier, Ministre de l’Environnement, et Willy Borsus, Ministre de l’Agriculture, se sont impliqués personnellement.

    Les administrations compétentes collaborent également étroitement entre elles. Elles ont assuré un suivi rapproché du dossier depuis l’incendie.

    Le Centre régional de Crise de Wallonie (CRC-W), dont j’ai la charge, assure la coordination et le suivi.

    Dans les heures suivant l’accident, différents canaux d’information et d’alerte ont été mobilisés en Belgique et en Wallonie.

    Les échanges d’informations entre États membres de l’Union européenne en cas d’accident industriel dans des établissements SEVESO sont régis par la Convention sur les effets transfrontières des accidents industriels, signée à Helsinki le 17 mars 1992.

    Cette Convention a été transposée par un accord de coopération conclu entre l'État fédéral et les trois Régions du pays.

    Sur cette base, c’est le Centre de crise national qui a été informé le jeudi 26 septembre à 10h29 de l’existence d’un nuage de fumée ayant pris la direction de la Belgique. L’information française indiquait que le nuage ne présentait aucune toxicité aiguë.

    Les experts du Centre de crise national n’ont dès lors pas activé de procédure d’alerte des autorités locales.

    L’absence d’alerte le jeudi 26 n’a pas empêché les autorités wallonnes d’agir proactivement.

    Le jour même, Madame la Ministre TELLIER a sollicité son administration pour évaluer l’éventuel impact de la catastrophe de Rouen sur l’environnement en Wallonie.

    Par la suite, le CRC-W a été formellement activé par les autorités le vendredi 27 à 16h48 pour effectuer un suivi coordonné de la situation.

    Toute une série d’analyses a été menée rapidement par les organes compétents, dont la cellule interrégionale de l’Environnement (CELINE), l’Institut royal de météorologie (IRM), l’Institut scientifique de Service public (ISSEP), le SPW Environnement et l’Agence wallonne de l’Air et du Climat. Sur base de ce travail et des informations venant de France, le CRC‑W a rapidement exclu tout impact significatif de l’incendie de Rouen sur l’environnement et la santé en Wallonie.

    Il est important de noter également que ni les zones de secours de la province de Hainaut ni le centre d’appel du 112 provincial n’ont reçu d’appel de citoyen, dans les jours qui ont suivi l’incendie, pour des problèmes de retombées de suies.

    Afin d’assurer une évaluation dans la durée, l’ISSeP a réalisé plusieurs analyses en vue de lever tout doute sur les retombées éventuelles du nuage de Rouen sur le territoire wallon et confirmer l’absence d’impact sur l’environnement et la santé de la population.

    L’ISSeP a réalisé ces analyses suivant le protocole qui avait été annoncé. Les prélèvements ont été réalisés dans des zones potentiellement touchées par des retombées de suies, en s’appuyant sur la modélisation de la trajectoire du nuage fournie par l’IRM. Des prélèvements de poussières ont été faits dans les jauges du réseau de surveillance de la qualité de l’air et des prélèvements superficiels de sol et de végétaux ont été réalisés sur des parcelles agricoles.

    Les premiers résultats fournis par l’ISSeP démontrent qu’aucune pollution spécifique ne résulte du passage de ce nuage en Wallonie et qu’aucun pic de pollution ne peut lui être attribué.

    En ce qui concerne l’analyse des poussières, les concentrations sont normales pour les 32 composés organiques volatils et les résultats ne montrent aucune hausse de concentration pour les 17 composés d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) testés.

    L’analyse des végétaux, en l’occurrence des feuilles de betterave et de maïs, révèle que sur les seize substances de type HAP recherchées, treize ne sont pas détectées et trois sont présentes en quantité minime, inférieure au seuil de détection. En outre, ces trois substances ne sont pas présentes de manière systématique sur tous les échantillons, excluant donc une origine commune telle que le nuage de suies de Rouen.

    Les résultats des analyses de sol montrent qu’aucun échantillon prélevé ne présente de dépassement par rapport aux valeurs seuils du Décret sols, tant pour les composés organiques volatils que les HAP. Les valeurs seuils sont les niveaux de concentration des polluants dans le sol au-delà desquels une étude et des mesures de sécurité ou de suivi doivent être mises en œuvre.

    Ces premiers résultats confirment l’analyse précoce des services régionaux réalisée dans les heures qui ont suivi le passage du nuage.

    Des résultats complémentaires d’analyse sur l’eau seront disponibles très prochainement. Le rapport définitif de l’ISSeP sera ensuite porté à la connaissance du grand public via les canaux d’information du Service public de Wallonie.

    On peut le constater, le Gouvernement et les administrations wallonnes assurent un suivi rapproché et sérieux, depuis la survenance de l’incendie, et qui s’inscrit dans la durée.