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La technologie de chauffage par miroirs solaires

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 69 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 12/11/2019
    • de BLANCHART Philippe
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    Au regard de l'urgence climatique, des mesures pour améliorer et pour rendre notre consommation d'énergie plus verte doivent être prises. Le présent Gouvernement l'a d'ailleurs bien compris grâce à sa Déclaration de politique régionale qui prône sa volonté de développer le plus rapidement possible une production d'électricité d'origine renouvelable dans le but de privilégier des solutions les plus efficientes d'un point de vue technico-économique.

    Aujourd'hui diverses entreprises belges se penchent sur ce type de solutions qu'il nous faut prendre en considération.
    On le voit notamment via la société limbourgeoise Azteq qui développe une solution à base de miroirs solaires qui peuvent alimenter des chauffages. Cette solution transforme 68 % du rayonnement solaire en énergie qui peut être stockée dans des réservoirs isolés, ce qui représente une sacrée différence comparée aux panneaux solaires qui en transforme 15 à 18 %.

    Monsieur le Ministre poursuit-il l'objectif de développer ce type de solution dans notre Région ?

    Existe-t-il des entreprises au sein de notre Région qui développent des projets comparables à celui-ci ? Des investissements de la part du Gouvernement wallon sont-ils prévus ?
  • Réponse du 06/12/2019
    • de HENRY Philippe
    Il est vrai qu’il convient de développer le plus rapidement possible une production d’électricité et de chaleur d’origine renouvelables. Le « Plan wallon Énergie – Climat » tend à baliser notre transition énergétique jusque 2030, et le document « Long Term Strategy » prévoit une économie neutre en carbone pour 2050.

    Dans les derniers bilans (2017), la part de l’énergie solaire thermique classique (panneaux solaires thermiques) est de 0,5 % du total de la production d’énergie renouvelable en Wallonie, laquelle tend vers 13 % de la production d’énergie finale brute.
    Ce sont des capteurs solaires thermiques plans qui peuvent absorber le rayonnement solaire diffus. Ce type de technologie peut se déployer à petite échelle sur les toits des logements ou à plus grande échelle (centre sportif, piscines, maison de repos…).
    Le déploiement est très restreint suite à des questions de rentabilité économique et d’amortissement de l’investissement.

    Les technologies considérées dans la question consistent à utiliser des miroirs réfléchissant la lumière directe du soleil qui est ainsi concentrée sur une zone cible de taille réduite parcourue par un fluide caloporteur. Plusieurs variantes existent, principalement selon la forme et la disposition des miroirs ainsi que de la zone cible.

    Les centrales thermiques à solaire concentré pour la production d’électricité existent dans les pays à très fort ensoleillement comme le sud de l’Europe, l’Afrique, le Moyen-Orient et les déserts d’Amérique du Sud et du Nord, et la Wallonie y joue un rôle via ses entreprises.

    En Wallonie, concernant le solaire concentré pour la production d’électricité, l’entreprise John Cockerill (CMI Seraing) développe l’absorbeur solaire de la zone cible, ainsi que le système de stockage d’énergie, la chaudière, sa gestion et sa régulation.
    Le Centre Spatial de Liège a également une compétence en capteurs solaires miroirs, notamment pour les applications spatiales.

    La société AZTEQ développe des capteurs solaires cylindro-paraboliques pour des applications thermiques uniquement.

    Avantages :
    * En exploitation, le procédé est très peu énergivore ; l’énergie récupérée est pour ainsi dire gratuite.
    * Les T° atteintes peuvent facilement être de l’ordre de 400 à 500 °C dans le cadre de projets similaires à celui de la société « Azteq » au port d’Anvers. D’autres technologies peuvent même monter plus haut (jusqu’à 3500 °C).
    * Ces hautes températures permettent une utilisation de cette chaleur dans l’industrie et également pour la production d’électricité.
    * Vu l’utilisation d’un fluide caloporteur, ces systèmes ont une inertie thermique importante. Suivant le type de technologie, ils peuvent ainsi fonctionner parfois jusqu’à plusieurs heures après la fin de l’ensoleillement utile, surtout si on prévoit des réservoirs tampons.

    Désavantages :
    * Nécessité d’une mise en œuvre soignée.
    * Énergie importante nécessaire à la fabrication des composants, notamment les grands miroirs fortement courbés.
    * Utilisation de quantités d’eau très importantes pour nettoyer les miroirs.
    * Les zones de réelles possibilités de développement massif sont surtout celles dont l’ensoleillement direct est supérieur à 2000 kWh/m²/an (et même, idéalement, 2800 kWh/m²/an). À titre d’info, l’ensoleillement moyen en Belgique est de 1000 kWh/m²/an.
    * Plusieurs études indiquent que l’application à nos latitudes de ce type de technologie n’est pas indiquée (Belgique, Pays-Bas, nord de la France, Allemagne et, à fortiori, les pays plus au nord de l’Europe). D’ailleurs, l’exemple proposé par Azteq pour illustrer la technologie concerne une brasserie dans le sud de l’Europe, et non une application sous nos latitudes.
    * À l’heure actuelle, cette technologie ne peut pas fonctionner sans subside.
    * Le projet de la société « Azteq » à Anvers est subsidié par la Région flamande à hauteur de 820 000 euros (± 58 % des 1,4 Meuros).
    * Technologie en développement continu, mais plutôt lent.
    * Cette technologie des miroirs cylindro-paraboliques peut constituer un appoint, mais elle ne va pas révolutionner les choses, en tout cas pas avant 2040. Les estimations optimistes indiquent qu’il faut encore environ 15 ans pour rendre ces technologies matures.

    La Wallonie participe au plan stratégique européen pour les technologies énergétiques, dont le plan d’implémentation du solaire concentré pour la production d’électricité. L’objectif en est la production d’une technologie wallonne et la valeur économique afférente, pour l’installation de centrales électriques dans les pays du Sud.

    Pour les raisons exprimées ci-dessus, le solaire concentré à des fins thermiques ne nous semble pas indiqué en Wallonie.