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La valorisation des boues des stations d'épuration

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 51 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 08/11/2019
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le projet Sublimus mené de concert par l’ULB et la VUB a pour finalité d’extraire les métaux précieux des boues résiduaires des stations d’épuration. En effet, il apparaît selon un reportage diffusé ce lundi 28 octobre sur la RTBF que les boues de nos égouts contiennent de l’or, de l’argent et nombre de métaux précieux.

    Ainsi, selon les données communiquées, les estimations sur base des échantillons de boues prélevées dans deux stations d’épuration relatent des chiffres de l'ordre d'une dizaine de kilos d’or, une centaine de kilos d’argent et un demi-kilo de platine. Cela représenterait, aujourd'hui, une somme d’environ 300 000 euros.

    Une étude similaire menée par l’Eawag en 2017, L’Institut fédéral suisse des sciences et technologies aquatiques, annonce des chiffres tout aussi importants : environ 43 kilos d’or et pas moins de 3 000 kilos d’argent, ce qui peut être valorisé à environ 3 millions d’euros.

    Dans un contexte de raréfaction des métaux dans les années à venir, ces recherches ouvrent de nouvelles perspectives.

    Des études similaires sont-elles en cours en Wallonie ? Une réflexion visant à valoriser les boues fait-elle partie des ambitions de Madame la Ministre au cours de cette législature ? Le cas échéant, a-t-elle un calendrier à nous communiquer ?

    Enfin, a-t-elle déjà été contactée par une société en vue de valoriser ces boues ?
  • Réponse du 06/05/2020
    • de TELLIER Céline
    En effet, différentes études ont mis en évidence le fait que les boues d’épuration issues du traitement des eaux usées urbaines contiennent, à des concentrations très faibles, une variété d’éléments métalliques dont des métaux précieux comme l’or, l’argent ou le platine.

    Ce constat n’est pas étonnant puisque ces métaux sont présents dans de nombreux composés ou matériaux comme, par exemple, certains traitements antibactériens ou encore les pots catalyseurs des véhicules diesel. Avec l’utilisation et l’usure de ces substances/matériaux, les métaux précieux qu’ils contiennent sont ainsi libérés et intègrent le cycle anthropique de l’eau, au bout duquel se situent les stations d’épuration.

    Les technologies d’extraction de ces métaux sont en cours de développement, mais leur efficacité et innocuité restent encore à démontrer. En outre, les coûts d’extraction de ces métaux sont en général nettement supérieurs aux coûts de traitement habituel des boues.

    Par ailleurs, la gestion des boues d’épuration issues du traitement des eaux usées bruxelloises est très différente de celle menée en Wallonie. Cette différence devrait induire des contraintes supplémentaires et limiter les potentialités et la rentabilité d’un projet d’extraction de métaux précieux en Wallonie, par rapport aux résultats obtenus dans le cadre du projet SUBLIMUS mené par l’ULB et la VUB.

    Ainsi, alors que la Région bruxelloise dispose de 2 stations d’épuration collectives totalisant une capacité de traitement de ± 1 400 000 équivalents-habitant (EH), et envoie en incinération ou co-incération la totalité de ses boues d’épuration, la Wallonie compte environ 430 stations d’épuration collectives capables de traiter environ 4 000 000 EH, réparties pour 53 % en stations de petite capacité (< 2 000 EH), 30 % en stations de moyenne capacité (2 000 – 9 999 EH) et 17 % en stations de grande capacité (≥ 10 000 EH).

    Les quantités annuelles de boues produites s’élèvent à 52 000 tonnes de matières sèches, valorisées pour moitié sur les sols agricoles et pour l’autre moitié en valorisation énergétique.
    En conclusion, les conditions, les possibilités et les capacités d’extraire des métaux précieux des boues produites dans les stations d’épurations wallonnes sont donc tout à fait différentes de celles rencontrées à Bruxelles. Le développement d’opérations d’extraction de métaux précieux (voire de terres rares) dans les boues des stations d’épuration wallonnes devrait passer par une analyse de composition des boues et une analyse de rentabilité plus détaillées, avant de pouvoir conclure à un intérêt éventuel de ce type de projet. Selon les informations disponibles, aucune étude sur le sujet n’a été lancée en Wallonie et aucune société ne s’est encore intéressée à la question.