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La santé mentale des jeunes

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 16 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 25/10/2019
    • de DURENNE Véronique
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Du 7 au 13 octobre se déroulait la Semaine de la santé mentale en Wallonie.

    La souffrance psychique n’affecte pas que les adultes. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), au moins un jeune sur cinq, âgé de 12 à 25 ans, est atteint d’un trouble psychique dans les pays occidentaux. 3 à 4 % d’entre eux sont atteints d’un trouble grave nécessitant une prise en charge clinique.

    Le terme « trouble de la santé mentale » recouvre aussi bien un déficit de l’attention (TDA), un haut potentiel (HP), une dépression, une anorexie, une addiction (drogue ou alcool), une tentative de suicide, un autisme, une psychose infanto-juvénile…

    Dans le cadre de cette Semaine de la santé mentale, quelles ont été les initiatives mises en place par la Région wallonne ?

    Quel a été le rôle du récent Comité pour la nouvelle politique de santé mentale pour enfants et adolescents (COMSMEA) ?

    Enfin, sur base des chiffres émis par l’OMS, Madame la Ministre dispose-t-elle de données concernant la Wallonie ?

    Quel regard porte-t-elle sur ceux-ci ?
  • Réponse du 05/12/2019
    • de MORREALE Christie
    La prévalence des troubles de santé mentale augmente en Belgique, comme de manière générale en Europe. Ce constat devrait être accompagné de chiffres et pourtant, en Belgique et particulièrement à Bruxelles et en Wallonie, il est très mal aisé de faire état des besoins de soins de santé mentale, faute de données sur le sujet.

    L’avis récemment émis par le KCE à propos de l’organisation des soins de santé mentale pour les adultes (KCE Report 318Bs) indique que nous manquons de données épidémiologiques pour évaluer les politiques mises en œuvre et d’indicateurs de santé mentale pour ce qui concerne la population des enfants et adolescents sachant qu’à eux seuls, les jeunes mineurs représentent plus de 1/5 de la population belge.

    C’est la raison pour laquelle l’AViQ développe actuellement un cadastre de l’offre et soutient un groupe de travail issu de la Commission de convention de la santé mentale en matière d’enregistrement des données de santé mentale qu’elle développera étape par étape, en fonction de ses ressources.

    La 5e édition de la Semaine de la santé mentale organisée par le Centre de référence en santé mentale, le CRESAM, avait cette année pour thématique « Ce trouble qui me trouble ». Le focus portait sur la façon que nous avons de ressentir et de nous représenter la santé mentale, lorsque nous sommes confrontés à ces troubles, et sur l’impact que ces émotions et ces représentations ont sur les relations d’aide et de soins. Deux intervenants spécialisés en pédopsychiatrie ont abordé la question sous l’angle de leur pratique. Pouvoir exprimer son trouble et être entendu sans jugement est le début du travail d’accompagnement qui fait soin (au contraire des actes, ce qui est ressenti ne peut être jugé). C’est de la même dynamique que participent les soins de santé mentale prodigués aux enfants et aux jeunes.

    Lors de cette édition 2019, aucune des initiatives organisées sous forme de rencontres locales ne portait spécifiquement sur le groupe cible des jeunes. De manière indirecte, un événement théâtral sur le burnout parental nous confrontait au culte de la performance et de la responsabilisation, ou comment se rendre malade à force de devoir ou de vouloir tout bien faire. Les enfants aussi subissent, ou s’infligent parfois eux-mêmes, les injonctions de cette nature (soit je suis au top, soit je suis nul ! pas de droit à l’erreur, sinon c’est la déprime).

    Toujours durant cette Semaine de la santé mentale, nous avons pu profiter d’une bourse aux projets connue sous le nom de « Reintegration Award » qui met en lumière différentes initiatives visant la réintégration des personnes en souffrance psychique en ce compris les jeunes et les enfants. Cette année, les professionnels du secteur ont pu apprécier plus spécifiquement le travail réalisé par le centre psychiatrique Saint-Bernard autour de son espace « Enfants et famille » ou encore le réseau Solidarcité qui propose à des jeunes de tous les horizons d’intégrer un projet citoyen où l’objectif sera de reprendre confiance en soi, sortir de son isolement et (ré)apprendre à vivre ensemble.

