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La baisse du chômage en Wallonie

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 46 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 26/11/2019
    • de DURENNE Véronique
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Il y a quelques jours, le FOREm annonçait un recul du chômage en Wallonie pour le mois d’octobre. En effet, la Région comptait 204 058 chômeurs, soit 9 959 de moins sur une base annuelle (-4,7 %).

    Selon les chiffres émis, l’ensemble des classes d’âge sont en recul à un an d’écart, mais il est intéressant de souligner que c’est parmi les demandeurs d’emploi de moins de 30 ans que les diminutions sont les plus marquées : -7,2 % auprès des jeunes de moins de 25 ans et -9 % parmi les 25-30 ans.

    Ces chiffres sont bien évidemment encourageants. Toutefois, qu’en est-il des jeunes et des moins jeunes en complet décrochage du système ?

    Madame la Ministre dispose-t-elle de chiffres précis concernant les « not in education, employement or training » (NEET) en Wallonie ?

    Les dispositifs particuliers prévus dans la DPR pour les NEET ont-ils déjà pu être mis en place pour partie ?
  • Réponse du 18/12/2019 | Annexe [PDF]
    • de MORREALE Christie
    L’évolution du nombre de jeunes en décrochage dans la société peut être appréhendée via le taux de NEETS (jeunes sans-emploi et ne participant ni à l'éducation ni à la formation, calculé par Eurostat sur base d’enquêtes) parmi la population des jeunes en Wallonie.
    En 2018 (dernières données disponibles), ce taux est de 10,0 % en Wallonie contre 13,3 % à Bruxelles et 7,8 % en Flandre. La moyenne belge est de 9,2 %.
    Sur la période 2013-2018, c’est en Wallonie que le taux de NEETS diminue le plus (baisse relative de 34 %). (Voir tableau 1 en annexe)

    Par ailleurs, une autre manière de cerner les jeunes demandeurs d’emploi qui sont en décrochage est d’observer l’évolution parmi les personnes âgées de moins de 30 ans, de celles qui sont inoccupées de très longue durée (plus de 2 ans d’inoccupation) et/ou sont peu (sans certificat d’études secondaires supérieures (CESS)) ou pas diplômées.

    Au total, le nombre de demandeurs d’emploi inoccupés âgés de moins de 30 ans a diminué de 26,1 % entre 2013 (année où la demande d’emploi des jeunes a commencé à reculer) et 2018. La diminution du nombre de demandeurs d’emploi inoccupés est plus prononcée auprès des personnes âgées de moins de 25 ans (-31,4 %) que parmi celles âgées de 25 à 30 ans (-18,5 %).

    En ce qui concerne les demandeurs d’emploi inoccupés de moins de 30 ans et ne disposant pas du CESS, leur nombre a diminué de 25,4 %, ce qui est proche de la diminution totale. C’est également parmi les demandeurs d’emploi inoccupés âgés de moins de 25 ans que la diminution est la plus forte (-31,1 %).

    Le nombre de demandeurs d’emploi inoccupés de moins de 30 ans et inoccupés depuis plus de 2 ans a diminué de 16,8 %. Ici aussi c’est parmi les demandeurs d’emploi inoccupés de moins de 25 ans que le recul est le plus important (-25,3 %). (Voir tableau 2 en annexe)

    Le nombre de DEI de moins de 30 ans inoccupés depuis plus de deux ans et ne disposant pas du CESS a diminué de 15,5 % (-25,3 % pour les personnes de moins de 25 ans). L’ampleur de ce recul est moins importante que dans les autres situations visées plus haut.

    Différents facteurs (SPF Économie, données Enquêtes sur les forces de travail) - qui interagissent entre eux - expliquent cette diminution. Certains de ces facteurs sont liés aux évolutions sociétales, d’autres aux mesures fédérales, d’autres enfin sont liés à la dynamique de soutien à l’insertion des jeunes mise en œuvre en Wallonie.

