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La consommation énergétique des structures aéroportuaires wallonnes

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 9 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 18/10/2019
    • de KAPOMPOLE Joëlle
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    La Wallonie bénéficie d’une très belle ouverture sur l’Europe et le monde grâce à nos aéroports.

    Dans le contexte de réchauffement climatique actuel et de nécessaires prises de conscience de l'urgence qu'il y a à responsabiliser les structures les plus énergivores, j’aimerais demander si Monsieur le Ministre sait plus ou moins quelle est la consommation énergétique des structures aéroportuaires wallonnes.

    A-t-il une idée du pourcentage de l’utilisation d’énergies renouvelables au sein de ces structures ?

    Quelle est l’autonomie énergétique wallonne de ces structures ?
  • Réponse du 12/11/2019
    • de CRUCKE Jean-Luc
    En ce qui concerne Liège Airport

    Depuis 2011, les contrats de fourniture d’électricité de Liège Airport sont des contrats d’électricité 100 % verts.

    Cela étant, Liège Airport souhaite diminuer sa dépendance au réseau et diminuer sa consommation d’électricité. Cela passe par deux types de mesures :

    * L’autoproduction d’énergie via une unité de cogénération couplée à un réseau de chaleur installée en 2015. Au départ du gaz naturel, l’unité de cogénération :
    - Produit de la chaleur véhiculée au travers d’un réseau de chaleur permettant de chauffer plusieurs bâtiments en remplacement des chaudières à mazout préexistantes ;
    - Grâce à un échangeur (chiller), transforme une partie de la chaleur produite en froid pour réfrigérer le Terminal Passagers ;
    - Produit de l’électricité injectée dans le réseau interne de l’aéroport.
    - La cogénération a permis de diminuer la consommation de mazout de l’aéroport de 75 % entre 2010 et 2017. En 2017, 20 % de la consommation électrique de l’aéroport provenait de la cogénération.

    * Une première série d’installations photovoltaïques (1 MWc en cumulé) ont été mises en place sur les toitures existantes. D’ici 2020, cette puissance sera doublée. La mise en place de panneaux photovoltaïques sur de plus grandes superficies est à l’étude.

    La recherche et la mise en œuvre de moyens afin de diminuer les consommations (la meilleure énergie étant celle qui n’est pas consommée) sont également d’actualité :

    - Géothermie : le bâtiment de bureaux B50 est équipé d’un système de géothermie qui puise la chaleur de la nappe aquifère en hiver pour chauffer le bâtiment et qui rejette la chaleur vers la nappe aquifère afin de le rafraîchir en été. Cette installation permet de réduire l’énergie nécessaire à la climatisation du bâtiment de l’ordre de 49 %.
    - Eclairage LED : pour limiter ses besoins en électricité, Liege Airport et la SOWAER recourent de plus en plus à la technologie LED pour l’éclairage des bâtiments et des installations et pour le balisage de l’aéroport. L’économie moyenne pour le passage de la technologie halogène au LED est de l’ordre de 50 %. En 2019, l’ensemble des taxiways sont équipés de balises LED tandis que les pistes le sont à +/- 50 %.

    Pour les bâtiments les plus anciens, Liege Airport fera réaliser en 2020 un audit complet de leur performance énergétique (chauffage, climatisation, éclairage) afin d’établir les actions à mener en priorité, sur base des économies d’énergie réalisables et du retour sur investissement attendu.

    Pour les nouveaux bâtiments à construire, la performance énergétique est prise en compte dès la phase d’avant-projet.

    Par ces mesures, dès 2020, 30 % de la consommation électrique de l’aéroport proviendra du photovoltaïque et de la cogénération. Grâce à ces installations et à l’amélioration de leur efficience, la consommation électrique depuis le réseau de distribution devrait diminuer de 35 % en 2022.

    À côté de ces éléments portant sur les bâtiments et infrastructures, Liege Airport travaille, en collaboration avec John Cockerill (ex-CMI), à la mise sur pied d’une station de production et de distribution d’hydrogène vert (produit à partir d’électricité verte). L’objectif est de pouvoir approvisionner des véhicules en fonction des disponibilités de ce type de technologie sur le marché des véhicules. Ce projet intéresse déjà plusieurs handlers et transporteurs actifs sur le site de l’aéroport. Liege Airport examine aussi un projet de navettes pour le transport des travailleurs sur le site entre un parking voitures centralisé et leurs entreprises en coordination avec une ligne express (à opérer par l’OTW) entre la gare de Liège-Guillemins et Liege Airport. L’objectif est de faire en sorte que ces navettes soient propulsées à l’hydrogène.