    Dans le cadre de la nouvelle politique de santé mentale pour enfants et adolescents, la CIM Santé a décidé de mettre en place, au même titre que l’organe de concertation adulte 107, un organe de concertation (COMSMEA). Tant pour les adultes que pour les plus jeunes, il s’agit d’un espace de concertation basé sur le consentement et non d’un organe d’avis contraignant. C’est donc un forum de consultation entre experts, acteurs de terrain, organisations coordinatrices, collaborateurs politiques et administratifs dont les résultats s’expriment en termes de recommandations.

    La mission du COMSMEA consiste à suivre la nouvelle politique de santé mentale pour enfants et adolescents, à l’évaluer, à élaborer des propositions d'optimalisation et à les soumettre à la CIM.

    Pour mettre en œuvre cet objectif, ce comité a installé des groupes de travail.

    Deux grandes thématiques ont été retenues pour commencer ces groupes :
    - la continuité des soins en lien avec les réseaux en santé mentale ;
    - et la programmation de l’offre de soins en santé mentale pour enfants et adolescents.

    On le voit, les membres ont choisi de répondre à deux préoccupations majeures. L’un des groupes s’est attelé au « traçage » des épisodes de soins pour améliorer les prises en charge en tentant d’éviter les ruptures dont on connaît les effets néfastes dans un processus de rétablissement.

    En effet, la continuité se joue à plusieurs niveaux. Et par exemple, au niveau du réseau (niveau méso), il s’agit d’assurer que les liens soient stables en termes de coordination, de collaboration et de concertation.

    L’autre groupe se penche sur l’offre de soins de santé mentale, et en particulier sur l’offre ambulatoire et mobile. Combien de jeunes, mineurs, sont-ils pris en charge par nos services, par combien de professionnels de soins (au sens large) dans les services agréés et financés. L’objectif est de produire un cadastre de l’offre et de la consommation des soins par ce public cible. Ce groupe de travail veut approcher la question de la programmation par ce biais pour établir quels sont les besoins de base (Action n°14 de l’objectif stratégique n°3 du plan d’action du Guide).

    À l’heure actuelle, les livrables de ces deux groupes de travail ne sont pas encore disponibles.

    Les membres du COMSMEA ont également rédigé un mémorandum qui met en évidence les besoins urgents en matière de santé mentale des enfants et adolescents. Les constats et les conclusions de l’OCDE, comme de l’OMS, convergent. Le texte relève en outre que la plupart des troubles graves portant sur la santé mentale des adultes sont déjà repérables dans des symptômes éprouvés initialement entre 14 et 25 ans.

    Dans le souci d’enrayer les situations catastrophiques et prévenir autant que possible les risques liés à des situations complexes, un soutien financier est actuellement réalisé vis-à-vis de neuf services pour assurer une réponse adaptée et un accompagnement individualisé à 10 jeunes garçons, âgés prioritairement de 12 à 18 ans. Ces derniers présentent une problématique complexe impliquant à la fois des troubles en santé mentale, éventuellement accompagnés d'une déficience intellectuelle des troubles du comportement pouvant déboucher sur des violences et des problèmes familiaux. Ce projet dénommé « Jeunes avant tout » a commencé en août 2019 et sera soutenu pour une période initiale de trois années par la Wallonie.

    Le Gouvernement wallon souligner l’importance qu’il accorde à une meilleure prise en charge des soins de santé mentale des jeunes en Région wallonne. Cela permettra d’aborder de façon plus objective et complète les besoins de nos jeunes citoyens et ainsi soutenir l’ensemble des secteurs qui tentent d’y répondre. À ce titre, il est nécessaire d’accroître la transversalité dans la mise en œuvre des politiques de santé mentale entre les différents gouvernements afin d’assurer un continuum dans la prise en charge ainsi que dans les soins à apporter à ce public-cible. La santé mentale est en effet, l’affaire de tous à chaque étape de la vie.

    Enfin, un dernier point d’attention au sujet de ce groupe si particulier s’orientera vers la prévention. À ce titre, nous disposons de deux outils dont il convient de faire bon usage. D’une part, les programmes de détection et d’intervention précoce élaborés par les cinq réseaux enfants et adolescents wallons restés à l’étape de la réception durant la législature passée et que je souhaite analyser afin d’en retirer les différentes conclusions. D’autre part, le Plan wallon de prévention et de promotion de la santé (WAPPS) qui dans son axe 2 s’attelle à la question de la promotion d’une bonne santé mentale et du bien-être global.