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L'évolution des demandes de permis d'urbanisme pour les bâtiments résidentiels

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 84 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 26/11/2019
    • de MAUEL Christine
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Selon les chiffres publiés par Statbel, le nombre de permis d’urbanisme octroyés pour les bâtiments résidentiels est en recul de 4,7 % pour le premier semestre 2019. Ce recul reste moins important par rapport à ceux constatés en Flandre et dans la Région de Bruxelles-Capitale avec des diminutions de respectivement 21,3 % et 22,4 % pour la même période.

    Les chiffres avancés ne sont pas surprenants puisque cette tendance s’observe depuis 2003, année depuis laquelle les permis sont délivrés davantage pour la construction d’immeubles à appartements que pour des maisons unifamiliales.

    Cette tendance risque-t-elle de perdurer, de s’atténuer ou de s’inverser ?

    Si cette tendance à la baisse perdure, quelles en seraient les conséquences pour le secteur de la construction ?
  • Réponse du 17/12/2019 | Annexe [PDF]
    • de BORSUS Willy
    En ce qui concerne l’interprétation des dernières tendances, la Wallonie a connu une baisse du nombre de permis de bâtir pour les bâtiments résidentiels au cours du premier semestre 2019 : par rapport au premier semestre 2018, cette baisse est de -5,3 % selon les chiffres de Statbel (3 426 permis au premier semestre 2018 contre 3 246 au premier semestre 2019). Néanmoins, cette baisse n’est pas inhabituelle sur le moyen terme, car les octrois de permis de bâtir connaissent depuis toujours de fortes variations d’un mois, d’un semestre ou d’une année à l’autre. Ainsi, depuis janvier 2018, les variations mensuelles du nombre de permis de bâtir en Wallonie ont oscillé entre -36,5 % et +29,9 % (voir tableau 1 en annexe). Quant aux données annuelles en Wallonie (disponibles auprès de Statbel pour la période allant de 1996 à 2018), elles mettent en évidence une succession de variations positives et négatives comprises entre -29,9 % et +18,8 % (voir tableau 2 en annexe). En comparaison, la baisse constatée au premier semestre 2019 par rapport au premier semestre 2018 paraît bien modeste.

    De plus, l’année 2019 n’est pas encore terminée et les chiffres complets pour le second semestre 2019 ne sont pas encore disponibles. L’écart semble toutefois se resserrer. En effet, si l’on compare le nombre de permis octroyés sur les huit premiers mois de 2018 et ceux octroyés sur les huit premiers mois de 2019, on obtient une différence de 92 unités (4 571 en 2018 contre 4 479 en 2019), soit une baisse de seulement 2 %.

    Enfin, comme l’honorable membre le remarque, les permis de construction de bâtiments résidentiels visent de plus en plus des appartements et moins des maisons individuelles. Cela ne veut donc pas dire qu’il y a un lien direct entre la baisse du nombre de permis et la baisse du volume d’activités pour la construction, car les projets de bâtiments à appartements sont de plus grande ampleur. Ainsi, il ressort qu’en moyenne 1,7 logement était construit par permis octroyés de construction de nouveaux bâtiments résidentiels entre 1998 et 2007 contre 2 logements en moyenne entre 2008 et 2018. On a atteint même 2,2 logements en 2017 et 2018.

    En ce qui concerne la question relative à l’impact économique des derniers chiffres des permis de bâtir en construction neuve sur le secteur de la construction, il faut rappeler l’importance aussi de la rénovation dans une région où le parc du bâti est ancien. Ainsi, la rénovation constitue également un marché important. Dans sa quatrième édition des chiffres-clés du logement en Wallonie, le Centre d’études en habitat durable de Wallonie (CEHD) montre que les permis de bâtir pour la rénovation sont plus nombreux en Wallonie ces dernières années que les permis pour nouvelles constructions. Ainsi, entre 2008 et 2018, si l’on se base sur le nombre de bâtiments faisant l’objet d’un permis de bâtir, la construction de bâtiments neufs ne représente que 43 % des permis de bâtir, contre 57 % pour la rénovation de bâtiments existants. Or, il se fait que la rénovation affiche une stabilité. En effet, le nombre de permis de bâtir pour rénovation est relativement stable depuis 2006 et est compris entre 9 013 et 9 854 unités.

    Pour prédire les évolutions en 2020 du secteur de la construction, on peut retenir l’indicateur de confiance des chefs d’entreprises qui est mesuré selon les normes Eurostat. En ce qui concerne la Wallonie, l’IWEPS dans ses Tendances économiques no 57 en Wallonie, publié le 18 octobre 2019, conclut « [D]ans son ensemble, la confiance des chefs d’entreprise wallons est demeurée à un niveau élevé l’année passée, ne fléchissant alors que légèrement en comparaison des observations relatives à la Belgique ou à d’autres pays. Ainsi, la détérioration rapide de la confiance dans le commerce s’est avérée temporaire, le repli est resté limité dans l’industrie et dans les services aux entreprises, tandis que le sentiment général demeurait bien orienté dans la construction. » (page 41) La confiance des chefs d’entreprises de la construction est en effet croissante depuis 2015 alors que l’inversion du rapport entre appartements et maisons dans la construction résidentielle se confirme depuis 2014 (voir graphique en annexe).

    L’IWEPS analyse également l’indicateur du chiffre d’affaires et conclut « Quant au secteur de la construction, malgré un léger repli d’un trimestre à l’autre depuis le début de l’année [2019], il conserve une croissance nettement positive de son chiffre d’affaires à un an d’écart. » (page 43)

    Enfin en termes de prospective, les conclusions de l’IWEPS sont prudentes sans être pessimistes (risque d’essoufflement de toute l’économie wallonne) en ce qui concerne la construction pour l’année 2020 : « Quant aux investissements des ménages, ils devraient se redresser au cours de cette année 2019, même si la hausse des permis de bâtir enregistrée en Wallonie n’atteint pas l’ampleur de celle observée en 2018 en Flandre. Le segment résidentiel entretiendrait actuellement le climat des affaires dans le secteur wallon de la construction après la dynamique appréciable des investissements publics en 2017 et 2018. Les capacités financières des ménages devraient cependant se modérer quelque peu en 2020, notamment suite au ralentissement de l’emploi, de sorte qu’une augmentation plus limitée de leurs investissements est à prévoir. » (page 43).