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La "communication verte" de Ryanair

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 37 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 28/11/2019
    • de CLERSY Christophe
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    Depuis quelque temps, la communication de Ryanair se concentre sur les potentielles avancées écologiques qu’elle a mises en place. La compagnie met en avant le fait que ses avions émettraient 66 grammes de CO2 par passager au kilomètre.

    Le nombre de vols proposés par Ryanair à BSCA est loin d’être négligeable et cette communication n’est pas sans impact sur les passagers fréquentant les aéroports wallons.

    Quelle analyse politique Monsieur le Ministre fait-il des affirmations « eco-friendly » de Ryanair ?

    A-t-il plus d’informations quant au mode de calcul mis en place par la compagnie ?

    Est-il en possession d’autres analyses pour ce qui concerne les autres compagnies opérant depuis les aéroports wallons ?

    L’impact carbone des compagnies constitue-t-il un point d’attention de la part de nos aéroports ?

    Quelle politique est menée en la matière ?
  • Réponse du 12/12/2019 | Annexe [PDF]
    • de CRUCKE Jean-Luc
    Je voudrais tout d’abord rappeler que la technologie fait en sorte que les appareils d’aujourd’hui sont moins énergivores et donc moins polluants, mais aussi moins bruyants qu’il y a quelques années. Au niveau des gros porteurs, c’est notamment le cas des B777 ou B747-800 qui représentent une avancée majeure dans le domaine. À cet égard, les compagnies aériennes sont très au fait de cette situation dans la mesure où une moindre pollution implique une moindre consommation et donc une économie en coût d’exploitation.

    Par ailleurs, il n’existe pas encore de technologie permettant de se passer de carburant fossile pour propulser les avions. Les recherches sont en cours, mais les constructeurs ne se sont pas encore positionnés quant à la mise sur le marché d’appareils « Zéro carbone » (en tout cas pour les gammes d’appareils qui fréquentent nos aéroports). Or, le transport par avions devra bien se poursuivre sauf à changer complètement le modèle de société dans lequel nous vivons, ce qui paraît assez peu réaliste.

    Ryanair a lancé sa nouvelle politique environnementale en mars dernier et l’a mise à jour en septembre 2019 pour l’année 2020.

    La compagnie s’engage à fixer des objectifs à partir des accomplissements réalisés à ce jour, qui comprend la lutte contre les changements climatiques, des priorités et politiques permettant de continuer à réduire les émissions de CO2 et la pollution sonore.

    Ryanair est également devenu la première compagnie aérienne d’Europe à communiquer ses statistiques d’émissions de CO2. En juin 2019, elle affichait en moyenne un taux de 66g CO2 par passager par km, dont le calcul est le suivant : voir tableau en annexe.

    Ryanair livre ainsi le taux de CO2 le plus bas par rapport à ses concurrents européens et a pour projet de le réduire en dessous de 60g par passager/km d’ici 2030.

    Aujourd’hui, Ryanair dispose d’une flotte d’avions jeunes (+/- 6 ans), avec un facteur de remplissage élevé (96 %) et une gestion efficace de sa consommation de carburant, ce qui lui permet de réduire ses émissions de CO2 en continu, sa pollution sonore et de devenir ainsi la compagnie la plus verte d’Europe.

    Les clients Ryanair peuvent également compenser le coût carbone de leurs vols en effectuant une donation optionnelle à une association caritative à la finalisation de leur réservation.
    Ryanair s’engage également à ne plus utiliser de plastiques sur ses activités dans les 5 prochaines années.

    En ce qui concerne les autres compagnies aériennes, TUY Fly Belgium a mis en place une stratégie de développement durable 2015-2020, dans laquelle elle s’engage notamment à réduire de 10 % ses émissions carbones par passager/km. Entre 2008 et 2015, TUI Fly a diminué ses émissions de CO2 de 14 % pour atteindre 71,4 g au kilomètre par passager.

    Sa stratégie vise également à long terme l’utilisation de biocarburant durable.

    En 2019, la compagnie a été de nouveau certifiée ISO140001-2015.

    Enfin, TUI Fly a contacté BSCA en janvier 2019, avec comme souhait de développer une collaboration sur tous les aspects environnementaux tels que la séparation des déchets, la pollution sonore, l'empreinte carbone et d'autres sujets pertinents pour les deux parties.

    On notera aussi que les compagnies qui se développent le plus à Liege Airport volent avec des appareils modernes (Qatar Airways avec des B777, Air Bridge Cargo avec des B747-800, et FEDEX avec des B777 ou des B737 récents).

    En matière de politique environnementale, l’Union européenne s’est dotée d’un cadre pour le climat et l’énergie, assorti à des objectifs à l’horizon 2030, notamment la réduction des émissions à gaz à effet de serre de l’Union européenne d’au moins 40 % par rapport au niveau de 1990.

