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La stratégie de promotion de l'agriculture

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 77 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 25/11/2019
    • de COURARD Philippe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L’APAQ-W est l’opérateur public chargé de la promotion de l’agriculture wallonne et de son image. Ce n’est pas un secret, mon groupe n’a pas toujours partagé ni les choix stratégiques de l’agence ni son évolution institutionnelle. Néanmoins, notre agriculture mérite mieux que des polémiques stériles c’est pourquoi, aujourd’hui, nous nous devons d’avancer avec le véhicule existant.

    Quelle est, aujourd’hui, la compétence du Gouvernement dans la définition des orientations stratégiques de l’APAQ-W ?

    La Déclaration de politique régionale prévoit : « Le Gouvernement mènera une politique dynamique de promotion des produits agricoles et alimentaires wallons à travers l’APAQ-W et la Socopro dont les missions et les résultats respectifs seront évalués ».

    Quelle est la définition de Monsieur le Ministre d’une politique dynamique ?

    Comment entend-il l’implémenter ?

    En quoi différera-t-elle des politiques de promotion mises en place antérieurement ?

    Autre élément intéressant, l’évaluation. Peut-il être plus précis ?

    Quels seront les indicateurs de résultat définis ?

    Depuis une dizaine d’années, lors de chaque crise agricole, le Gouvernement suspend les cotisations des secteurs touchés et insiste sur les campagnes de promotion. Dans ces cas-là, l’agence sort une campagne généraliste « buvez du lait » ou « Wallonie pays du bœuf ». Ces campagnes généralistes ne profitent pas vraiment aux producteurs wallons. Comment, dans la définition des campagnes à venir, l’agence entend-elle s’assurer qu’elle fait vraiment la promotion de la production wallonne ?
  • Réponse du 12/12/2019
    • de BORSUS Willy
    L’Agence, dans sa configuration actuelle, est issue d’une longue évolution, depuis la création de l’ONDAH, et elle s’est désormais engagée, avec des outils adéquats (méthodologie, pilotage, production de délivrables audiovisuels, partenariats publics/privés, communication), dans une démarche de marketing stratégique et opérationnel, laquelle doit évidemment être évaluée en permanence. Pour ce qui est de l’évolution institutionnelle, rappelons que l’APAQ-W travaille avec des cofinancements sectoriels qui constituent la majeure partie de son budget opérationnel (hors cofinancements européens). Le monde agricole insistait donc légitimement pour être à nouveau associé à la décision d’utilisation de ses cotisations, au travers d’un conseil d’administration, comme ce fut du reste le cas jusqu’en 2003. Cette évolution est un gage de confiance entre, d’une part, les producteurs agricoles et agroalimentaires et, d’autre part, le service public. D’autres organismes publics disposent du reste d’un organe de gestion, historiquement pour des raisons comparables.

    L’élaboration des orientations stratégiques de l’Agence est cadrée par l’article 229 du Code wallon de l’agriculture, au sens duquel le Gouvernement adopte annuellement le plan opérationnel de l’Agence sur proposition du conseil d’administration et après avis du collège des producteurs. Je rappelle à l’honorable membre, par ailleurs, que le management de l’Agence (comme dans le reste de la fonction publique) est soumis à un contrat d’administration à conclure avec le Gouvernement. Et la nouvelle configuration de l’Agence (UAP de type 2) prévoit la conclusion d’un contrat de gestion entre l’APAQ-W et le Gouvernement. Le Gouvernement dispose donc d’une large capacité de pilotage global des missions de l’Agence.

    La SOCOPRO est le support opérationnel du collège des producteurs. Au sens de l’article 71 du Code, le collège est un organe de représentation des intérêts des producteurs auprès des pouvoirs publics. Le Code (art. 229) prévoit aussi que le plan opérationnel fait l’objet d’un avis préalable du collège. Ces obligations renforcent les interactions entre l’APAQ-W et la SOCOPRO. Et alors même que leurs missions sont à la fois différentes et complémentaires, l’étroitesse de leurs liens nécessite une évaluation et un recadrage afin d’être certain que l’argent public dont chaque structure dispose soit concentré sur leurs finalités respectives. C’est une question d’efficience. C’est le sens de l’évaluation voulue par la DPR et c’est sur cet impératif que nous nous devons de travailler rapidement.

    La « politique dynamique » visée par la Déclaration de politique régionale concerne les deux structures : APAQ-W et SOCOPRO. Chacune doit se concentrer sur ses missions : la première sur la promotion, la visibilité des producteurs, l’information et la communication, la seconde sur le développement et la structuration des filières. Comme je lui ai précisé plus haut, l’Agence s’est engagée dans une démarche de marketing stratégique et opérationnel, de manière à soutenir les producteurs dans leurs objectifs de rentabilité, et c’est cette méthodologie que j’entends renforcer.

    L’Agence recourt déjà à des indicateurs de réalisation, de résultats et d’impact. Je serai intransigeant sur l’évaluation de la promotion. Un groupe issu du conseil d’administration travaillera prochainement sur l’amélioration de l’évaluation et sur la définition d’indicateurs pertinents. En marge de ces travaux, mon cabinet accompagnera l’Agence dans cet objectif de dégager des indicateurs appropriés. Toutes les campagnes doivent démontrer leur pertinence. De la même manière, les missions du collège doivent faire l’objet d’indicateurs liés à leurs missions.

    Les cotisations représentent près de 60 % du budget opérationnel de l’Agence, abstraction faite évidemment de la suspension temporaire de la perception dans le secteur laitier entre 2015 et 2019. L’ensemble des secteurs, plus particulièrement les secteurs dominants (bovin laitier et bovin viandeux) sont demandeurs d’une stratégie de promotion efficace, dans la mesure où ils mesurent que l’évolution de la consommation est largement tributaire de l’évolution de l’image et de multiples externalités qui influencent cette évolution (amalgames sur le climat, concurrence des substituts végétaux …). Compte tenu de l’importance de l’agriculture wallonne d’un point de vue territorial et économique, la conjugaison des moyens publics, sectoriels, mais aussi européens, est extrêmement importante afin d’en assurer le soutien le plus efficace.

    Enfin, les campagnes sont et doivent être conçues pour soutenir nos producteurs. Les enjeux sont complexes. Outre les réponses à donner à la concurrence des substituts végétaux, je veux que l’APAQ-W oriente ses campagnes sur l’origine locale des produits, sur les spécificités de l’agriculture wallonne (lien au sol), sur l’identité des produits de qualité différenciée, mais aussi des identités européennes (IGP, AOP). La démarche de marketing prend ici tout son sens, avec l’identification et la promotion des avantages concurrentiels. Une charte « jecuisinelocal, durable et de saison » a par ailleurs été médiatisée et soumise à la signature des citoyens et des acteurs privés ou publics. Elle encadre la stratégie de promotion au travers des valeurs de la consommation locale. Enfin, je tiens à attirer l’attention de l’honorable membre sur le fait que des objectifs doivent être atteints avec « subtilité » dès lors que le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne nous interdit de faire mention de l’origine géographique des produits (interdiction précisée à l’article 226 du Code). La question de la libre circulation des biens et des aides d’État (art. 34 et 107 du TFUE) vaut pour toutes les politiques publiques (aides aux entreprises ou promotions des productions indigènes). L’APAQ-W doit toutefois trouver des solutions légales et efficaces pour soutenir nos producteurs et j’y veillerai.