/

La qualité de l’air en Wallonie

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 4 (2019-2020) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 08/10/2019
    • de PECRIAUX Sophie
    • à DI RUPO Elio, Ministre-Président du Gouvernement wallon
    Dans la nuit du 25 au 26 septembre dernier, un incendie s’est déclaré dans l’usine Lubrizol de Rouen. Il s’agit d’une usine classée SEVESO et les dégagements de fumée ont été importants.

    Comme la Wallonie dispose d’un réseau de stations télémétriques, a-t-on constaté une dégradation de la qualité de l’air en Wallonie après cet incendie ?

    De même, en France, quelques heures après l’incendie, des pluies noires ont été constatées. Des constats semblables ont-ils été constatés chez nous ?

    D’une manière générale, on se souviendra que les derniers mois ont été marqués par un litige entre l’ONG Greenpeace et le prédécesseur de Monsieur le Ministre-Président. En effet, l’ONG critiquait le réseau de stations télémétrique estimant que celui-ci ne permettait pas d’avoir une vision objective de la qualité de l’air chez nous.

    Quelle est son analyse de la situation ?

    Envisage-t-il un déplacement des stations ou estime-t-il qu’elles sont bien placées ?
  • Réponse du 07/11/2019
    • de DI RUPO Elio
    Je tiens tout d’abord à rappeler que concernant l’incendie de l’entreprise Lubrizol à Rouen le Gouvernement wallon a agi de façon coordonnée et proactive en la matière.

    Tant Céline Tellier, Ministre de l’Environnement, et Willy Borsus, Ministre de l’Agriculture, se sont impliqués personnellement.

    Les administrations compétentes collaborent également étroitement entre elles. Elles ont assuré un suivi rapproché du dossier depuis l’incendie.

    Le Centre régional de Crise de Wallonie (CRC-W), dont j’ai la charge, assure la coordination et le suivi.

    Dans les heures suivant l’accident, différents canaux d’information et d’alerte ont été mobilisés en Belgique et en Wallonie.

    C’est le Centre de crise national qui a été informé le jeudi 26 septembre à 10h29 de l’existence d’un nuage de fumée ayant pris la direction de la Belgique. L’information française indiquait que le nuage ne présentait aucune toxicité aiguë.

    Les experts du Centre de crise national n’ont dès lors pas activé de procédure d’alerte des autorités locales.

    L’absence d’alerte le jeudi 26 n’a pas empêché les autorités wallonnes d’agir proactivement.

    Le jour même, Madame la Ministre TELLIER a sollicité son administration pour évaluer l’éventuel impact de la catastrophe de Rouen sur l’environnement en Wallonie.

    Par la suite, le CRC-W a été formellement activé par les autorités le vendredi 27 à 16h48 pour effectuer un suivi coordonné de la situation.

    Toute une série d’analyses a été menée rapidement par les organes compétents, dont la cellule interrégionale de l’Environnement (CELINE), l’Institut royal de météorologie (IRM), l’Institut scientifique de Service public (ISSEP), le SPW Environnement et l’Agence wallonne de l’Air et du Climat.

    Sur base de ce travail et des informations venant de France, le CRC‑W a rapidement exclu tout impact significatif de l’incendie de Rouen sur l’environnement et la santé en Wallonie.

    En particulier, pour ce qui concerne la qualité de l’air, CELINE a informé le CRC-W qu’aucun impact du nuage sur la qualité de l’air n’avait été détecté, la qualité de l’air étant restée bonne avant, pendant et après le passage du nuage.

    S’agissant d’une potentielle pollution atmosphérique relevant des compétences régionales, c’est le rôle de CELINE de donner l’alerte en cas de dépassement de seuil en particules fines.

    Un léger signal a toutefois été perçu au niveau du carbone suie, présent dans le nuage, dans un axe allant de la frontière française vers Gand et Anvers. En Wallonie, ce signal n’était déjà plus perceptible au niveau de Charleroi.

    Les sources principales de carbone suie sont en temps normal le transport et le chauffage. D’après CELINE, les concentrations en carbone suie du nuage au-dessus du territoire étaient inférieures d’un facteur 100 000 par rapport au cœur de l’incendie et inférieures à certains pics saisonniers en Belgique.

    Il est important de noter également que ni les zones de secours de la province de Hainaut ni le centre d’appel du 112 provincial n’ont reçu d’appel de citoyen, dans les jours qui ont suivi l’incendie, pour des problèmes de retombées de suies.

    J’en profite pour indiquer qu’en matière de qualité de l’air, le réseau de surveillance télémétrique en continu donne des informations qui sont immédiatement disponibles à la population. Un rapport reprenant l’ensemble des observations des stations télémétriques est disponible sur le site wallon de la qualité de l’air.

    Les questions relatives au réseau de mesure de la pollution de l’air en Wallonie en général peuvent être posées à la Ministre Céline Tellier, vu qu’elles dépassent le cadre de l’incendie de Rouen.

    Enfin, afin d’assurer une évaluation dans la durée, l’ISSeP a réalisé plusieurs analyses en vue de lever tout doute sur les retombées éventuelles du nuage de Rouen sur le territoire wallon et confirmer l’absence d’impact sur l’environnement et la santé de la population.

    L’ISSeP a réalisé ces analyses suivant le protocole qui avait été annoncé. Les prélèvements ont été réalisés dans des zones potentiellement touchées par des retombées de suies, en s’appuyant sur la modélisation de la trajectoire du nuage fournie par l’IRM. Des prélèvements de poussières ont été faits dans les jauges du réseau de surveillance de la qualité de l’air et des prélèvements superficiels de sol et de végétaux ont été réalisés sur des parcelles agricoles.

    Les premiers résultats fournis par l’ISSeP démontrent qu’aucune pollution spécifique ne résulte du passage de ce nuage en Wallonie et qu’aucun pic de pollution ne peut lui être attribué.

    En ce qui concerne l’analyse des poussières, les concentrations sont normales pour les 32 composés organiques volatils et les résultats ne montrent aucune hausse de concentration pour les 17 composés d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) testés.

    L’analyse des végétaux, en l’occurrence des feuilles de betterave et de maïs, révèle que sur les seize substances de type HAP recherchées, treize ne sont pas détectées et trois sont présentes en quantité minime, inférieure au seuil de détection. En outre, ces trois substances ne sont pas présentes de manière systématique sur tous les échantillons, excluant donc une origine commune telle que le nuage de suies de Rouen.

    Les résultats des analyses de sol montrent qu’aucun échantillon prélevé ne présente de dépassement par rapport aux valeurs seuils du Décret sols, tant pour les composés organiques volatils que les HAP. Les valeurs seuils sont les niveaux de concentration des polluants dans le sol au-delà desquels une étude et des mesures de sécurité ou de suivi doivent être mises en œuvre.

    Ces premiers résultats confirment l’analyse précoce des services régionaux réalisée dans les heures qui ont suivi le passage du nuage.

    Des résultats complémentaires d’analyse sur l’eau seront disponibles très prochainement. Le rapport définitif de l’ISSeP sera ensuite porté à la connaissance du grand public via les canaux d’information du Service public de Wallonie.

    On peut le constater, le Gouvernement et les administrations wallonnes assurent un suivi rapproché et sérieux, depuis la survenance de l’incendie, et qui s’inscrit dans la durée.