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Le recrutement de personnel dans les entreprises sans entretien d'embauche

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 12 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 22/10/2019
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Le monde de l’emploi évolue et, par la même occasion, les procédés de recrutement aussi. La société MamaLoes, basée à Tilburg aux Pays-Bas recrute du personnel sans CV, ni même entretien d’embauche.

    Les candidats à l’emploi postulent en ligne : « Les gens remplissent leurs noms, leur numéro de téléphone et leur adresse courriel. Ils indiquent s’ils peuvent soulever 10 kilos, rester debout pendant quatre heures. Et c’est bon, ils sont embauchés ».

    Ce concept original viendrait des États-Unis et principalement d’une entreprise fabriquant des cookies, la société Greyston Bakery qui souhaite s’installer en Europe.

    Madame la Ministre a-t-elle pris connaissance de ce procédé ?

    Est-il transposable en Wallonie, notamment pour les métiers qui accusent une pénurie de main-d’œuvre ?

    Des procédés de ce type sont-ils en cours de réalisation ?
  • Réponse du 27/11/2019
    • de MORREALE Christie
    Le concept de recrutement proposé par l’entreprise néerlandaise MamaLoes sur la base d’une candidature simplifiée en ligne permet sans aucun doute de générer un gain de temps non négligeable pour l’entreprise. Le procédé suggère également que tout candidat jouit d’un traitement identique et permet d’écarter toute forme de discrimination.

    Ce concept présente surtout des avantages pour les recrutements visant des postes peu qualifiés, où le critère de la « motivation » des candidats figure au centre des préoccupations des employeurs. Pour les TPE et PME wallonnes, majoritairement représentées dans le tissu économique wallon, l’appréciation de la motivation des candidats n’est pas toujours aisée. Par contre, elle peut être rapidement évaluée au cours des premiers jours, voire des premières heures de travail. En ce sens, un recrutement simplifié, dénué de toute procédure relative à l’analyse de CV et lettres de motivation, peut permettre de gagner du temps et de consacrer celui-ci à l’évaluation, in situ, des compétences comportementales attendues des personnes faiblement qualifiées et, notamment, la motivation, le rythme, la qualité du travail réalisé….

    Par contre, le modèle apparaît peu applicable, dans le cadre du recrutement de profils moyennement à hautement qualifiés. En effet, si les entreprises investissent autant dans les méthodes et les nouveaux moyens de recrutement, c’est aussi parce qu’elles font le constat que cet investissement, qui intervient au début d’une relation de travail, permet, au final, un gain en temps et en argent. Vérifier que les candidats détiennent les compétences en adéquation avec l’emploi proposé, c’est s’assurer que ses nouveaux collaborateurs atteindront plus rapidement un certain niveau d’autonomie et d’efficacité.

    Par ailleurs, en ce qui concerne les métiers en pénurie, la problématique ne peut être résumée à de simples difficultés de procédures. En effet, derrière le vocable de « métiers/fonctions critiques », un ensemble de réalités différentes existe. Les difficultés de recrutement sont influencées par le volume de la réserve de main-d’oeuvre disponible à un moment donné, par l’étendue et le niveau des compétences requises par les employeurs et, enfin, par les conditions d’exercice du métier. En outre, ces tensions s’exercent dans un contexte économique fluctuant.

    Dès lors, si les procédés simplifiés de recrutement de la Société MamaLoes revêtent un caractère innovant et méritent d’être testés par nos entreprises, ils n’apparaissent pas comme une réponse opportune à la problématique des pénuries de main-d’œuvre constatées pour certains métiers.

    Pour optimiser les recrutements dans les métiers en pénurie, le FOREm conseille régulièrement aux entreprises de recourir aux dispositifs de formation en milieu de travail, pour lesquels les employeurs bénéficient d’aides régionales. Ces dispositifs (PFI, formation alternée, coup de poing pénurie…) permettent à l’entreprise de former ses nouveaux collaborateurs et de ne les engager qu’une fois opérationnels, mais, en outre, ils lui permettent d’appréhender, durant la période de formation, les facultés d’apprentissage, d’adaptation et d’acculturation à l’entreprise des candidats.

    Le FOREm investit également dans la transformation digitale de ses services et ambitionne, grâce à cette transformation, de simplifier les procédures de recrutement via la mise à disposition d’outils technologiques efficaces à destination de ses usagers particuliers et entreprises.

    Une des réalisations concrètes de cette transformation est déjà disponible, depuis juin 2018, pour les entreprises clientes du FOREm. Il s’agit de l’outil « Je recrute ». Celui-ci est un service en ligne permettant aux entreprises d’identifier et de contacter, en toute autonomie (sans intervention humaine du FOREm), de potentiels candidats.

    Concrètement, les entreprises désirant entrer directement en contact avec des candidats se connectent sur la page https://www.leforem.be/entreprises/chercher-un-candidat.html et s’identifient en ligne de façon sécurisée sur l’application « Je recrute ».

    Étant donné le caractère intuitif de l’application, aucune formation ou lecture de manuel n’est nécessaire au préalable. Elles introduisent leurs besoins par rapport à trois critères de base : le métier ciblé, les compétences recherchées et la localisation géographique. L’application leur propose ensuite une liste de candidats potentiels (coordonnées et CV) avec un pourcentage de correspondance aux critères identifiés. Des critères supplémentaires de recherche peuvent être introduits par l’entreprise, si elle le souhaite (par exemple concernant la détention d’un permis de conduire et/ou de titres et certifications spécifiques). En finalité, les entreprises peuvent consulter les CV publiés par les candidats et prendre directement contact avec ceux-ci, sans avoir introduit aucune offre d’emploi formelle.

    Cette simplification des démarches par la mise à disposition d’un outil « révolutionnaire » plaît aux usagers et cela se traduit dans les chiffres : en 15 mois, plus de 84 000 profils de candidats ont été créés et près de 7 300 entreprises utilisatrices ont réalisé pas moins de 17 000 recherches de candidats.