    Cela devrait permettre à l’UE de prendre des mesures rentables en vue d'atteindre son objectif à long terme de réduire les émissions de 80 à 95 % d’ici à 2050, dans le cadre des réductions à réaliser collectivement par les pays développés et d'apporter une contribution équitable et ambitieuse à l'Accord de Paris.

    Pour atteindre l’objectif d'une réduction d'au moins 40 % :
    - les secteurs couverts par le système d'échange de quotas d’émissions de l'UE (SEQE) devront réduire leurs émissions de 43 % (par rapport à 2005) ;
    - les secteurs non couverts par le SEQE devront réduire leurs émissions de 30 % (par rapport à 2005). Cet objectif doit être converti en objectifs contraignants pour les différents États membres.

    Il est à noter qu’aujourd’hui, seules les émissions sur les vols intra-européens sont intégrées dans le SEQE, et ce depuis 2012. Les émissions des vols intercontinentaux devraient être intégrées à l’horizon 2024.

    Dans le cas de BSCA, a priori seules Air Belgium et TUI Fly sont imputées sur le quota belge, les autres compagnies étant de nationalité différente.

    Du côté de l’ACI Europe, un programme de certification carbone (Airport Carbon Accrediation) a été initié en 2009 pour la gestion des émissions carbone des aéroports.

    BSCA et Liège Airport se sont engagés à tendre aux objectifs fixés par l’accréditation ACA - à savoir la neutralité carbone - pour réduire à long terme son empreinte environnementale.
    Cette certification comprend quatre niveaux de certification qui consistent à :
    I. Établir un bilan CO2 - Mapping ;
    II. Réduire ses émissions de CO2 - Reduction ;
    III. Impliquer ses partenaires - Optimisation ;
    IV. D’atteindre la neutralité carbone – Neutrality.
    Ce niveau contraint les aéroports à mesurer également les émissions dont ils n’ont pas le contrôle et à établir une politique de réduction des émissions CO2 commune. Concrètement, cela signifie collaborer étroitement avec les partenaires externes, y compris les compagnies aériennes.

    En effet, une large majorité des émissions de CO2 du secteur aérien proviennent des moteurs d’avion. Les compagnies aériennes en sont bien conscientes et ont développé des initiatives en matière de développement durable, afin de réduire leur impact sur l’environnement.

    En 2010, BSCA a fait réaliser un « Carbon Footprint report » par la société Factor-X (Frédéric Chomé). Ce rapport a calculé les émissions de CO2 de BSCA et, plus largement, de l’ensemble des activités liées à l’aéroport (émissions générées par les avions et par les retombées économiques de l’aéroport).

    Les résultats du calcul pour l’année 2010 (5,2 mn PAX) démontrent que les activités dont BSCA est responsable ne génèrent qu’une fraction faible des émissions directes liées à l’activité (53 kt sur 1 060 kt, soit 5 %), l’essentiel provenant des émissions des avions eux-mêmes.

    Par ailleurs, l’aéroport de Bruxelles-Charleroi apparaît également comme étant un des aéroports ayant la flotte moyenne d’avions la plus récente.

    Des initiatives sont également prises pour réduire la consommation sur les aéroports et donc la pollution :
    - la mise en place, par Skeyes, de CDO (continuous descent operations) à l’approche des aéroports ;
    - Liege Airport va lancer, début 2020, avec la Sowaer, Skeyes et les compagnies aériennes un CEM (Collaborative Environmental Management) qui vise à étudier et mettre en œuvre, ensemble, les moyens permettant de diminuer l’empreinte environnementale des aéronefs sur l’aéroport et à proximité de celui-ci. Cela passe par des adaptations des trajectoires pour diminuer les consommations, limiter le temps passé en mouvement au sol ;
    - Liege Airport s’est inscrit dans une stratégie « Zéro Carbone » en 2030 qui implique que l’ensemble de son parc véhicule sera « zéro carbone » en 2030. Dès 2020, tout remplacement de véhicule de piste se fera, dans la mesure de ce qui est disponible sur le marché, par des véhicules électriques, hybrides ou propulsés par un carburant « vert ». Liege Airport pousse également les sociétés d’assistance en escale et les opérateurs du site à aller dans cette voie ;
    - Liege Airport s’est engagé avec John Cockerill (ex-CMI) dans le projet Hayrport visant à promouvoir l’installation d’une station de production et de distribution d’hydrogène sur le site de l’aéroport. À titre d’exemple, aux États-Unis, Fedex est en train de remplacer certains équipements de piste par des équipements à l’hydrogène. Ce n’est pas encore le cas en Europe, mais l’intérêt est présent ;
    - avec l’OTW, Liege Airport travaille aussi à la mise en place d’une navette exprès entre la gare de Liège-Guillemins et l’aéroport ainsi que le déploiement de navettes de bus sur le site de l’aéroport afin de permettre aux travailleurs des différentes entreprises du site de se rendre en transports en commun à leur travail. Ces navettes seront des navettes « vertes ».