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La détresse numérique d'un million de Wallons

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 29 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 21/10/2019
    • de BLANCHART Philippe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    À l'heure du numérique, une grande fracture est présente en Wallonie. Un article de presse récent faisait état du fait qu'un million de Wallons âgés de 15 ans et plus présentent une faible maîtrise des outils numériques, ce qui représente 34 % de la population de la Région wallonne. Selon cet article, 20 % des Wallons ne possèdent pas le niveau élémentaire requis et sont donc en situation de fracture numérique et 14 % sont considérés comme usagers faibles. Ils représentent une cible prioritaire des actions contre l'exclusion numérique. La Déclaration de politique régionale y accorde un chapitre entier, où il est souligné que « l'axe numérique doit être renforcé et des efforts supplémentaires doivent être consentis pour lutter contre la fracture numérique » tout en se focalisant sur les demandeurs d'emploi. À ce titre, différentes aides seront accordées à ces personnes, ce que nous ne pouvons qu'encourager.

    Cependant, les facteurs qui influencent le niveau de maîtrise des technologies sont l'âge, le niveau d'études, la catégorie socioprofessionnelle et le genre. Par conséquent, en Wallonie, 55 % des foyers non équipés de terminaux numériques ont un chef de ménage âgé de 70 ans ou plus, dont 45 % sont des couples sans enfant et 26 % de femmes seules. Les personnes les moins diplômées, représentant 59 % des Wallons, sont d'ailleurs elles aussi peu équipées.

    Quelles mesures seront prises par le Gouvernement pour ces personnes éprouvant des difficultés ?

    Quelles sont les solutions de Monsieur le Ministre qui permettront de pallier à cette fracture qui concerne surtout les plus jeunes et les moins diplômés de notre région ?
  • Réponse du 07/11/2019
    • de BORSUS Willy
    La fracture numérique est effectivement bien loin d’avoir disparu même si elle a évolué dans sa nature. Jusqu’il y a peu, c’était essentiellement l’absence d’équipement ou de terminal pour se connecter à internet qui servait d’étalon pour évaluer l’ampleur de la fracture numérique. Certes, il faut se réjouir de voir le nombre de personnes incapables de se connecter faute de matériel ou de couverture se réduire significativement cette année. Toutefois, la seule évaluation de la possibilité de se connecter n’est plus suffisante pour rendre compte de la capacité des citoyens à exploiter les ressources d’internet, particulièrement à un moment où de plus en plus d’entreprises et d’administrations proposent des services via ce canal, et même parfois exclusivement via ce canal.

    Aussi, comme le décrit la Déclaration de politique régionale, le Gouvernement compte prendre des mesures ambitieuses pour répondre à ce défi dans le cadre de sa stratégie numérique, Digital Wallonia. Notre plan d’action s’articulera selon trois axes complémentaires visant d’abord à apporter le soutien nécessaire à nos concitoyens selon des modalités adaptées à leurs spécificités, ensuite à enrichir le territoire wallon avec des lieux au service de l’inclusion numérique et enfin à garantir une couverture internet de qualité au service de l’inclusion numérique.

    Le premier axe consiste donc à détecter, diagnostiquer puis accompagner les publics qui restent distants du numérique. À cette fin, il conviendra d’apporter, de façon plus souple et plus dynamique qu’aujourd’hui, les compétences numériques de base aux demandeurs d’emploi qui n’en disposent pas. Une réorganisation du Plan Mobilisateur TIC (PMTIC) pourrait être envisagée de sorte à répondre à cette nécessité. Ensuite, il faut apporter un support particulier aux publics qui constituent la majeure partie des personnes en situation de fracture numérique. Pour cela, je compte développer des partenariats nouveaux avec les associations qui leur sont déjà familières, telle que la Fondation Roi Baudouin avec qui nous entretenons déjà des discussions en ce sens.

    Le deuxième axe consiste à enrichir notre territoire de lieux au service de l’inclusion numérique tels que les Espaces Publics Numériques (EPN). Aujourd’hui, nous disposons de 176 de ces espaces répartis dans 130 communes, mais dont certains n’offrent que des services limités. Mon objectif est donc double. Il s’agit premièrement de multiplier ces lieux pour porter leur nombre à 200. Il s’agit ensuite de charger ces espaces de développer un programme commun d’acquisition de compétences minimales spécifiquement destiné aux publics fragilisés que cite l'honorable membre, à savoir les demandeurs d’emploi et les séniors qui constituent la majeure partie des usagers types de ces espaces.

    Le troisième axe, indispensable à la bonne marche des deux premiers, consiste à poursuivre le développement de la connectivité du territoire, évidemment essentielle à la réduction de la fracture numérique. À cet effet, j’ai déjà chargé l’Agence du Numérique d’entamer des discussions avec les opérateurs de télécommunication en vue de l’établissement d’un accord-cadre qui devrait permettre de poursuivre et d’amplifier l’excellent travail déjà mené dans le cadre de l’accord « Tax On Pylons » (dit « Accord TOP »).

    Pour ce qui concerne le jeune public, il convient de citer, parallèlement aux actions d’inclusion numérique qui viennent d’être développées, l’ambitieux plan visant à équiper les écoles du matériel numérique nécessaire au développement des projets pédagogiques numériques portés par les enseignants eux-mêmes et à doter ces écoles de la connectivité nécessaire pour que ces enseignants puissent enrichir leurs cours de ressources numériques et qu’il puissent ainsi sensibiliser sinon former nos écoliers au numérique. Il convient également de citer d’autres projets tels que Coder Dojo ou BeCode, spécifiquement dédicacés à la formation numérique de nos jeunes et dont j’entends poursuivre le soutien du Gouvernement.

    On le constate, le chantier est vaste, mais il est structuré par la volonté forte d’apporter un soutien réel et adapté aux besoins des trop nombreux citoyens encore incapables de tirer le meilleur parti des technologies numériques au profit de leur développement professionnel ou de leur confort de vie.