    En ce qui concerne BSCA

    BSCA souhaite agir sur les paramètres qu’il peut maîtriser et se penche activement sur la question de réduction de son impact environnemental et notamment le recours aux énergies vertes.
    Le CEO de BSCA a d’ailleurs eu l’occasion de présenter ce point particulier au Parlement wallon, le 21 octobre dernier. BSCA a en effet établi un plan stratégique en matière de développement durable, celui-ci comprend notamment un volet énergétique.
    Ce plan a d’ores et déjà été présenté et approuvé par le comité de direction de BSCA et a été soumis à son Conseil d’administration, fin octobre.

    Néanmoins, d’ores et déjà des initiatives ont déjà été lancées par BSCA en ce qui concerne les économies d’énergie.

    1. Optimisation de la production de chaleur et de froid :

    * Mise en place de chaudières à très haut rendement. Le site aéroportuaire compte 11 chaudières à condensation à très haut rendement, pour une puissance installée de 5,4 MW, qui permettent d’optimiser la consommation de combustible, réduisant ainsi les émissions de gaz à effet de serre. Dans l’ancien terminal Sud, ces chaudières ont remplacé d’anciennes chaudières au fioul en 2017, avec comme résultat une économie de combustible de 20 %, soit 42 tCO2 par an. C’est également le cas du hangar S14 comprenant le service incendie et la zone de fret.

    * Mise en place d’une centrale de cogénération pour la production d’une puissance de 70KW en appoint d’eau chaude pour les systèmes de chauffage et la production d’électricité. Sa production annuelle d’environ 125 000 kWh permet un gain en énergie primaire qui s'accompagne d'une réduction sensible des émissions polluantes.

    * Mise en place d’une production d’eau glacée pour les installations de climatisation du type « stockage de glace ». Ce système permet la production de froid pendant la nuit et une utilisation de l’énergie stockée pendant la journée. Cette installation favorise la consommation électrique à un tarif réduit et contribue à une gestion intelligente de la consommation globale de l’aéroport.

    * Installation de groupes de ventilation à double-flux permettant une préparation de l’air entrant dans le circuit de ventilation et une économie d’énergie.

    * Remplacement du groupe de production de froid au sein du hangar S7 par un système plus performant.

    * Recours à des unités à l’ammoniaque. Engie exploite des unités à l’ammoniaque d’une puissance totale de 850 kW. Ces unités présentent un coefficient de performance de 4 à 6, bien meilleur que celui des unités traditionnelles (2,5), permettant une économie d’énergie de 30 % environ.

    * Optimisation de l’éclairage. Une série d’initiatives ont été prises pour réduire la consommation électrique liée à l’éclairage du site et des bâtiments :
    - Remplacement systématique par des LED de l’éclairage existant, depuis 2010. Au niveau des bâtiments, 400 lampes de type LED ont été installées, consommant 4 fois moins que les lampes précédentes, pour une économie annuelle de 70 MWh/an, équivalent à 28 t CO2. Au niveau du balisage, la technologie LED permet une économie de 70 % pour l’éclairage des pistes.

    - Mise en place d’un système de gestion de l’éclairage intelligent. Cette gestion permet l’optimisation de la consommation d’électricité, par exemple l’allumage automatique de l’éclairage dans les couloirs, les bureaux et/ou en fonction des conditions d’ensoleillement dans le bâtiment.

    - Utilisation maximale de la lumière naturelle. Lors de la phase de conception des bâtiments, une attention particulière a été attachée à permettre une utilisation maximale de la lumière naturelle, notamment via le recours à de grandes baies vitrées.

    * Optimisation de l’infrastructure IT. Le recours à des serveurs virtuels a permis de limiter la consommation d’énergie (alimentation des serveurs, refroidissement des locaux) et de libérer de l’espace dans le terminal.

    * Intégration des économies d’énergie aux marchés publics. Chaque fois que faire se peut, la consommation énergétique est intégrée au sein des critères d’attribution des marchés de travaux et de fourniture.


    2. En ce qui concerne le recours aux énergies renouvelables :

    * Recours aux pompes à chaleur. Depuis sa construction, le terminal T1 a subi plusieurs adaptations et certaines installations techniques ont été modifiées avec l’ajout de pompes à chaleur avec coefficient de performance élevé. De telles pompes à chaleur sont également installées dans le terminal T2 (air-air, avec batterie récupération) et elles le seront dans les futurs bâtiments quand cela est possible.

    * Installation de panneaux photovoltaïques. BSCA a récemment approuvé un projet d’installation de panneaux solaires photovoltaïques sur le toit du terminal T2 (surface de 4 347 m²) via un mécanisme de tiers investisseur. L’installation pourra fournir jusqu’à 500 kW en crête.

    La production annuelle attendue est de 466 MWh/an. Cela permettra d’éviter la production de près de 212 t CO2/an et conduira à une économie de plus de 1 million d’euros sur la durée de vie attendue du projet (25 ans). Les certificats verts ont été octroyés à partir du 26/12/2018 pour une période de 10 ans.