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La présence de bactéries résistantes dans les machines à laver des institutions de soins et autres structures d'accueil

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 34 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 22/11/2019
    • de CLERSY Christophe
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Nous pouvions lire début octobre dans la presse qu’en Allemagne, 13 nouveau-nés placés en unité de soins intensifs ont été testés positifs à une bactérie résistante aux antibiotiques et pouvant entraîner des infections nosocomiales potentiellement mortelles.

    Des chercheurs ont trouvé que ces bébés avaient été colonisés par la bactérie présente dans leurs bonnets et chaussettes tricotés main. Ce petit linge délicat ne suivait pas le processus standard de lavage dans un hôpital : soit à haute température et avec des désinfectants. Il était lavé dans une machine à laver standard, à un cycle basse température qui ne tuait pas cette bactérie.

    Si le cas est très rare dans un hôpital, il l’est beaucoup moins chez les particuliers. Des études ont montré que les machines à laver fonctionnant avec un programme de lavage ne dépassant pas les 60 °C ne permettent pas d’éliminer tous les micro-organismes pathogènes.

    En effet, pour tuer toutes les bactéries, il faudrait en réalité les pasteuriser, c’est-à-dire les désinfecter à au moins 66 degrés pendant au moins 30 minutes… or, les cycles à 30 ou 40° sont les plus fréquemment utilisés pour les vêtements.

    Des solutions existent, aujourd’hui, de plus en plus de machines à laver peuvent être équipées d’un module autonettoyant qui élimine les moisissures, la saleté et les bactéries qui peuvent s’accumuler dans le tambour sans produits chimiques.

    Madame la Ministre peut-elle me dire si cette problématique est prise en compte entre autres dans les hôpitaux, maisons de repos, structures d’accueil pour les sans-abri ou les personnes handicapées ? Dans l’affirmative, de quelle manière ?
  • Réponse du 17/12/2019
    • de MORREALE Christie
    Je confirme qu’entre avril 2012 et mai 2013, 13 nouveau-nés et un enfant ont été colonisés par une bactérie appelée Klebsellia Oxytoca de type EBSL. Une analyse poussée comprenant des échantillons environnementaux et humains a été menée et a mis en évidence une faille en termes d’hygiène qui consistait en la contamination d’un détergent et du joint en caoutchouc d’une machine à usage domestique utilisée au sein du milieu hospitalier. Après le retrait de la machine concernée, aucune colonisation n’a été mise évidence depuis 4 ans au sein du service concerné.

    Actuellement, les machines à laver et le linge sont rarement des réservoirs à l’origine d’épidémies d’infections liées aux soins, même si cela peut exceptionnellement arriver. L’hygiène défaillante des mains et de l’environnement doivent être davantage soulignés.
    Le Conseil supérieur de la santé (CSS) auquel l’AViQ réfère ses partenaires en cas de questionnement sur ces matières émet des recommandations en matière de gestion du textile dans les institutions de soins. La dernière mise à jour date de février 2018.

    Les institutions visées par cet avis sont les suivantes : toute institution de soins prenant en charge des patients, des personnes âgées et des enfants en bas âge sont concernées par les recommandations qui suivent. Il s'agit, par exemple, des hôpitaux aigus, des institutions de moyen et long séjour, des centres de revalidation, des maisons de repos, des maisons de repos et de soins, des institutions psychiatriques, et cetera.

    Les recommandations concernent tout textile, et plus précisément :
    - le linge plat ;
    - le linge provenant du bloc opératoire ou assimilé ;
    - les vêtements de travail ;
    - le textile dit « délicat » (layettes, peluches, et cetera) ;
    - les textiles utilisés pour l'entretien ménager ;
    - les textiles de fenêtre, de séparation de lits, et cetera ;
    - la literie (oreillers, couettes, couvertures, et cetera).

    Y sont définis des critères biologiques dont l’objectif consiste « à éviter le transport par le textile de micro-organismes potentiellement pathogènes ».

    À cette fin, la buanderie ou assimilée doit satisfaire à la norme européenne RABC NBN EN 14065 qui décrit la manière dont elle peut garantir la qualité microbiologique du linge. Le textile prêt à l'usage doit être dépourvu de micro-organismes pathogènes (y compris les moisissures) et/ou responsables d'infections associées aux soins. Le nombre d'organismes total sur le textile ne doit pas dépasser 12 UFC (Unité Formant Colonie) par 25 cm² (Norme AFNOR- France ; NBN EN 14065).

    De manière générale, il convient de respecter les recommandations du fabricant pour nettoyer en profondeur les tambours, en cas d’utilisation de machines à laver.

    Pour information, la plupart des maisons de repos, quel que soit le secteur d’activité, confient l’entretien du linge à des sociétés spécialisées.
    En ce qui concerne les hôpitaux, rappelons que chaque hôpital doit disposer d’une équipe d’hygiène et d’un Comité d’hygiène dont les missions sont notamment les suivantes :
    - le développement, la mise en œuvre et le suivi, à travers l'hôpital, d'une stratégie relative :
    - aux mesures de protection standard ayant pour objet de prévenir la transmission de germes infectieux ;
    - à l'isolement des patients infectés afin d'endiguer la transmission des maladies infectieuses ;
    - à la surveillance des infections nosocomiales à l'aide d'indicateurs permettant d'en suivre et d'en corriger l'incidence au sein de l'établissement ;
    - la mise en œuvre des directives et recommandations rédigées par des organismes officiels tels que le Conseil supérieur de la Santé.
    L’équipe d’hygiène fait rapport au Comité d’hygiène hospitalière, au médecin-chef et au chef du département infirmier.
    Le Comité, pour sa part, est notamment en charge d’élaborer des directives et de surveiller les procédés de lavage et la distribution du linge.