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La viande cultivée

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 59 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 19/11/2019
    • de ROBERTY Sabine
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    En septembre dernier, Gaia présentait son sondage sur la question du bien-être animal en Wallonie. Un des éléments intéressants de ces sondages était notamment le fait que, sur les 1 000 Wallons et Wallonnes interrogés, 53 % considéraient que le développement de la viande cultivée devait être soutenu en Wallonie.

    Il s’agit évidemment ici d’un sondage, des précautions quant à la lecture des résultats doivent donc être prises évidemment, mais cela a l’avantage de porter un coup de projecteur sur cette pratique encore très peu connue.

    La « viande cultivée », c’est une pratique qui tend à renoncer à l’abattage des animaux en produisant de la viande à partir de cellules animales que l’on fait croître en dehors du corps de l’animal. Au niveau moléculaire, rien ne distinguerait donc cette viande cultivée d’une viande produite traditionnellement.

    Si les avantages en termes de bien-être animal semblent évidents, le développement de cette pratique aurait un impact important sur le travail de nos éleveurs.

    Quelle est la position de Monsieur le Ministre sur le développement de cette pratique ?

    Quelles pourraient être les conséquences pour nos éleveurs wallons ?
  • Réponse du 06/12/2019
    • de BORSUS Willy
    Le Gouvernement souhaite préserver un modèle d’agriculture de type familial et paysan. La production de viande cultivée s’éloigne fort des produits de qualité et des circuits courts que veut promouvoir la Wallonie. Ce type de produit n’améliore pas le bien-être des animaux, il les supprime. Les animaux sont pourtant un maillon essentiel à l’entretien de nos paysages herbagers. Or nos prairies sont des puits de carbone qui absorbent le CO2 et donc limitent le réchauffement climatique.

    Initialement, le coût environnemental de la viande cultivée avait été estimé plus faible que celui de la viande naturelle. Cependant les études les plus récentes suggèrent que son impact environnemental pourrait être supérieur sur le long terme à celui de l’élevage en prenant en considération non seulement la nature des gaz émis, mais aussi le coût énergétique des infrastructures nécessaires aux cultures cellulaires. En effet, l’animal dispose d’un système immunitaire le protégeant contre les infections, ce qui n’est pas le cas des cultures cellulaires. Il est donc indispensable que les cultures soient réalisées dans des conditions de haute stérilité actuellement, très consommatrices d’énergie pour la stérilisation et de plastique à usage unique.

    Au niveau sanitaire, cette viande cultivée pose également question. Pour obtenir en quelques semaines in vitro ce que l’animal met plusieurs mois à fabriquer, il faut stimuler de manière continue la prolifération des cellules par des facteurs de croissance, dont des hormones sexuelles anabolisantes. En Europe, l’usage d’hormones de croissance en agriculture est interdit depuis 1981. La culture cellulaire nécessite également des antibiotiques et des fongicides.

    Le temps d’acceptation sociale du produit est probablement très largement sous-estimé dans la presse occidentale, le prix et la qualité en bouche étant les principaux obstacles, mais aussi la balance coût/bénéfice à l’échelle collective.

    Enfin, pour être commercialisée, la définition même de la viande devrait être modifiée au niveau européen. En effet, selon la réglementation européenne, la viande désigne les parties comestibles de certains animaux terrestres, y compris le sang. La viande cultivée ne répond pas à cette définition.

    Au vu de toutes ces incertitudes et du prix pour l’instant prohibitif de la viande cultivée, il est difficile de prévoir toutes les conséquences que pourrait avoir le développement éventuel de la viande cultivée.