    Parmi les facteurs sociétaux : le vieillissement de la population wallonne. En effet, entre 2008 et 2018, le nombre de jeunes âgés de moins de 25 ans dans la population wallonne a diminué de 1,7 % alors que le nombre de personnes âgées de 50 à 64 ans a progressé de 9,2 %.

    Le nombre de jeunes présents sur le marché du travail (à l’emploi ou en recherche d’emploi) est donc moindre en 2018 qu’en 2008.

    Ajoutons à cela que les jeunes sortent de plus en plus tard des études et donc arrivent également plus tard sur le marché du travail.

    En ce qui concerne les facteurs liés aux mesures fédérales, il convient d’évoquer l’impact des dernières modifications législatives (fins de droit, accès aux allocations d’insertion limité pour les jeunes âgés de moins de 21 ans peu ou pas qualifiés). Si les jeunes qui émargent aux CPAS sont incités à venir s’inscrire au FOREm (les jeunes âgés de moins de 21 ans et nés avant 2001 doivent s’inscrire au FOREm afin de maintenir leur droit aux allocations familiales. Ce public après son inscription au FOREm est par ailleurs pris en charge dans le cadre de l’accompagnement individualisé) - et sont donc bien comptabilisés dans les statistiques des demandeurs d’emploi inoccupés - on peut supposer que certains d’entre eux n’ont pas fait la démarche de s’adresser au CPAS et/ou de venir s’inscrire au FOREm.

    Toutefois, il est évident que des facteurs liés à la dynamique wallonne de soutien à l’insertion des jeunes contribuent à ces résultats encourageants :
    Ainsi, les jeunes sont particulièrement « sensibles » au contexte conjoncturel. S’ils sont souvent les premières « victimes » d’un ralentissement de l’activité économique (ainsi qu’observé en 2008), ils sont aussi les premiers « bénéficiaires » d’une reprise (notamment via l’intérim). Certains secteurs qui paraissent plus particulièrement porteurs d’emploi pour les jeunes (l’intérim, le commerce, l’HORECA, l’enseignement, la construction, et cetera) ont noué des partenariats sectoriels avec le FOREm et sont des usagers réguliers des services aux entreprises du FOREm pour le recrutement de leurs collaborateurs.

    Par ailleurs, les dispositifs d’aides à l’emploi pour les jeunes les moins qualifiés (sans CESS) sont des mesures particulièrement incitatives pour les employeurs qui les recrutent, dès lors qu’ils permettent d’activer une aide qui s’étale sur trois ans, d'un montant de 500 euros par mois les deux premières années et, lors de la troisième année, de 250 euros les six premiers mois et 125 euros les six derniers. Au-delà des aides « Impulsion », les jeunes peuvent également bénéficier d’autres dispositifs comme les PFI, les APE, SESAM, les premiers engagements ou les Articles 60-61.

    Le FOREm propose en outre une offre de services à destination des jeunes depuis de nombreuses années, notamment via son accompagnement individualisé, celui-ci sera revu et renforcé dans le cadre de la réforme mise en œuvre par le FOREm, telle que prévue dans la DPR. Cette réforme de l’accompagnement, orienté coaching vers l’emploi, s’inscrira dans la dynamique de la garantie « jeunes » qu’elle renforcera. Des actions sont d’ailleurs menées depuis 2015 par le FOREm et les différents acteurs de l’insertion regroupés dans un portefeuille de projets « Garantie Jeunesse ». Ces différentes actions font l’objet d’un Comité de pilotage wallon, présidé par la Ministre de l’Emploi, sur la base d’une décision du Gouvernement wallon du 2 septembre 2015.

    Le constat essentiel de ce comité est la difficulté d’identifier les NEET qui ne se sont pas inscrits auprès du service public. C’est pourquoi la collaboration entre l’enseignement et les acteurs de la Garantie « jeunes », en Région wallonne, doit encore s’intensifier, dans le cadre des « politiques croisées », afin d’éviter de « perdre » ces jeunes au sortir de l’enseignement obligatoire. 9 000 jeunes « désaffiliés » seraient concernés.

