/

Le déficit d'image du secteur du logement public

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 26 (2019-2020) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 13/11/2019
    • de DESQUESNES François
    • à DERMAGNE Pierre-Yves, Ministre du Logement, des Pouvoirs locaux et de la Ville
    Le 11 octobre dernier se tenait à Liège un colloque à l’occasion du 100e anniversaire de la création du logement social. C’est en effet il y a 100 ans qu’était créée la Société nationale des habitations à bon marché, qui fut à la base des premiers développements du logement social locatif dans notre pays.

    La Wallonie compte aujourd’hui un peu plus de 100 000 logements publics ; ce secteur joue un rôle primordial dans l’accès au logement pour les personnes en situation de précarité. Ce 100e anniversaire était donc une date symboliquement importante quant à la promotion du droit au logement.

    Force est de constater que l’événement n’a reçu aucun écho dans la presse. On ne peut que regretter que l’occasion n’ait pas été saisie pour redorer l’image du logement social qui en aurait pourtant bien besoin.

    La question du déficit d’image fut d’ailleurs abordée lors du colloque du 11 octobre, par les représentants des SLSP dans l’exposé et plus particulièrement dans la vision stratégique qu’ils ont développée, au point 2 : « Adopter au niveau régional une stratégie de communication positive pour le logement public : une image constructive renforce les possibilités de collaboration ».

    D’une manière générale, comment Monsieur le Ministre compte-t-il répondre à l’appel des directeurs-gérants en faveur d’une communication positive sur le secteur ?

    Cet anniversaire était une occasion de mettre en avant l’action que mène au quotidien tout le secteur pour promouvoir l’accès au logement pour tous, en mettant par exemple en lumière certaines réalisations novatrices.

    N’était-ce pas le rôle de la SWL de prendre cette action de communication positive en charge ?

    La SWL a-t-elle communiqué vers les médias à l’occasion de cet événement ?
    Si oui, comment expliquer l’absence de répercussion dans les médias ?
    Si non, ne faut-il pas viser une communication par la SWL moins centrée sur elle-même et davantage centrée sur le secteur ?
  • Réponse du 04/12/2019
    • de DERMAGNE Pierre-Yves
    Le colloque relatif au 100e anniversaire du logement social en Belgique, qui s’est déroulé à Liège le 11 octobre dernier, s’inscrivait dans le cadre de la « Journée du secteur » ; un événement organisé chaque année par la SWL. Il a réuni non seulement les SLSP et les représentants de l’Association wallonne des comités consultatifs des locataires et des propriétaires (AWCCLP), mais, plus largement, les acteurs publics du logement. Cette Journée permet à tous ces opérateurs, wallons, belges et européens, de s’informer et de dialoguer.

    Je regrette, moi aussi, que cet événement n’ait pas été relayé par les médias.

    À ce sujet, la question aborde deux aspects, en partie liés, mais qui doivent être distingués : d’une part, le déficit d’image du logement public et, d’autre part, le désamour des médias, du moins d’une partie d’entre eux, pour cette question dans tout ce qu’elle a pourtant d’utile, d’innovant et de dynamique.

    S’agissant du déficit d’image, les facteurs d’explication sont multiples. Les « affaires » qui ont secoué le secteur voici des années ont laissé des traces. Malgré les réformes menées à bien, une partie de l’opinion publique pense toujours que l’octroi d’un logement public reste le « fait du prince ».

    Par ailleurs, les efforts considérables de rénovation et de construction de logements modernes sont encore souvent masqués par d’autres logements, d’autres quartiers qui n’ont pas encore pu bénéficier des investissements nécessaires.

    Enfin, c’est parfois aussi une vision stigmatisante et réductrice des locataires des logements publics qui véhicule une image déformée du secteur. Un des rares articles parus à la suite du 100e anniversaire, dans la Gazet van Antwerpen du 14 octobre, et repris en français sur le site d’actualités « Daardaar » sous le titre « Logements sociaux : la crise que certains préfèrent ne pas voir » précise à ce sujet : « Le ton plutôt négatif des discours politiciens à propos des locataires sociaux transparaît dans l’accord, qui parle d’obligations, de contrôles et d’amendes, de chasse aux fraudeurs et d’éjection des profiteurs. Bien sûr, il faut agir contre les abus de ceux qui profitent d’aménagements destinés à ceux qui en ont réellement besoin. Mais il n’en demeure pas moins que les discours à leur sujet ne sont pas proportionnels à l’ampleur réelle des abus ».

    Ce discours est moins présent en Wallonie, mais il n’est pas inexistant et il doit nous inciter à la réflexion, afin d’éviter ce que d’aucuns appellent la pauvrophobie.

    Le second volet de la question à savoir le désamour des médias envers le logement public permet d’évoquer les actions entreprises par la SWL, pour ce colloque et pour le logement public en général.

    Dans le cadre du 100e anniversaire du logement social, la Société wallonne du logement a informé l’ensemble des journalistes et rédactions qui figurent dans sa base de données « médias », c’est-à-dire une centaine de contacts nationaux, régionaux et locaux. Plusieurs contacts directs avec des journalistes ont également été pris. L’objectif était de proposer un dossier de fond sur le logement public. Malgré leurs marques d’intérêt, les journalistes n’ont finalement pas répondu à l’invitation.

    Si la presse locale suit avec attention les projets locaux, les grands médias ne semblent pas sensibles à ce secteur. Nous sommes ainsi nombreux à avoir en tête l’émission Questions à la Une du 4 septembre dernier qui a présenté un portrait pour le moins réducteur du logement public. Ici encore, on peut s’interroger sur la pertinence d’être revenu, une énième fois, sur l’époque des « affaires » qui est pourtant révolue.

    Face à ces constats, la SWL a entrepris, depuis plusieurs années, des actions visant à valoriser les réalisations et les initiatives du secteur du logement public, et ce, en concertation avec les SLSP.
    - La SWL est présente lors des inaugurations de logements organisées par les SLSP et les répercute sur ses réseaux sociaux et sur son site internet ;
    - elle soutient les SLSP, en matière de graphisme et de mise en page, dans le cadre de l’organisation d’événements particuliers, comme le 90e anniversaire de la régionale visétoise d’habitations ou, prochainement, le 40e anniversaire de la provinciale des SLSP du Branalux ;
    - elle a consulté l’Association wallonne du Logement (Awal) pour l’élaboration de son mémorandum et la réalisation de son futur plan de communication ;
    - et, depuis deux ans, le président de son conseil d’administration rencontre régulièrement les SLSP ;
    - on peut y ajouter l’ouvrage « Le logement social se découvre » qu’elle diffuse et qui en est à sa 3e édition.

    Tout ceci montre combien il est inexact de dire que la SWL a une communication « centrée sur elle-même ». Les sociétés de logement de service public, les CPAS et les communes ne sont pas en reste.

    Tous ces efforts n’ont pas pourtant encore suffi à redresser le déficit d’image du logement public, qui relève des représentations mentales dont on sait qu’elles évoluent moins vite que les réalités. Cette question restera donc un point d’attention du nouveau plan de communication du Gouvernement et de la SWL, sous cette législature.