/

L’humusation

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 23 (2019-2020) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 08/11/2019
    • de LENZINI Mauro
    • à DERMAGNE Pierre-Yves, Ministre du Logement, des Pouvoirs locaux et de la Ville
    À l'heure actuelle, au moment du décès, seuls deux choix sont possibles en matière de funérailles : l'incinération et l'inhumation, deux pratiques qui ont un potentiel impact environnemental. Face à ce constat, l'humusation est présentée par certains comme une solution plus respectueuse de l'environnement.

    En Belgique, le débat a été lancé par la Fondation Métamorphose. Celle-ci veut « intégrer l’humusation, aussi vite que possible, dans les législations ».

    Environ 3 500 Wallons ont signé leur acte de dernière volonté mentionnant leur refus d’être enterrés ou incinérés, et optant pour l’humusation de leur corps.

    Afin d’étudier techniquement et scientifiquement cette technique funéraire alternative, une subvention destinée à soutenir une étude proposée par l’Université catholique de Louvain a été octroyée par le prédécesseur de Monsieur le Ministre. Cette étude devait constituer un préalable nécessaire dans l’évaluation de la faisabilité technique de l'humusation en Wallonie. La question de son opportunité devant encore ensuite être étudiée, notamment avec la Ministre en charge des Cultes.

    Monsieur le Ministre dispose-t-il déjà des conclusions de l’étude de l’UCL ? Sinon, sait-il quand il en disposera ?
    Le cas échéant, d’autres études sur le sujet sont-elles en cours ou envisagées ?
    Quelle est l’alternative pour les centaines de Wallonnes et de Wallons qui ont d’ores et déjà manifesté leur refus de funérailles par inhumation ou incinération ?
  • Réponse du 04/12/2019
    • de DERMAGNE Pierre-Yves
    Je préciserai, comme j’ai eu l’occasion de le faire à nos collègues, Madame Roberty et Monsieur Hazée, que l’on ne peut envisager l’humusation uniquement en termes poétiques.

    En effet, considérer que cette pratique est écologique « par nature » ne s’appuie sur aucune étude relative aux corps humains, qui ont un parcours alimentaire et médicamenteux qu’il importe de prendre en compte. La décomposition d’un corps humain est un phénomène particulier, or, à aucun moment, le processus évoqué n’envisage les risques de pollution des sous-sols par les liquides organiques ou les risques de pollution gazeuse ; deux réalités qui seraient encore amplifiées par le traitement d’un nombre important de corps dans un même espace.

    Des questions se posent aussi en termes d’aménagement du territoire et de gestion communale. Compte tenu des sous-effectifs communaux déjà enregistrés dans le secteur des cimetières, il semble peu pertinent d’imposer à chaque commune la création d’un espace dévolu à l’humusation, d’autant plus que cette pratique nécessite un personnel formé au traitement des restes humains à plusieurs moments du processus de décomposition.

    Envisager cette pratique sur une base intercommunale, comme ce fut le cas pour l’incinération, induit également une réflexion sur les terrains à allouer à cette méthode, leur nature, leur sécurisation, l’organisation du voisinage avec les vivants, la formation d’un personnel spécifique, les coûts, et cetera.

    Les questions éthiques et mémorielles sont également à ne pas négliger, au moins concernant le devenir de ce « super-compost » dans lequel se retrouveraient des escarbilles osseuses.

    Les expériences d’humusation sur des dépouilles de porcs, pour lesquelles le Ministre Di Antonio avait mandaté l’UCL, sont en cours. Aucun résultat ne sera officiellement accessible avant plusieurs mois.

    Enfin, il convient de rappeler qu’un acte de dernières volontés envisageant un autre mode que ceux reconnus par la législation wallonne n’a pas de valeur légale. La position du SPW est d’encourager les communes à ne pas refuser ces demandes, tout en invitant les demandeurs à opter également pour un mode de sépulture reconnu (incinération, inhumation).

    Le temps des décisions viendra après celui de l’expérimentation et ma position dépendra, très logiquement, des conclusions des groupes de travail et des expérimentations en cours. En ce sens, je compte m’enquérir de l’état d’avancement de ces travaux, en me rendant sur place.