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La lutte contre l'analphabétisme et l'illettrisme en Wallonie

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 36 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 22/11/2019
    • de COURARD Philippe
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Aujourd’hui, en Belgique francophone, 10 % des adultes sont concernés par l’analphabétisme et l’illettrisme. Cette situation inquiétante est pour ces personnes source d’exclusion potentielle de la vie économique, sociale, culturelle et politique et a des conséquences sur le fonctionnement économique et démocratique de notre société.

    L’enjeu de la lutte contre l’analphabétisme et l’illettrisme s’inscrit à la croisée d’un faisceau de politiques européennes, des Régions et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, traduisant la multiplicité des objectifs et des publics.

    La question de l’alphabétisation est, dans notre Région, reconnue depuis plusieurs années tant par les acteurs politiques qu’institutionnels. La légitimité de politiques visant à lutter pour le droit à l’alphabétisation pour tous et contre les formes d’exclusion liées à la situation d’illettrisme ne doit plus être démontrée.

    Chacun doit avoir la possibilité d’acquérir les compétences de base indispensables à l’exercice d’une citoyenneté pleine et entière. Le droit à l’alphabétisation n’est pas qu’un acte d’acquisition de compétences uniquement linguistiques. Il participe en effet à la lutte pour la réduction des inégalités.

    Par ailleurs, la segmentation des publics en fonction de leur statut administratif, de leur qualité de demandeurs d’emploi ou non, d’allocataires sociaux ou non, de leurs projets et objectifs, entraîne des discriminations, voir des exclusions et engendre des difficultés chez les opérateurs d’alphabétisation.

    Dès lors, quelles sont les intentions de Madame la Ministre en la matière ? Quelle stratégie compte-t-elle mettre sur pied afin de lutter contre l’analphabétisme et l’illettrisme ?

    Une approche globale et inclusive de la problématique, qui reconnaîtrait le caractère transversal de l’alphabétisation est-elle envisagée dans le but d’assurer un droit à l’alphabétisation pour tous et tout au long de la vie, dans une perspective émancipatrice et participative ?

    Ultérieurement, dans le cadre du Plan transversal de lutte prenant en compte tout adulte en situation d’illettrisme ou d’analphabétisme, un accord de coopération entre le Gouvernement wallon et le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles pourrait-il être étudié ?
  • Réponse du 16/12/2019
    • de MORREALE Christie
    L’alphabétisation doit effectivement être envisagée dans une perspective globale et transversale. Un accord de coopération entre la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Wallonie et la Commission communautaire française a d’ailleurs été conclu en 2005.

    Dans le cadre de cet accord de coopération, un comité de pilotage permanent sur l’alphabétisation des adultes a été instauré. Il rassemble des acteurs de l’éducation permanente, de la promotion sociale et de la formation professionnelle. Il est composé également d’instituts de recherche, tels que l’IWEPS, de Lire et Ecrire qui est un opérateur essentiel en matière d’alphabétisation, mais aussi de représentants des administrations et des cabinets ministériels en charge de l’action sociale, de la cohésion sociale, de l’égalité des chances, de l’insertion socioprofessionnelle et de l’emploi.

    Ce comité a pour objectif de transmettre au monde politique des suggestions sur l’articulation et la coordination des politiques d’alphabétisation dans tous les secteurs précités, d’évaluer le nombre de bénéficiaires de l’action d’alphabétisation, de proposer de nouveaux dispositifs et d’améliorer des dispositifs existants, ainsi que de formuler des propositions visant la visibilité et le développement des questions relatives à l’alphabétisation.

    Il édite également tous les deux ans un état des lieux de l’alphabétisation en Wallonie et à Bruxelles. L'état des lieux brosse le paysage de l'alphabétisation, il structure les données collectées par les pouvoirs publics et les opérateurs associatifs impliqués en Alpha. Il conjugue approches quantitatives, via des sources statistiques et enquêtes, ainsi qu'approches qualitatives. Chaque édition de l'état des lieux présente une analyse des besoins en alphabétisation, de l'offre de formation pour apprenants, des politiques publiques, ainsi que de différentes approches thématiques.

    Par ailleurs, il existe une convention pluriannuelle entre la Région wallonne et l’ASBL Lire et Ecrire en Wallonie.

    Cette convention s’inscrit également dans une approche globalisée et transversale de la problématique de l’analphabétisme et veut soutenir une cohérence d’actions à l’échelle locale et régionale, renforcer la visibilité des multiples actions de terrain et promouvoir une analyse concertée et collective, dans le but d’assurer un droit à l’alphabétisation pour tous et tout au long de la vie dans une perspective émancipatrice et participative.

    Les actions menées par Lire et Ecrire Wallonie et ses huit régionales pour rencontrer les objectifs de la convention sont les suivantes :
    - la sensibilisation et le développement partenarial ;
    - l’accueil, l’orientation et l’accompagnement des personnes ;
    - la formation (des formateurs et des publics) ;
    - la coordination et l’articulation avec les opérateurs existants.

    Afin d’atteindre ces objectifs, la convention prévoit une subvention annuelle de 1 549 000 euros.