    Dans le cadre de l’analyse de l’implémentation de la Garantie jeunesse par la commission emploi (EMCO) de la Commission européenne, les conclusions du 16 octobre 2019 faisaient apparaître :

    « Dans l'ensemble, la Belgique est bien avancée dans la mise en œuvre de la garantie des jeunes, mais il reste encore des défis à relever dans certains domaines. Dans l'ensemble, la Belgique a obtenu de très bons résultats pour ce qui est d'attirer les NEET dans les systèmes régionaux de garantie pour les jeunes. Les activités de sensibilisation aux NEET vulnérables et inactifs se sont améliorées, mais des défis demeurent. La Belgique devrait poursuivre ses efforts en vue de mettre en place un système de suivi systématique NEET en coopération avec le secteur de l'éducation, et développer davantage l'offre d'une orientation individualisée, y compris pour les demandeurs d'emploi les plus vulnérables. … »

    Rappelons d’ailleurs que, en s’inspirant des expériences finlandaises et allemandes, le 1er décembre 2017, l’Agence FSE, en collaboration avec le FOREm, l’IFAPME et le CCG enseignement, a organisé une « peer review », à savoir une rencontre entre des représentants de ces pays et les acteurs de l’enseignement, de la formation et de l’insertion en Région wallonne.
    Les conclusions de cette « peer review », qui devait offrir une grille d’analyse pour la sélection des projets pour l’IEJ2 (deuxième mobilisation de fonds pour l’accroche des NEET de 2018 à 2020) sont les suivantes :
    - les prises en charge des NEET ne peuvent pas être standardisées. Il faut établir un plan d’action sur mesure, envisager le jeune dans sa singularité, établir une relation de confiance avec lui, ne pas segmenter les problèmes qu’il rencontre, mais essayer de les résoudre de concert ;
    - de ce fait, les stratégies d’accroche des publics les plus éloignés impliquent de travailler à partir de dispositifs informels, nécessitant souplesse et itération, créativité et prise de risque, échange et croisement d’informations, confiance dans des autrui significatifs, enrôlement des jeunes eux-mêmes dans le rapport à leurs pairs ;
    - l’entretien de la motivation repose sur un savant dosage entre un travail effectué en fonction du parcours du jeune, du sens qu’il place dans l’action et dans son projet, et une nécessaire guidance ;
    - le travail en réseau permet une meilleure identification des NEET, une meilleure accroche, l’entretien d’une motivation supplémentaire tant pour les acteurs de l’insertion que les NEET ;
    - l’inscription des dispositifs dans des réseaux de collaboration entre opérateurs relevant de plusieurs secteurs est plaidée, car la valeur de ces échanges est indéniable quant à la qualité de la réponse à apporter aux jeunes ;
    - les expériences, menées en Belgique et à l’international, d’organisation concrète de guichets uniques pour les jeunes, à l’échelle locale, sont à poursuivre. L’efficacité de ces partenariats ne se décrète pas : elle nécessite de développer une culture du partenariat, de réfléchir à des cohérences dans les dispositifs, à se départager des rôles, et de réfléchir à des coordinations nouvelles ;
    - il s’avère difficile de garder les établissements scolaires mobilisés sur le public des NEET, notamment en ce qui concerne les jeunes ayant décroché depuis un temps certain. Bon nombre de jeunes (voire tous si on s’en tient à la définition stricte du NEET) sont pris en charge seulement à 15 ans alors qu’ils font face à des difficultés depuis plusieurs années déjà.

    L’accompagnement adapté, comme son nom l’indique, permettra de prendre en compte la situation du jeune demandeur d’emploi et le contexte dans lequel il évolue en renforçant, dès l’inscription/la réinscription, sa prise en charge.

    C’est également dans cet esprit que le projet « Coup de Boost », mené par le FOREm et les organisations syndicales, dans le Hainaut, sera étendu aux bassins de Liège, Namur et Arlon, dès 2020. Ce dispositif associe l’animation collective et les entretiens individuels, deux modes d’accompagnement complémentaires visant à exploiter la dynamique motivante du groupe, tout en proposant un accompagnement adapté et personnalisé pour chaque jeune.