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L'avenir de la chasse en Wallonie

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 16 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 08/10/2019
    • de COURARD Philippe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Jamais le fossé entre les « antis » et les « pros » chasse ne semble avoir été aussi grand. Il semble évident que lors de la crise de la peste porcine africaine, certains abus dans les pratiques ont fini par creuser ce fossé. Pourtant, étant issu d'une province où la pratique de la chasse fait partie des mœurs voire de la culture, je n'ai de cesse de plaider pour un respect mutuel entre les acteurs de la ruralité. Il y a, dans l'espace wallon, de la place pour les chasseurs, pour les naturalistes, pour les touristes ou pour les mouvements de jeunesse.

    Si la question du nourrissage dissuasif du grand gibier est souvent au cœur des réflexions, d'autres éléments sont également mis en évidence.

    Concernant le nourrissage dissuasif, la Wallonie peut, si elle le souhaite, disposer d'éléments objectifs de son impact sur les populations de grand gibier. En effet, il y a des zones entières dans lesquelles le nourrissage n'est pas autorisé. Constate-t-on, dans les forêts domaniales où le nourrissage dissuasif n'est pas autorisé, une diminution du nombre de sangliers ?

    En 2012, le Ministre de l'Environnement avait imposé des restrictions dans les pratiques du nourrissage. A-t-on constaté une diminution des populations à cette occasion ?

    Comme je l'ai dit, dans la Province de Luxembourg, la chasse fait partie des activités traditionnelles du monde rural. Ouvriers, indépendants, employés, enseignants... toutes les catégories socioprofessionnelles se côtoient à la chasse, il y a également de nombreux échanges intergénérationnels entre grands-parents, parents et enfants. C'est pourquoi j'ai été assez surpris de voir certains plaider pour l'interdiction de chasse les week-ends et jours fériés. Une telle interdiction rendrait impossible la pratique de la chasse pour de nombreux travailleurs qui ne savent pas prendre congé en semaine.

    Quelle est la position du Gouvernement sur ce sujet ?
  • Réponse du 24/10/2019
    • de BORSUS Willy
    La crise de la peste porcine africaine a effectivement été le prétexte à raviver certaines oppositions à la chasse, qui ne sont pas nouvelles. Ce serait à mon avis une erreur de penser que ces oppositions sont partagées par l’ensemble de la société.

    Comme l’honorable membre le relève fort justement, il y a de la place pour tous, et les différents acteurs qui se partagent l’espace rural le font tout de même souvent en bonne entente.

    Le débat autour du nourrissage dissuasif du sanglier cristallise en partie ces oppositions. Certains attribuent en effet à cette pratique la cause des densités excessives de sangliers, alors qu’objectivement, de telles densités sont aussi observées sur des territoires où l’on ne nourrit pas le sanglier, comme les forêts domaniales. Des pays où le nourrissage est interdit sont, comme nous, confrontés à des populations de sangliers trop importantes. Il serait donc totalement illusoire de penser qu’une interdiction du nourrissage solutionnerait, comme par miracle, tous nos problèmes avec le sanglier. Aujourd’hui, le climat et les ressources alimentaires disponibles, dont en particulier les fructifications forestières de plus en plus fréquentes et abondantes, font que l’effet que peut avoir le nourrissage artificiel sur la dynamique des populations de sangliers est très atténué. Le véritable problème, on le connaît : le nourrissage permet à certains territoires de maintenir en leur sein des populations de sangliers excédentaires, qui ne sont pas suffisamment régulées. Mais la quiétude ou la richesse et l’abondance de ressources alimentaires naturelles peuvent avoir le même effet ...

    Je rappelle que selon la Déclaration de politique régionale, les périodes et les méthodes de nourrissage doivent être conditionnées aux critères suivants :
    - les nourrissages ne pourront avoir pour but que d’éviter les dégâts aux cultures et aux pâtures ;
    - ils devront soutenir une diminution de densité des populations.

    En clair, la réglementation sur le nourrissage doit faire en sorte, si c’est possible, que le nourrissage ait réellement le caractère dissuasif que lui impose la loi sur la chasse.

    Concernant la problématique de la chasse les week-ends et jours fériés, je suis assez sensible à l’analyse pertinente faite par l’honorable membre. J’ajoute que dans le contexte actuel, où il y a un consensus général - même au sein du monde de la chasse - pour réduire les populations de sangliers et la volonté du Gouvernement d’œuvrer dans ce sens, il serait tout de même assez paradoxal pour ce dernier de décider d’interdire la chasse les week-ends et les jours fériés. Ce n’est évidemment pas en supprimant des jours de chasse et en imposant ainsi de nouvelles contraintes aux chasseurs que ceux-ci pourront aisément augmenter la pression cynégétique sur les sangliers. Sachant que les territoires de chasse sont habituellement parcourus en moyenne trois ou quatre fois au cours de la période d’octobre à décembre, le partage de la forêt entre ses différents utilisateurs me semble tout à fait possible. Ce qu’il faut dès lors faire, c’est favoriser la circulation de l’information, comme cela se fait déjà à l’échelle locale où il est possible de savoir sur quel territoire on chasse tel week‑end.