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Les suites de l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 5 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 17/10/2019
    • de BLANCHART Philippe
    • à DI RUPO Elio, Ministre-Président du Gouvernement wallon
    Le jeudi 26 septembre dernier, un incendie s'est déclaré dans l'usine Lubrizol de Rouen, dégageant des fumées toxiques dont le nuage a pris la direction de la Wallonie.

    Inutile de rappeler les éléments de réponse que Monsieur le Ministre-Président a déjà développés lors des différentes questions à ce sujet, à savoir notamment que les autorités françaises ont rapidement écarté le risque de toxicité aiguë pour ces fumées.

    Il restait cependant plusieurs interrogations en suspens et c'est sur ces dernières que je souhaiterais l’interroger.

    D'abord, il avait annoncé qu'un débriefing de l'événement serait réalisé en coordination entre le Centre de crise, l'ISSeP, l'AWAC, le SPW environnement et tout autre intervenant pertinent pour améliorer encore davantage la gestion de ce type de situation. Ce débriefing a-t-il déjà eu lieu et, si oui, qu'en est-il ressorti ?

    Ensuite, afin de réaliser une évaluation dans la durée, le Gouvernement a missionné l'ISSeP pour mettre en place un protocole de suivi de l'événement. L'ISSeP, qui dispose d'un réseau de suivi de l'air, de l'eau et du sol, va donc effectuer des analyses pour investiguer tout éventuel impact notamment concernant les légumes et les potagers. Ces résultats sont-ils déjà disponibles ?
    Enfin, les premiers résultats d'analyses des autorités françaises sur la détection de dioxines dans l'air - résultats publiés dans la presse du 9 octobre - après l'incendie de Lubrizol, ne sont pas rassurants, notamment dans la Commune de Préaux (au nord-est de Rouen) où ils sont quatre fois supérieurs à la normale, selon l'organisme expert Atmo Normandie.
    Les autorités françaises ont-elles communiqué d'autres résultats d'analyse de l'air sur la trajectoire du nuage, et notamment dans les zones frontalières à la Wallonie ? En France, les limites des capteurs aériens pour les particules fines ont été remises en question. Qu’en est-il de notre matériel? Quels sont les types de pollutions qui peuvent être prévenues par notre matériel ?
  • Réponse du 25/11/2019
    • de DI RUPO Elio
    Concernant le débriefing de l’incendie de Rouen et de sa gestion en Wallonie, j’ai le plaisir d’informer l’honorable membre que des échanges approfondis entre les acteurs régionaux ont en effet été programmés. Ils se tiendront dans les prochains jours, notamment entre le Centre régional de crise et le SPW Environnement sur la thématique SEVESO. Le Centre de crise doit également rencontrer l’ISSeP en décembre concernant la surveillance de l’environnement en cas d’accident industriel en Wallonie ou en dehors des frontières régionales. L’objectif reste d’améliorer les procédures et la coordination en cas d’accident similaire.

    Par ailleurs, suite aux demandes formulées par le Gouvernement à l’ISSeP, il apparaît que les résultats fournis sont rassurants. L’ISSeP a communiqué les résultats complets de ses analyses le 18 novembre 2019. Aucune pollution spécifique n’a pu être mise en évidence suite au passage en Wallonie du nuage lié à l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen et aucun pic de pollution ne peut lui être attribué.

    Afin d’assurer une évaluation dans la durée, l’ISSeP a réalisé plusieurs analyses en vue de lever tout doute sur les retombées éventuelles du nuage de Rouen sur le territoire wallon et confirmer l’absence d’impact sur l’environnement et la santé de la population.

    L’ISSeP a réalisé ces analyses suivant le protocole qui avait été annoncé. Les prélèvements ont été réalisés dans des zones potentiellement touchées par des retombées de suies, en s’appuyant sur la modélisation de la trajectoire du nuage fournie par l’IRM. Des prélèvements de poussières ont été faits dans les jauges du réseau de surveillance de la qualité de l’air et des prélèvements superficiels de sol et de végétaux ont été réalisés sur des parcelles agricoles.

    En ce qui concerne l’analyse des poussières, les concentrations sont normales pour les 32 composés organiques volatils et les résultats ne montrent aucune hausse de concentration pour les 17 composés d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) testés.

    L’analyse des végétaux, en l’occurrence des feuilles de betterave et de maïs, révèle que sur les 16 substances de type HAP recherchées, 13 ne sont pas détectées et trois sont présentes en quantité minime, inférieure au seuil de détection. En outre, ces trois substances ne sont pas présentes de manière systématique sur tous les échantillons, excluant donc une origine commune telle que le nuage de suies de Rouen.

    Les résultats des analyses de sol montrent qu’aucun échantillon prélevé ne présente de dépassement par rapport aux valeurs seuils du Décret « sols », tant pour les composés organiques volatils que les HAP. Les valeurs seuils sont les niveaux de concentration des polluants dans le sol au-delà desquels une étude et des mesures de sécurité ou de suivi doivent être mises en œuvre.

    Ces premiers résultats confirment l’analyse précoce des services régionaux réalisée dans les heures qui ont suivi le passage du nuage.

    Les derniers résultats d’analyse visant à s’assurer de la qualité de l’eau ont été portés à notre connaissance le jeudi 7 novembre 2019. Ils sont tout à fait rassurants.

    Pour s’assurer de la qualité de l’eau des eaux de surface et pour identifier un éventuel impact du nuage venu de Rouen, l’ISSeP a recherché la présence de différents polluants dans les échantillons prélevés. En ce qui concerne les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), rien d’inhabituel n’a été identifié. De plus, aucune présence d’hydrocarbure n’a été détectée dans les échantillons analysés. Il convient également de souligner que les valeurs obtenues pour l’indice phénol sont basses. En effet, elles sont inférieures ou très proches de la limite de quantification analytique. Enfin, en ce qui concerne la présence de métaux dans les échantillons, les valeurs sont dans les normes.

    En ce qui concerne la commune de Préaux, les concentrations élevées en dioxines qui y ont été relevées s’expliquent par la proximité immédiate de l’agglomération de Rouen et une localisation dans l’axe direct du nuage de fumée résultant de l’incendie. Cependant, l’ATMO Hauts-de-France, qui a réalisé conjointement à l’ATMO Normandie des relevés plus proches de la Wallonie, notamment à Lille, n’a pas mis en évidence de concentrations problématiques en dioxine à plus longue distance du site de Lubrizol.

    Enfin, l’analyse des polluants atmosphériques par les réseaux de mesures wallons est conforme aux méthodes analytiques prescrites par les directives européennes relatives à la qualité de l’air (directives 2008/50/CE et 2004/107/CE). La mise en œuvre de ces directives fait l’objet d’une accréditation de type « assurance qualité ». Les polluants qui sont suivis en continu par les réseaux sont les particules fines (PM2.5-PM10), l’ozone, le monoxyde de carbone, les oxydes d’azote, le dioxyde de soufre et le black carbone, alors que les éléments métalliques, les composés organiques volatils, les hydrocarbures aromatiques polycycliques sont quantifiables après analyse des échantillons en laboratoire.